Être sans destin
de Imre Kertész

critiqué par Marionb, le 22 juillet 2004
(REIMS - 37 ans)


La note:  étoiles
Un prix Nobel amplement mérité
La guerre, le départ d'un proche dans un camp de travail mais surtout les camps de concentration et d'extermination vus par les yeux d'un adolescent juif qui avait été jusqu'à présent épargné par les horreurs de la vie et qui a bien failli ne pas survivre à cette terrible épreuve. Il nous fait partager ses angoisses et ses sentiments face à l'inadmissible. Son histoire et le regard qu'il porte dessus est bien plus touchante que n'importe quel cours d'histoire où on évoque un peuple et peut être placée au même niveau en terme de qualité que "Si c'est un homme" de Primo Levi ou le film"La liste de Schindler".
Imre Kertész a d'ailleurs reçu et à très juste titre le prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son oeuvre.
Singulier et déroutant. 9 étoiles

Pour qui a lu Lévi ("Si c'est un homme"), le présent ouvrage offre une vision tout à fait décalée et non conventionnelle d'une réalité similaire. De ce regard singulier porté par un adolescent candide projeté dans une succession de situations pour lui peu intelligibles, de cette restitution au pas à pas que Kertész parvient à recréer, avec brio, en faisant totalement abstraction de la connaissance historique des faits que nous détenons désormais, naît toute l'originalité du roman et sa force impactante sur le lecteur.
En même temps, certains aspects déroutants voire a priori ambigus ne sont pas sans poser question sur le projet de l'auteur.

J'ai parlé de "roman" et pourtant, de prime abord, cette caractérisation m'a plutôt déconcertée. J'avoue en effet avoir abordé ce texte, à l'instar de certains ici avant moi, au premier degré, comme le témoignage d'un Kertész tentant de restituer son expérience d'adolescent déporté à quatorze ans. Vu sous cet angle, on est d'abord bluffé par ce qui nous apparaît comme une incroyable capacité mémorielle à faire revivre ce décalage entre le caractère dramatique des faits et situations et la perception relativement détachée et faussée du garçon, tour à tour ennuyé et amusé (tout au moins au début) voir intégrant parfois (et c'est ce qui génère un certain malaise) la vision allemande; ce d'autant que la rédaction du livre n'aurait été entamée que quinze ans après. Se pose alors la question d'une distorsion par rapport à la réalité en même temps que celle de la raison d'une distanciation voulue par l'auteur qui confie la narration à Köves György, alter ego fictif.
Plus encore, au fur et à mesure de la lecture, le ton du récit interroge tout autant que l'écriture: des formulations souvent lourdes et maladroites, usant et abusant de l'adverbe, génératrices d'un certain agacement ( tout au moins chez moi, mais il est à noter qu'elles avaient justifié le rejet par le premier éditeur sollicité), dont on se dit toutefois qu'elles ont été voulues par un auteur soucieux de trouver une expression en adéquation avec l'âge du narrateur. Mais cela ne suffit pas; cette accumulation de "effectivement", "indéniablement" et surtout "naturellement" a évidemment un sens.

Il est clair que là où le récit de Lévi se voulait témoignage, la démarche de Kertész relève d'une intention beaucoup plus complexe. D'"Etre sans destin" il dira: "Je n'ai pas voulu écrire un livre d'historien mais une œuvre littéraire". On comprend mieux le choix d'un narrateur médiateur entre réalité et fiction. Mais il semble que cela aille bien au-delà, que l'écrivain ait opté pour prêter à ce narrateur une vision plus accentuée de sa propre perception, une orientation qui converge avec le type de formulations relevé précédemment pour mettre en avant à la fois l'acceptation du système (pas seulement chez l'ado d'ailleurs) et une forme d'ironie et de cynisme vis à vis de sa logique interne.
En outre, n'oublions pas que la rédaction du livre s'est étalée sur près de quinze ans (entre 1960 et 1975 environ) dans le contexte d'un autre totalitarisme. Une remarque de l'auteur (émise lors d'interview) semble accréditer le fait qu'il ait voulu, d'une certaine manière, prendre du champ avec la relation de sa propre expérience et illustrer par une création littéraire un peu décalée, un processus d'infantilisation des individus propre à tout totalitarisme: " Ce n'est pas parce que j'étais un enfant que le narrateur en est un. Il est un enfant parce que l'infantilisation est caractéristique de toute dictature. Et si c'est un enfant qui parle, c'est plus authentique que si c'était un adulte s'exprimant comme un enfant, ayant été abaissé à penser comme tel."

