Jusqu'au dernier
de Jérôme Félix, Paul Gastine (Dessin)

critiqué par Hervé28, le 12 novembre 2019
(Chartres - 55 ans)


La note:  étoiles
Somptueux western !
Ces deux auteurs nous avaient livrés il y a quelques années "l'héritage du diable", une série sympathique mêlant ésotérisme avec la grande Histoire, série que j'avais beaucoup apprécié.
Cette fois-ci le tandem nous revient avec un western, et quel western!
Derrière une magnifique couverture, que l'on ait opté pour le tirage de luxe ou le tirage normal, nous découvrons une histoire assez inattendue.
Outre un scénario qui n'est pas avare en surprise, et qui défie tout ce que l'on attendait d'un western classique, il faut souligner la qualité exceptionnelle du dessin de Paul Gastine. Quels progrès depuis "l'héritage du diable".
Avec des plans très cinématographiques (jetez un coup d’œil à la troisième case de la page 49), Gastine nous offre des planches somptueuses. Il est très à l'aise dans les scènes nocturnes, assez nombreuses dans cette histoire.
J'avoue avoir choisi l'édition grand format, en tirage de luxe pour admirer le dessin. J'attendais depuis plusieurs mois la sortie de cet album, après avoir découvert quelques planches sur certains sites, et mon attente a été à la hauteur de ce que j'espérais.
Car ce one shot, il faut souligner qu'il s'agit d'un one shot, est sublime.
Jérôme Félix a l'habileté de nous offrir, derrière un début de scénario somme toute assez classique, souvent traité au cinéma (le déclin des cow-boys et l'émergence du chemin de fer) une histoire d'amitié, d'engagement qui va virer au cauchemar.
J'ai déjà relu cet album deux fois tant cette histoire m'a enthousiasmé, et je vous invite à découvrir ce one shot, qui,avec "les Indes fourbes" sera à mon avis, un des meilleurs albums de cette année.
Excellente bande dessinée western !!! 9 étoiles

Les amateurs de westerns, genre littéraire et cinématographique très respectable au demeurant, savent qu’en fait la période des cow-boys – littéralement gardiens de vaches – fut très courte. Il s’agissait de l’époque où il fallait engraisser les bovins dans les grandes plaines de l’Ouest puis convoyer les troupeaux jusqu’aux abattoirs près des Grands Lacs. L’opération était longue, risquée et les cow-boys veillaient à ce que le troupeau arrive entier ou presque…

Le jour où la voie ferrée est arrivée, les propriétaires se sont rendu compte que transporter les bêtes par le train était plus efficace, plus rapide, plus sûr ! Les cow-boys n’avaient plus qu’à disparaître…

Russel est un cow-boy, justement au moment de la bascule. Il sait bien, car il n’est pas bête, que ce convoi est le dernier. Il va devoir se recycler et le choix est limité : il va devoir se mettre à cultiver, à se sédentariser… Mais il s’est attaché à un jeune homme handicapé, un peu simplet. Il doit continuer de le protéger…

Le western pointe de nouveau le bout de son nez avec deux auteurs qui proposent une histoire crépusculaire. Le cow-boy va disparaître mais on va le chanter une dernière fois dans une histoire forte et cruelle… Jérôme Félix, scénariste, trouve la force de mettre côte à côte le cow-boy fort et sûr de lui et le jeune orphelin fragile. Ils ne s’affrontent pas, ils sont liés par un attachement quasi familial…

Cette histoire singulière, un one-shot qui va rassurer les portemonnaies, est très bien dessinée par Paul Gastine qui montre là l’étendue de son talent. Certes, il n’est pas rapide pour dessiner (et dans la vie non plus il semblerait, il est arrivé en retard à notre rendez-vous à Quai des bulles) mais le résultat est d’excellente qualité !

Ce western est aussi diaboliquement moderne avec un homme handicapé mentalement, une femme institutrice qui tente d’apprendre à lire au plus cancre du village, à des cow-boys à la gâchette sensible mais qui respectent la parole donnée et des paysages à couper le souffle ! Les gros plans sur les visages sont superbes et expressifs et participent largement à la narration dans cette histoire qui tient bien la route !

Bien sûr, cette histoire nous raconte une phase importante de l’histoire des Etats-Unis et elle montre aussi les grosses difficultés de réinsertion des cow-boys. Ils étaient très libres, au grand air et à cheval… Ils vont devoir se lever tous les jours pour aller travailler la terre et ce n’est pas si simple d’accepter cette situation…

J’ai beaucoup aimé et je ne peux que recommander à tous les amateurs de westerns !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 21 novembre 2019