La vengeance de Kate Lundy
de Louis L'Amour, Georgeta Pusztai (Dessin)

critiqué par Fanou03, le 5 décembre 2019
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Des barbelés sur la prairie
Le souvenir de ce bouquin-là était enfoui, comme beaucoup d’autres, au fin fond de ma mémoire. Et puis il m’est réapparu d’un coup grâce à Mika Biermann qui l’évoque, en un bien curieux exergue, dans Booming, son étrange roman western fantastique un peu foutraque, comme un hommage peut-être (?) aux romans populaires. En effet Louis L’Amour, le chantre du récit américain d’aventure de toute une époque, a commis ici un western de pur divertissement. Il se montre dans ce récit vraiment comme un raconteur d’histoire au sens noble du terme. Tout en respectant les codes du genre il sait par touches discrètes lui donner une certaine personnalité et surtout construire une dramaturgie qui tient le lecteur en haleine.

Les histoires de vengeances ont toujours un goût amer, c’est bien le cas dans La Vengeance de Kate Lundy. Kate Lundy c’est la patronne du Tumbling B, un ranch important, quelque part au Texas, dans les années 1870. Elle fait halte dans une localité avec son troupeau de milliers de bêtes et ses fidèles cow-boys, afin de les vendre à un négociant. Mais tout ne se passe pas comme prévu, car les habitants n’aiment pas les texans. Dans cette ambiance tendue, Tom, le jeune frère de Kate, est abattu sans pitié pour avoir voulu conter fleurette à la fille d’un des plus puissants notables de la localité, Aaron McDonald. Kate va mettre sur place un plan machiavélique pour venger son frère, aidée en cela de Conn Dury, fine gâchette et rugueux bonhomme, secrètement amoureux de la belle et farouche Kate.

Vous le devinez, comme je le disais, tout y est pour l’amateur de western : la petite ville poussiéreuse de l’Ouest, le saloon, le magasin général, les cow-boys crasseux au passé trouble, portés sur la boisson et le colt, le shérif intègre, le riche notable exécrable et hautain… Mais il y a aussi la figure de Kate Lundy, à la tête d’un ranch, respectée de ses hommes, des durs à cuire pourtant. Le récit de Conn Dury, le narrateur, qui va lui-même devoir régler une vengeance issue de sa propre vie, vient mettre en valeur le courage de Kate, fière pionnière de l’Ouest. Elle va réussir à transfigurer son chagrin en montant un plan de vengeance inattendu...

C’est là où se déploie tout le talent narratif de Louis L’Amour : malgré quelques invraisemblances, toutes les pièces de son récit s’emboîtent parfaitement, rythmé par les retours en arrière de Conn Dury qui nous permet de connaître son passé et celui de Kate Lundy. Les questions autour des haines issues de la récente Guerre Civile, entre les hommes de l’Est et de l’Ouest, ainsi que les questions économiques autour du bétail sont également soulevées dans le roman. L’écriture est sans fioriture, efficace, tout en laissant place aux sentiments. Un bel et beau western ma foi, et je comprends bien pourquoi, des années plus tard, il m’avait autant marqué.