Une porte d'entrée incontournable à l'œuvre de Kertész inspirée de l'expérience fondatrice de l'homme et de l'œuvre.

Myrco - village de l'Orne - 75 ans - 8 décembre 2016


Bouleversant et plus encore. 10 étoiles

...Ils étaient d'apparence des gens pourtant si ordinaires...

Et tel un Candide, adolescent naïf, avec tant d'autres enfermés dans ces wagons, sans eau, ils arrivèrent à Auschwitz-Birkenau "au lever du soleil. C'était beau..."..."ce que j'ai vu de cette brève marche m'a beaucoup plu. En particulier, je fus ravi de voir un terrain de football dans la grande clairière..."...et, puis...

"cette cheminée, là, en face, n'était en réalité pas la cheminée d'une tannerie mais celle d'un "crématorium", c'est-à-dire d'un four à incinération.... Je peux le dire, à part un certain respect, et puis l'odeur, naturellement, dans laquelle nous étions englués comme dans une espèce de bouillie épaisse, de marécage...".

Témoignage plus que bouleversant, traumatisant humainement.

Provisette1 - - 12 ans - 18 juin 2014


Candide à Auschwitz 8 étoiles

Les totalitarismes et le génocide restent pour moi un sujet d’interrogation qu’aucune lecture ou aucune analyse n’arrive à dissiper complètement.
Ce livre d’Imre Kertesz apporte une vue complètement nouvelle sur les camps de concentration, par rapport à Elie Wisel ou Primo Levi. Le fond et les événements restent les mêmes, mais le regard est celui de Candide.

Dans la première partie (la montée des vexations, l’arrestation, le voyage en train) ce regard distant et naïf reflète l’incrédulité et la volonté des victimes de croire que « c’était sans doute une erreur », que ça va s’arranger, puis que « ça aurait pu être pire ». Le souci de chacun de rassurer ses voisins, de se montrer coopératif et de montrer sa bonne volonté pour que les choses se passent bien est d’autant plus poignant que le lecteur connaît le destin qui les attend.
Kertesz garde le même mode d’expression pour raconter les humiliations, les brutalités, la déchéance sans y mettre de pathos ou de lyrisme. Pudeur sans doute qui est sa façon à lui de parler de l’horreur (notamment en qualifiant les premiers mois dans le camp « d’âge d’or » puis en disant « mon dieu, que j'aimerais vivre encore dans ce beau camp de concentration ») mais aussi manière de faire comprendre que le détachement était une façon de survivre en faisant abstraction de la souffrance et que « il n’y a aucune absurdité qu’on ne puisse vivre tout naturellement ».
Les hasards bureaucratiques des camps d’extermination vont l’envoyer au service médical (alors que tant d’autres meurent d’épuisement, de violence ou des gaz) et lui permettre de survivre jusqu’à la libération de Buchenwald. Redevenu libre c’est à dire sans destin puisque « s’il y a un destin alors la liberté n’est pas possible » il retrouve Budapest et la difficulté de faire comprendre son expérience à ceux qui veulent et à ceux qui ne veulent pas comprendre.

Romur - Viroflay - 51 ans - 22 septembre 2012


Dans les intervalles de la souffrance 10 étoiles

Un adolescent juif regarde le monde obscène qui l'entoure avec une lucidité encore enfantine mais exempte de tout jugement. Il n'y a aucun fatalisme dans cette attitude mais un très grand prosaïsme celui qui aide à rester en vie "ce cadeau fragile et d'une durée incertaine". "Penser à la liberté [oui], mais après la certitude que la soupe sera servie."

