Espérer au milieu de la violence

Pendant toute la lecture de cet ouvrage, j’ai ressenti la présence de l’ombre de Ken Saro Wiwa, écrivain militant pendu en 1995 sous la dictature de Sani Abacha. C’est que la fiction ressemble beaucoup à la réalité.

Lomba est un jeune journaliste qui a couvert une manifestation pour son journal. Arrêté et emprisonné depuis deux ans, il réussit à se procurer du papier et de quoi écrire, il commence à prendre des notes et rédige des poèmes, un journal intime et de la correspondance qui ne sera jamais envoyée. Ses écrits sont découverts, confisqués, Lomba est envoyé en isolement. Isolement brutal et violent. Mais le directeur de la prison a un cœur tendre épris d’amour pour une jeune institutrice. Il demande à Lomba de rédiger des poésies à sa place. Il accepte (avait-il autre choix ?!) et s’inspire, de manière à peine voilée, des textes les plus célèbres. Janice, l’institutrice, s’en rend compte mais ne révèle rien de la supercherie. Au contraire, elle décide d’aider Lomba. Malheureusement, Lomba est prisonnier politique, on ne peut rien pour lui, surtout dans le climat actuel, un coup d’Etat vient de se produire, la répression est sanglante.

Ce récit est empreint d’une force étonnante. Pas uniquement à cause de la violence du régime nigérian ou des difficultés de vivre au pays (à Lagos plus particulièrement), mais aussi dans l’espoir placé dans les âmes des personnages, dans cet amour qu’ils portent à la vie. Les protagonistes sont présentés sans artifices, avec leurs faiblesses et leurs illusions. C’est un bel hommage rendu à une population sous contrôle, torturée, bafouée, réduite à la misère par un régime sanguinaire. Une population qui continue de croire et d’espérer.

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  En attendant un ange [Texte imprimé], roman Helon Habila trad. de l'anglais (Nigéria) par Élise Argaud

  de Habila, Helon Argaud, Élise (Traducteur)
  Actes Sud / Afriques (Arles).
  ISBN : 9782742747986 ; 23,30 € ; 08/04/2004 ; 300 p. ; Broché

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