Blues pour trois tombes et un fantôme
de Philippe Marczewski

critiqué par Catinus, le 8 décembre 2019
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Encore un récit liégeois incontournable
Comment cerner cette narration ? N’étant pas intello pour un sou (contrairement à son auteur), le plus simple est de le tronçonner (pas le monsieur en question mais son bouquin).

1 . « Calypso, remâche ton étreinte » :
Y a-t-il une ressemblance entre la ville de Sheffield (Angleterre) et Liège ?
Oui / non.
Après la lecture du chapitre, biffez la mention inutile.
Voyage de la rue des Martyrs (Flémalle) jusqu’à Oupeye, Herstal en passant par les mineurs polonais, italiens.

2. « Du sud au nord, une ornière »
Les Liégeois sont les Latins les plus au nord du continent, des super-Latins des hyper-Latin des Latins d’élevage. Voyage vers Tilleur, Seraing, Flémalle (avec une halte à la mémoire d’André Cools), Chockier et en-deçà …

3. « Blues pour trois tombes et un fantôme » :
Concert de Chet Baker, Jacques Pelzer, René Urtregen. Passage au Lion s’envoile, au Cirque Divers. Dans la pharmacie de Jacques Pelzer au Thier à Liège. Et puis encore : René Thomas, Bobby Jaspar, Chet Baker again…

4. « Chambre noire avec vue » :
Le photographe liégeois Goldo. Angleur, Nagelmackers, la Vieille Montagne et Cuivre Zinc.

5. « Retour au Bois de Cochons » :
Le Bois des cochons ou des pourceaux, du côté de Jemeppe. Un lieu féérique maintenant couvert d’immeubles à habitation.

6 . « Sur le dos de Kukulcàn :
Promenade. Du Laveu, à St-Laurent, Thier de la Fontaine, Rue des Bégards, boulevard de la Sauvenière, place St-Christophe, Rue de la Montagne, Mont St-Martin, Ste-Marguerite, Fontainebleau, rue des Anglais, St-Servais, Volière, Pierreuse, Péry, Les Terrasses, Montagne de Bueren, Citadelle, bois Fabry, bois des Carmélites, place St-Léonard + Eugène Savistkaya et Jacques Izoard.
Note : les trois tombes sont les trois jazzmen : Jacques Pelzer, René Thomas, Bobby Jaspar. Le fantôme ; les escaliers de Liège ou Liège elle-même appartenant pour toujours ( ?) au passé.

7. « Liège et la Meuse et tout » :
De très belles pages sur la Meuse et ses quais. Avec, en prime, une recette des boulets liégeois de l’auteur ( pp. 167-169) ( ça a l’air d’être bon ).

8. « Même la forêt rouille »
Retour à Angleur, au quartier de Rénory, à la terrible bataille d’août 1914, aux industriels mangeurs d’êtres humains.

9 « Encore un dernier aux Bons Buveurs »
La tournée des bistrots : le Kamikaze à St-Nicolas, le Century, les Bons Buveurs tout près de l’hôpital l’Espérance. Les charbonnages de St-Nicolas nourris par des Polonais, des Italiens, des Siciliens, des Belges.

10 « Replay/ Remake » :
Liège comme le jazz est impertinence. Liège se disperse en tous sens, se rejoue sans cesse comme si rien ne précède.
Oufti ! Là c’est du lourd ! , comme dirait Fabrice Luchini quand il parle, par exemple de La Fontaine ou de Céline.
Ce bouquin fera date dans la littérature liégeoise, là ça ne fait pas un pli.

Extraits :

- ( sur les hauteurs de la Citadelle) D’ici la vue sur la ville est entière (…) On voit si loin qu’on peut voir la mer, en se penchant un peu vers le nord.

- Il paraît que la Meuse est le plus vieux fleuve du monde, elle sera toujours là quand les humains ne seront plus de ce monde, elle sera toujours là quand les humains ne seront plus qu’un mauvais souvenir.

- Qui voudrait redevenir cet adolescent maladroit, à la peau grasse et aux lèvres crevassées qui, éconduit, tente encore : Oui mais, tu sais, je suis super sympa, en vrai !

- Se rappeler que Liège était une ville de curetons, moines et nonnes à tous les étages, la capitale d’un état religieux, truffée de clochers et de cloîtres, où l’Europe soumise à Dieu accourait pour étudier. ( …) Liège est sans égal ! Le jour où il prend à leur Jésus l’envie de revenir sur terre, je lui conseille de se loger ici, il y a toujours pas mal de résidences, même si les sacristies désormais sentent un peu l’urine et la vieille tartine de pain de mie.
un liégeois écrit aux liégeois 6 étoiles

"Blues pour trois tombes et un fantôme" de Philippe Marczewski (229p)
Ed. Inculte

Bonjour les fous de lectures ...
Voici un recueil de courtes nouvelles qui ciblera essentiellement ( exclusivement? ) les lecteurs liégeois.
Monsieur Marczewski est un liégeois qui écrit ... sur Liège et sa périphérie !
Il est toujours agréable de lire un livre dont l'action se passe dans un lieu connu.
J'ai aimé certaines nouvelles, d'autre n'ont pas réussi à me captiver et ont été lues en diagonales.
Est-ce dû à l'écriture complexe de l'auteur?
En effet , celui-ci ne fait pas dans la simplicité et certaines phrases à rallonge et alambiquées m'ont fait perdre pied.
Pourquoi tant de méandres dans l'écriture?
Quoi qu'il en soit, certains récits m'ont emplie de nostalgie, moi qui maintenant suis loin de la ville.
De là à me convaincre que ce livre passionnera un large public, c'est autre chose.
Il touchera au moins les liégeois, c'est déjà cela de pris.
Après tout Liège est une ville qui peut ressembler à beaucoup d'autres, il suffit de se projeter.
L'auteur aurait dû lire ses textes sur scène avant la pandémie , cela aurait pu être une belle expérience et peut-être l'abord aurait-il été plus facile.
Espérons un report de date.

Faby de Caparica - - 62 ans - 14 septembre 2020