On sait que ce roman est autobiographique. C'est certes un document sur les camps de concentration ou d'extermination mais surtout une réflexion "dérangeante" sur la volonté, l'obstination de vivre et la façon d'avoir parfois la chance d'y parvenir. Cela, seule la forme romanesque pouvait le restituer en donnant à l'écriture la distance nécessaire au vécu.

Les pages racontent ce qui pour nous est une horreur et pour lui plus simplement la vie au camp. Toutefois, il doute qu'on puisse croire ce qu'il raconte et il insiste par l'emploi de certaines expressions qui reviennent régulièrement telles que "je pourrais le jurer", "je ne l'aurais jamais cru mais le fait est là", "je veux dire", etc.. Il aura d'ailleurs raison puisqu'une des premières personnes rencontrées après sa libération est un futur révisionniste.

Le retour à la vie "normale" n'est pas le retour à la vie d'avant et il va se heurter à ceux qui ne savent pas et peuvent pas savoir ce que c'est, la contradiction entre liberté et destin, l'impossibilité de commencer une nouvelle vie car "on ne peut que poursuivre l'ancienne".

Il n'oubliera probablement jamais que "là bas aussi, parmi les cheminées, dans les intervalles de la souffrance, il y avait quelque chose qui ressemblait au bonheur."

Ce livre magnifique, écrit sans pathos ni compassion, n'en est pas moins bouleversant et nous donne aussi une formidable leçon de vie. Il aurait pu se conclure par la dernières phrase du discours qu'Imre Kéretz prononça lors de la remise de son prix Nobel, à Stockholm en décembre 2002: "Et en pensant ainsi à Auschwitz, d'une manière peut-être paradoxale, je pense plutôt à l'avenir qu'au passé"

Jlc - - 81 ans - 22 novembre 2010


Un travail de mémoire remarquable 10 étoiles

Un dimanche, alors que je traversais la France par l'autoroute, j'ai découvert Imre Kertesz grâce à l'émission de Paula Jacques (France Inter) où celui-ci était invité. J'ai immédiatement été captivée par ce personnage et son histoire dont j'ignorais tout jusque-là et par la suite, je me suis procurée Etre sans destin. Il y a des personnes qui ont un destin hors du commun et quand celui-ci est raconté avec du talent, c'est un chef d'oeuvre.

Maintenant, je suis curieuse et impatiente de découvrir le reste de ses écrits et surtout sa vie dans la Hongrie de Staline...

Listelle - Bordeaux - 38 ans - 25 juillet 2010


Un récit transparent 9 étoiles

L'auteur, qui a vécu les faits dont il rend compte, prend un parti de naïveté dans le récit qu'il en fait. La forme du roman lui permet cette prise de distance qui donne au récit sa force et son attrait. Mais elle lui donne aussi ses limites en lui interdisant toute analyse. C'est en cela qu'il diffère des livres de Primo Levi qui sont des témoignages et auxquels je trouve difficile de le comparer.
Par contre j'ai été interpellé par le retour au bercail de l'adolescent qui ressent l'incapacité de transmettre sa terrible expérience et son inadaptation devant ce qu'il découvre de ceux qui ne sont pas partis. Alors il décrit son souvenir des camps comme une sorte de "bonheur" fait de camaraderie et de solidarité devant l'adversité, ce qu'il a peur de ne pas retrouver dans la vie "normale". Ainsi il devient chez lui un être à part qui ne pourra que s'adapter sans jamais pouvoir redevenir comme ceux qui sont restés.

Falgo - Lentilly - 85 ans - 2 janvier 2010


Un autre 10 étoiles

Gyurky n'est pas complétement Imre Kertesz, pour la bonne raison qu'il est impossible à trente ans d'écrire avec la vision, les mots d'un adolescent de quinze ans. La lecture est amplement plus complexe qu'un témoignage (comme celui de Lévi par exemple).
Ce qui est intéressant dans ce livre, c'est que ce personnage n'est que le "porteur"(à défaut d'un autre mot) de la perception du temps dans le monde concentrationnaire de l'écrivain.
On distingue de manière nette l'avant et l'après, il n'y a pas de présent dans "être sans destin", il n'y a que l"ailleurs, dans le temps.

Enfin, l'intérêt du livre réside également dans la vision non-humaniste de l'auteur. C'est probablement le seul écrivain sachant décrire le pseudo"bonheur" dans les camps.

