West Legends 01 - Wyatt Earp
de Olivier Peru (Scénario), Giovanni Lorusso (Dessin)

critiqué par Shelton, le 19 novembre 2019
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Du très solide !
Le Western est un genre qui revient régulièrement tantôt par le cinéma, tantôt par la bande dessinée. Aux Etats-Unis, ce genre est aussi une façon de voir et revoir une histoire courte mais souvent forte avec de la violence, des émotions et de grandes interrogations… En France, le Western est l’occasion pour les auteurs de se confronter aux grands espaces, aux cultures amérindiennes, à l’aventure pure et dure !

En bande dessinée, bien sûr, le western a ses grands classiques. Quand on regarde avec attention les parutions anciennes on ne peut qu’évoquer Blueberry, le chef d’œuvre absolu de Charlier et Giraud (création en 1963 dans le magazine Pilote). Mais ne citer que cette série serait manquer de respect pour Mac Coy (1970), Comanche (1969), Durango (1981), Bouncer (2001), Lucky Luke (1946), Jerry Spring (1954), Buddy Longway (1972), Les Tuniques Bleues (1968), Chinaman (1997), Jonathan Cartland (1974)… Oui, on ne peut pas tout citer, il y a pléthore de westerns dans la bande dessinée et j’avoue que je ne m’en plains pas quand c’est de qualité !

Donc, quand les éditions Soleil ont annoncé qu’elles allaient réaliser une série d’albums consacrés chacun à une légende de la Conquête de l’Ouest, West Legends, je me suis dis que cela était à suivre. La collection était alléchante, le thème me convenait et il ne restait plus qu’à lire le premier album, Wyatt Earp’s last hunt…

Le personnage de Wyatt Earp est connu car il est à la fois présent dans l’histoire et dans la légende, dans les études sérieuses et dans les Westerns hollywoodiens, dans les mémoires humaines et dans la bande dessinée…

L’homme réel, d’abord, est né en 1848 à Mounmouth, il est mort en 1929 à Los Angeles et on sait qu’il fut chasseur de bisons, puis officier américain, puis Marshal à Dodge City puis Tombstone… Là, c’est très factuel comme sa participation à la fusillade sanglante dite de « OK Corral ».

Après, le personnage est devenu mythique et les films ont participé à cette notoriété générale même si elle est surtout grande aux Etats-Unis. Il n’en demeure pas moins que les films dont le fameux « Règlements de comptes à OK Corral » (1957) et les rencontres avec Blueberry (1995) ou Lucky Luke (1997) ont transformé abondement la réalité ce qu’un film comme «Tombstone» (1993) n’a pas réussi à contrecarrer…

Nous voilà maintenant face à cet album, Wyatt Earp’s last hunt, avec un personnage qui a vieilli et qui se lance dans une dernière chasse à l’homme pour venger son ami Lucky Cullen. On est du côté de San Francisco et plus dans l’Arizona…

En fait, durant quelques planches on a le sentiment de quitter l’Ouest des grands westerns pour une histoire plus policière dans une grande ville en formation, dans une culture en grande évolution… Puis, le personnage, certes décalé avec son temps qui évolue, nous fait revenir dans la grande aventure… La vengeance reste la vengeance et un thème de cette grande conquête de l’Ouest… L’amitié est un principe inaltérable, la fidélité à la parole donnée aussi ainsi que le fait d’être en dette vis-à-vis de quelqu’un qui vous a, un jour, sauvé la vie !

Le scénario d’Olivier Peru est très bien construit, un peu comme un hommage à un style qu’il a probablement aimé ou qu’il aime encore, quant à la narration graphique de Giovanni Lorusso je l’ai trouvée très adaptée et pas collée à un genre « Giraud » qu’il aurait voulu copier maladroitement…

Un très bon album à lire en particulier pour tous ceux qui sont restés sensibles au genre western !
REGLEMENT DE COMPTES A OK SAN FRANCISCO! 4 étoiles

L’histoire de cette BD débute fin 1890. Nous suivons l’arrivée du légendaire Wyatt EARP (1848-1929) dans la ville de San Francisco. Il vient y rejoindre son ami, Lucky Cullen, qui lui a envoyé une lettre le pressant de le rejoindre, mais sans lui donner plus de détails.

