Les Thibault, tome 1 : Le cahier gris - Le pénitencier - La belle saison
de Roger Martin du Gard

critiqué par Jules, le 28 février 2001
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Un très long mais bon roman
Même si Roger Martin du Gard est peut-être un peu passé de mode, il n'empêche que son livre « les Thibault » est un très grand roman et aussi son chef-d’oeuvre.
Il compte cinq volumes dans la collection « Folio & Gallimard », ce qui n’est pas rien !
L’histoire est assez simple. Monsieur Thibault est seul pour élever ses deux enfants. Son fils aîné, Antoine, est déjà médecin quand son plus jeune, Jacques, est encore au collège et vient de faire une fugue. Il faut dire que Jacques est aussi difficile qu'intelligent et ne subit pas passivement l'éducation paternelle ni celle du collège.
Jacques a un ami, Daniel, qui partage la plupart de ses folies. Vous imaginez bien que beaucoup d’autres personnages vont intervenir dans cette histoire, qu'ils auront beaucoup, ou moins, d’importance, mais que ce n’est pas ici que je dois vous faire un résumé du contenu de cinq volumes…
Il est par contre important que vous sachiez que ce livre vous donnera un portrait de la grande bourgeoisie au début du vingtième siècle en France. En effet, le père Thibault est président d'associations diverses touchant à la morale et à la défense du catholicisme. Il est Chevalier de la Légion d'Honneur et ancien député.
Cette grande bourgeoisie française est décrite comme très particulièrement préoccupée par les honneurs, les titres, les présidences diverses, les grandes écoles et est d’un moralisme étroit et des plus conventionnel. Pour preuve, Monsieur Thibault s’offusque profondément du fait que l’ami de son fils soit huguenot, qu’il lise Rousseau et « cette horreur » d’Emile Zola !. Zola !...Un homme qui décrit surtout le petit peuple et la fange, qui a été jusqu'à défendre un Juif et un espion au risque de souiller l'Armée et la Justice de son pays !...
Le père ira jusqu'à payer pour pouvoir modifier son nom en ajoutant « Oscar » à Thibault, trouvant que cela fait si bien pour son médecin de fils de s’appeler Oscar-Thibault plutôt que Thibault tout court !… Martin du Gard nous montrera aussi ce qu’est l’ouverture d’esprit du clergé français de cette époque.
Avec Jacques Thibault, le père sera secoué !… Son fils lui donnera la satisfaction d’être reçu troisième à Normale, mais pour le reste… Jacques est aussi intelligent qu’Antoine, mais beaucoup moins conventionnel. Lui, ce ne sont pas les honneurs qui le préoccupent, mais les inégalités sociales. Il fréquentera pendant des années, en Suisse, en Allemagne et en Italie les milieux socialistes, pacifistes, même communistes et anarchistes. C'est un révolté et il se battra jusqu’au bout pour tenter d’éviter le déclenchement de la guerre 14. Jaurès passe dans ce roman, comme le font Lénine et d'autres grands révolutionnaires.
Il y a également un monde féminin dans cette histoire, en la présence de la « huguenote » mère de Daniel, la soeur de Daniel et bien d’autres. Antoine rencontrera quelqu'un, comme Jacques, plus tard.
En bref, ce roman est certes très long, mais il passionne et est très intéressant.
Saga romanesque 8 étoiles

La période de confinement m’a poussé à aborder un des monuments de la littérature française, comme ici, les trois premiers tomes de la saga des Thibault, œuvre maîtresse de Romain Martin du Gard, prix Nobel de littérature en 1937.

Et c’est sans doute le style et la construction de cette histoire interminable qui fait largement songer à du Tolstoï ou du Dostoïevski, mais aussi c’est aussi le ton quelque peu provocateur pour l’époque. On y remet en cause cette société française de la fin du XIXème et du début du XXème, soit militariste, bourgeoise, antisémite et conservatrice.

Les personnages s’affrontent dans un récit mettant en scène le veuf et père Oscar Thibault, ses deux fils, Antoine et Jacques, mais aussi la famille protestante de Fontanin, soit Thérèse, la mère, Daniel, ami de Jacques et sa sœur Jenny, sans oublier le père volage, Jérôme de Fontanin.
On se situe au début du 20ème siècle, peu avant la première guerre mondiale, même si les références historiques sont pratiquement absentes.

Les trois premiers tomes de la saga des Thibault qui forment un tout, évoquent dans le premier livre « Le carnet gris » une fugue des adolescents Jacques et Daniel dans le sud de la France. On croit presque percevoir des propos homosexuels dans le chef des garçons, mais l’auteur n’en fait pas ouvertement état.
Le deuxième tome « Le pénitencier », un peu plus long, évoque la sanction infligée à Jacques, reclus dans un pensionnat prison et ensuite libéré grâce à son frère qui négocie cette sortie avec son père. On y développe le sens de l’autorité d’un père conservateur et l’esprit patriarcal de cette époque.

Finalement, plus abouti, plus prenant et largement le plus long des trois volumes « La belle saison » dans lequel l’auteur développe les relations entre ces personnages au cours d’un été. On y voit apparaître un nouveau personnage, en la personne de la flamboyante Rachel qui devient l’amante d’Antoine.

