Vidocq 03 - Le Cadavre des illuminati
de Richard D. Nolane (Scénario), Sinisa Banovic (Dessin)

critiqué par Shelton, le 3 décembre 2019
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Vidocq est de retour...
J’ai toujours dit dans mes conférences sur le roman policier que le grand ancêtre du genre est bien l’ouvrage de Vidocq, Mémoires. Il faut dire que la vie d’Eugène-François Vidocq est un véritable roman. Délinquant, condamné, bagnard, évadé, indicateur, policier, chef de la Sûreté, détective privé, chef d’agence de renseignements… Bref, un personnage haut en couleurs qui fait rêver depuis longtemps…

D’ailleurs, le personnage est si romanesque qu’on le retrouve dans la littérature, au cinéma, à la télévision, en jeu vidéo et en bande dessinée ! Pour ce dernier art narratif, une version est cours avec Richard Nolane au scénario et Sinisa Banovic au dessin. Le tome 3 vient de sortir et il est donc grand temps d’en parler un peu…

Vidocq est né en 1775, mais dans la série BD on la retrouve en fait en 1813 quand Vidocq est déjà dans la police, dans un service quelque peu mystérieux mais bien efficace. L’Empire est en grande difficultés, Napoléon est en danger et Vidocq sait ce qu’il faut faire pour s’attirer les grâces du pouvoir, se rendre indispensable, assurer son avenir…

J’ai dévoré les trois premiers tomes de cette série avec beaucoup de plaisir et j’ai retrouvé là non pas un Vidocq fantasmé et romantique comme il pouvait l’être dans la série TV Les nouvelles aventures de Vidocq avec Claude Brasseur dans le rôle titre, mais un Vidocq proche de celui des mémoires, le véritable ancêtre de la police moderne…

Le premier album commence plus par une enquête policière classique que par du Vidocq pur jus, mais très vite on voit le système se mettre en place. On peut regretter que la série commence quand Vidocq a déjà un pied dans l’institution policière mais, heureusement, le passé de Vidocq sera évoqué de nombreuses fois avec moult détails !

Dans le troisième album, Javert l’ennemi implacable de Vidocq, pourtant un policier de qualité lui aussi, est envoyé prendre l’air en province tandis que Napoléon a laissé la place à Louis-Philippe… Oui, avec les aventures de Vidocq on voyage dans le temps et à travers les régimes politiques… Cela fait partie aussi des plaisirs de cette série !

Quant à la narration graphique de Sinisa Banovic, très classique, elle est totalement adaptée et elle évolue merveilleusement au fil des albums pour arriver dans le troisième à une maturité graphique exceptionnelle. Je trouve que dans cette histoire, il se révèle un grand de la bande dessinée des Balkans. Il est Serbe, il vit en Serbie et il appartient à ces dessinateurs qui viennent de plus en plus travailler avec les maisons d’éditions françaises. Je ne sais pas si c’est toujours une bonne chose quand on sait combien il est difficile de vivre de son art en bédé, mais, en l’occurrence, je suis très heureux qu’il ait aussi bien pris en main cette vision de Vidocq proposée par le scénariste Richard Nolane. Ce dernier se fait visiblement plaisir avec Vidocq et ce n’est pas sans rappeler sa série Harry Dickson, une série que je trouvais jubilatoire…

Je ne peux donc que vous inviter à partir pour le début du dix-neuvième siècle en compagnie de Vidocq, une série que j’ai beaucoup appréciée et dont je vais attendre la suite avec impatience, une suite qui devrait poser quelques difficultés à Vidocq, son ennemi Javert remontant à Paris pour se venger…