L’affaire devient beaucoup plus étrange quand il apprend par la veuve de celui-ci, la mort violente sous la torture de son ami… Immédiatement Wyatt enquête, et découvre que Cullen menait des recherches sur un tueur en série qui a probablement sévi dans trois états différents et fait huit victimes.

Cullen a sans doute été tué par l’assassin parce qu’il était proche de le démasquer. Suivant les indices laissés par son ami, Wyatt fait la connaissance de M. Hill, sinistre homme d’affaires, tenancier louche de bars et de bordels, qui soupçonne le fait que Cullen a sans doute été tué par un des hommes avec qui il jouait souvent au poker.

Il propose donc à Wiatt d'organiser une partie de poker dans un de ses saloons, avec ces mêmes trois hommes...

Avec “Wyatt Earp’s Last Hunt” les éditions “Soleil Productions” reprennent une idée déjà exploitée avec la série“Androïdes” (déjà présente par ailleurs sur CL), à savoir une suite d’albums (sont d’ailleurs déjà annoncés ici, Billy The Kid, Sitting Bull, Buffalo Bill, Butch Cassidy et Wild Bill Hickok), sur le même thème (ici le Far West), mais scénarisés et dessinés à chaque fois par des équipes complètement différentes et avec une histoire “one shot”.

L’idée d’Olivier PERU (*1977), de nous proposer une biographie en BD et surtout une aventure complètement “inédite” de Wyatt EARP à San Francisco (et qui pour une fois ne nous raconte pas OK Corral…), est certes louable, mais ne correspond en aucun cas à la réalité historique du personnage. On sait p. ex. qu’à l’époque où se déroule cette aventure, Wyatt EARP est marié à l’actrice Joséphine Sarah MARCUS et qu’ils voyageaient toujours ensemble. Alors, où est-elle passée dans cette BD?

Le scénario manquant singulièrement d’originalité, et la première partie étant très, mais très lente… J’ai frôlé l’ennui à de nombreuses reprises! C’est une simple enquête policière, et il ne se passe rien avant la page 32! Le fait que le tout se déroule en milieu urbain y est certainement pour quelque chose… L’histoire y gagne sans doute en originalité – en nous montrant un Wyatt EARP “humain” avec ses peurs et ses faiblesses -, mais y perd en crédibilité quand p. ex. on le voit jouer au “profiler”. De plus, le personnage est vraiment “interchangeable”, au lieu de Wyatt EARP cela aurait tout aussi bien pu être une aventure de Buffalo Bill (William Frederick CODY 1846-1917)…

L’italien Giovanni LORUSSO fait ce qu’il peut côté dessins, (ne vous fiez pas au superbe dessin de couverture, il est de Doug WEATLEY et Bertrand BENOIT). Le San Francisco de l’époque est très bien rendu, bien dessiné, de façon très originale. Même chose pour les intérieurs et les costumes. Les visages par contre laissent à désirer. On ne va quand même pas me faire croire que le visage de Cullen est le même Pg. 9/11 et Pg. 23/24! Le découpage est parfois original, mais par contre les scènes d’action sont très mal rendues, surtout au niveau des mouvements des personnages qui s’apparentent plus à des automobiles qu’à des humains! Le corps de Burnett p. ex. Pg. 52. est restitué n’importe comment! On a compris que le gars est “baraqué”, mais de là à le dessiner avec la musculature d’un bœuf, il y a quand même un pas! Enfin, les dessins sont imprécis, comme bâclés, p. ex. Pg 10, la carte des États-Unis d’Amérique est représentée n’importe comment!

La colorisation de l’indien Nanjan JAMBERI (*1981), est trop dense, trop vive, trop forte et trop éloignée de ce que l’on voit d’habitude pour apporter une véritable ambiance “Western” à l’album. J’aurais plutôt réservé ces couleurs-là à des comics de super-héros ou alors à un récit de SF se déroulant dans l’espace…

Je finis donc ce premier album de la série sur un avis plus que mitigé! C’est loin, très loin de l’idée que je me fais d’un bonne BD estampillée “Western”, et donc pas vraiment ma tasse de thé… Mais qui sait peut-être que cette série rencontrera son public?

Septularisen - - - ans - 25 juillet 2020