La fille du super-8
de Alain Berenboom

critiqué par Sahkti, le 6 juillet 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Honte d'être juif?
Ce roman est rempli de subtilité et de tendresse. Une manière pour l'auteur de nous faire prendre conscience que quand on vit à proximité permanente de quelqu'un, on pense le connaître et on est parfois surpris de découvrir une vérité qu'on ne soupçonnait pas. Alors on s'en veut, on se dit qu'il y avait eu des signes du hasard qu'on n'a pas compris ou pas saisis, on essaie de comprendre, on devient curieux, avec un profond malaise lorsqu'il s'agit de fouiller la vie d'une personne décédée : serions-nous des vautours à la recherche d'un secret lourdement gardé ?
Que dire lorsque la personne a sciemment caché une partie de sa vie, par pudeur, par honte ou par nécessité ? Cependant, il demeure toujours quelque part une légère trace, une piste qui devrait nous mener à une meilleure connaissance de celui que nous pensions côtoyer sans cadavres dans le placard.
Le crime n'est jamais parfait et Alain Berenboom le sait pertinemment.
Comment peut réagir un fils, lorsqu'il visionne des films d'amateur tournés par son père dans les années 1950, un père apparemment rangé et sans histoire, et qu'il tombe sur des scènes d'orgie et de frénésie sexuelle, mettant au centre de l'histoire d'une jeune fille (souvent la même d'ailleurs sur ces films...) entourées d'inconnus. La jeune femme plaît à Simon, il décide de la retrouver, elle lui permettra de découvrir qui était réellement son père. Car savoir qui était son père, c'est aussi affronter sa propre identité, apprendre que l'on est juif et que cela fut caché car à une époque, juif rimait avec étoile jaune et que le père n'a jamais complètement effacé la honte de ces années d'horreur.

Berenboom écrit ici un roman captivant et très bien ficelé, dans lequel chaque chapitre constitue une scène définie, découpée, convenant à une adaptation visuelle (théâtre ou cinéma), un feuilleton littéraire en quelque sorte. Avec un contenu imposant : faire face au passé, à un père connu et méconnu, apprendre à pardonner à ce dernier pour tous les mensonges véhiculés au fil des années, comprendre pourquoi la chasse aux nazis fut ensuite si importante... bref reconstruire une histoire familiale avec des personnes qui ont disparu, qui ne sont plus là pour répondre aux questions ou compléter les parties manquantes. Pas facile à vivre, très bien raconté par Alain Berenboom.
Excellente nouvelle 7 étoiles

Le père du narrateur vient de décéder. Il a laissé, entre autres, plusieurs films vidéo super 8. En les regardant, notre homme va découvrir une longue scène de … partouze. En discutant avec ceux et celles qui ont connu son père, il va découvrir un passé insoupçonné.

Catinus - Liège - 73 ans - 17 décembre 2023