Singe toi-même
de Alain Prochiantz

critiqué par Colen8, le 24 décembre 2019
( - 83 ans)


La note:  étoiles
To be AND not to be …
L’écart qualitatif est proprement colossal si l’on compare l’esprit de sapiens à celui des chimpanzés et bonobos génétiquement les plus proches de nous. Malgré seulement 1,23% de différence des génomes respectifs les plus de sapiens tiennent pour partie à environ 3 millions de mutations génétiques. Une partie de celles-ci agissant sur le développement cérébral explique son retard de développement à la naissance accentué par une longue phase d’apprentissage avant d’arriver à l’âge adulte. Des phénomènes de méthylation ont pu accélérer ou inhiber des mutations soudaines en agissant en cascade et en boucle sur la motricité, la morphologie, le volume cérébral ainsi que sur la genèse du langage articulé.
Sapiens se serait ainsi procuré la primeur d’une évolution culturelle cumulée au fil des générations lui faisant prendre le pas sur la seule sélection naturelle observée dans les autres espèces animales. Un cerveau nettement plus volumineux et le rétrécissement du bassin des femelles comme conséquence de la bipédie ont donc avancé les accouchements, créant les conditions de la néoténie. Tels sont supposés quelques-uns des facteurs qui ont multiplié les relations sociales pour assurer la survie de l’espèce humaine rendue plus fragile que les autres.
D’où viennent ces capacités cognitives si riches et si singulières, apanage exclusif de sapiens qui le mettent sans hésitation à part du monde animal ? C’est ce qui ressort de la pioche synthétisée ici par Alain Prochiantz dans les publications récentes et des recherches de son propre laboratoire, qui mettent en œuvre principalement la neurobiologie, l’embryologie, la biologie moléculaire, la génétique, la paléoanthropologie. Le sujet est si vaste que même la très grande simplification proposée reste extrêmement touffue et pour tout dire indigeste à la lecture.
Pour l’anecdote, l’âge de sapiens serait estimé maintenant à 300 000 ans pour une population limitée à 10 000 individus montrant en l’occurrence la faible diversité phylogénétique de l’espèce humaine. La vague immigrée de sapiens sortant à nouveau du berceau africain aurait eu le temps d’un métissage léger avec les néandertaliens en Europe, avec les dénisoviens plus à l’est avant la disparition de ces deux dernières branches issues d’homo erectus.