Une œuvre qui sera utile à enrichir votre culture générale et vous donner une idée d’une certaines société de l’époque. L’écriture reste assez lisible, et donc moins ardue que je ne l’appréhendais, même s’il faut de temps à autre s’accrocher pour garder le fil du récit.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 20 avril 2020


Chef d'oeuvre 9 étoiles

C'est une oeuvre romanesque de très grande ampleur, puisqu'elle fait trois volumes en Folio (épais volumes, écrits serrés). Une oeuvre consacrée à une famille, la famille Thibault : le père (veuf) et ses deux enfants. Nous sommes dans la haute bourgeoisie catholique, à Paris, au début du vingtième siècle. Ce premier volume est surtout consacré au frère aîné, Antoine, un jeune médecin brillant et ambitieux, fier d'être un Thibault et qui sait exactement ce qu'il veut. Il est beaucoup plus conventionnel que son frère Jacques, dix ans plus jeune, tout aussi intelligent, qui vit tout de manière très intense mais qui se sent enfermé dans un milieu trop conventionnel. Le père, trop hautain est incapable de communiquer avec ses fils. Il parait parfois un peu ridicule. Mais il sait aussi être attachant.

C'est vraiment remarquable comment l'auteur parvient à faire vivre ces Thibault dans notre esprit et à nous rendre leur destin passionnant, que ce soit leurs idées ou leurs amours. Et puis au-delà de ces deux frères c'est tout un monde qu'on découvre. Bref, je ne peux que répéter ce qui as été dit par les autres critiqueurs : cette histoire se lit d'une traite. Je n'ai lu que le premier tome mais je compte bien lire les deux autres.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 10 janvier 2016


Très bon livre 8 étoiles

Je me suis pour l'instant arrêtée à "La belle saison" et ces trois premières parties m'ont beaucoup plu. On entre dans une famille bourgeoise du début du XXè siècle. A cette époque, la France est dans une espèce de transition entre deux époques et cela se ressent à travers les deux générations présentes dans le premier tome. En effet, d'une part, le clergé à l'esprit très fermé, ainsi le le père, également très peu ouvert d'esprit, et d'autre part les deux fils, beaucoup plus modernes. Certes, Antoine, l'aîné, est moins "rebelle" que son jeune frère, mais il est très ouvert d'esprit et finalement très moderne.
Ce premier tome m'a beaucoup plu, m'a permis de comprendre un peu mieux cette époque que je connais assez mal.

PA57 - - 41 ans - 7 juillet 2012


Une vue admirable de l'état d'esprit à la veille de la 1ère guerre mondiale 9 étoiles

Je viens de terminer cet énorme pavé de 3 tomes de 800 pages chacun.

J'ai eu du mal à voir où l'auteur voulait en venir au début du 1er tome dans Le cahier gris et le Pénitencier et puis après on ne lâche plus le livre.

Ce qui m'a le plus intéressé c'est la chronique au jour le jour du déclenchement de la guerre de 14.
On se prend à croire que Jaurès ne va pas être assassiné, qu'il va pouvoir arrêter les appels à la tuerie, que les pays vont se rendre compte que la guerre ne peut mener qu'au chaos et à l'horreur, etc ...
Et puis non, Jaurès est bien tué, et cette horreur va se dérouler.

Martin du Gard est un maître dans l'art de mélanger les vies privées avec l'histoire sans jamais tomber dans la bouillie.
Quelle maestria dans l'écriture, simple, précis sans fioritures.
On comprend pourquoi l'auteur a eu le prix Nobel.

Bobo - - 65 ans - 17 février 2012


Un chef d'oeuvre du XXème 10 étoiles

En effet, cette oeuvre peut être décourageante par sa taille mais c'est le seul reproche que l'on puisse lui faire.
C'est un classique remarquablement bien écrit avec des mots simples mais choisis avec un soin inégalable. Tous les aspects y sont abordés : l'amour homme-femme, frères, père-fils, l'amitié, l'honneur, le patriotisme, l'engagement politique, la jalousie, le travail, l'éducation et j'en oublie certainement. Pour moi, c'est un roman complet, absolument remarquable.

Patsy80 - - 49 ans - 21 août 2009


Trop long 8 étoiles

L'histoire est intéressante et très belle mais un peu longue. Roger Martin du Gard nous fait vivre les moeurs d'une famille bourgeoise à travers une vaste chronique historique couvrant la période 1905-1918.
Les personnages n'osent pas se monter leurs sentiments. Jacques, le jeune fils, se rebelle, se fâche avec son père, s'oppose à son frère.... A travers le destin de cette famille nous assistons au début et au déroulement de la 1ère guerre mondiale.

Chrisair - Yvelines - 47 ans - 10 février 2007


très bon livre 10 étoiles

Un très bon livre, belle histoire, simple, riche, palpitante.
Les personnages nous fascinent, nous énervent, bref ne nous laissent pas indifférent.
Notamment le personnage du plus jeune fils, Jacques, son destin, sa vie, ses idées.... parfaitement différent du milieu dans lequel il vit et si semblable à la fois.
Dommage que l'adaptation faite ne soit pas autant à la hauteur en omettant certaines scènes importantes du livre, certains aspects nécessaires à la compréhension des personnages.....

A lire d'une traite......

Belkis - - 39 ans - 28 décembre 2004