Smokey - Zone 51, Lille - 38 ans - 12 août 2008


n'oubliez pas que cela fut 8 étoiles

Etre enfermé dans un camp à 15 ans a de quoi traumatiser son monde . Pourtant , ce qui m'a impressionné c'est son optimisme pendant un long moment y compris une fois entré dans le camp et d'un coup l'abattement, le pessimisme, le fatalisme font leur entrée dans son esprit et dès lors tout semble fini, sans intérêt à ses yeux.

Etre parvenu à dissocier ces 2 périodes une fois sorti des camps est simplement impressionnant.

Même si on ne peux comprendre ce que c'était sans l'avoir vécu, au moins nous en avons une vision plus précise grâce à Imre Kertesz.

Soili - - 52 ans - 10 septembre 2006


Les trois manières de s'évader 10 étoiles

J'ai lu pas mal de livres sur la SHOAH tous sont différents mais je pense que c'est ETRE SANS DESTIN qui m'a le plus émue. Pourquoi?

Je ne saurais répondre précisément à cette question, le style de l'auteur inévitablement , l'âge , voir cette vie au camp à travers les yeux d'un enfant de 15 ans avec toute cette candeur , mais en même temps toutes les réflexions qu'il a et qui ne sont pas de son âge ( je pense que même des adultes n'arrivent pas à cet état d'esprit) .
On est a la fois très proche de l'auteur on sent la proximité du camp , des baraks , mais en même temps on arrive à conserver LA distance nécessaire , ce qui est loin d'être évident dans ce genre de livre . L'horreur nazie, l'organisation est très bien dépeinte , on en apprend beaucoup sur la "vie " à l'intérieur d'un camp de concentration: ce livre a donc également un côté assez sociologique . Ce qui est également intéressant c'est l'évolution de la personnalité de l'auteur, de voir que peu à peu certaines choses ne le dérangent plus , etc .

Je pense que c'est LE livre à lire pour comprendre l'atrocité de la shoah et en même temps l'état d'esprit des détenus (les dernières pages notamment , ce n'est qu'après coup qu'ils se rendent compte de ce qu'ils ont vécu ; avant ils n'y pensaient pas, c'est assez difficile à comprendre mais en même temps on peut en trouver l'illustration au moins une fois dans notre vie .

Ce qui m'aura le plus marqué dans ce livre c'est l'arrivée au camp de l'auteur lorsqu'il a "hâte" de voir des détenus et de savoir quel crime ils ont commis et qu'il ajoute qu'il n'en a jamais vu de sa vie .On se rappelle ( mais comment aurait-on pu oublier que le seul crime que ces gens aient commis selon Hitler est d'être né d'une race non aryenne d'un sang impur mais qui cependant va détruire la culture allemande et donc qu'il faut exterminer avant qu'il ne soit trop tard )
Ensuite c'est lorsqu'il décrit les trois manières de s'évader du camp : rêver , mourir, ou s'évader à proprement parler . Encore une fois ces trois manières sont aussi d'actualité dans notre vie: qui n'a jamais rêvé pour échapper à ses soucis?

Ce livre est un excellent livre , je pense que c'est vraiment UNE référence culturelle , il nous permet de ne pas oublier cet épisode qui fait partie de notre histoire , et d'en apprendre beaucoup sur les camps , l'organisation nazie . On referme ce livre , différent de ce qu'on était au moment où on l'a ouvert .

Tyty2410 - paris - 38 ans - 17 août 2006


avancer pas à pas 8 étoiles

"Pour un convoi - je ne dis pas que c'est toujours et nécessairement comme cela, car je ne peux pas le savoir - mais quoi qu'il en soit, dans notre cas, il faut compter à peu près trois mille personnes. Dans cet ensemble, prenons les hommes, disons mille. Pour l'examen, comptons par tête une ou deux secondes, plus souvent une que deux. Ne regardons ni le premier ni le dernier, vu qu'ils ne comptent jamais. Mais au milieu, là où je me trouvais moi aussi, il faut attendre une quinzaine de minutes pour arriver à l'endroit où tout se décide : tout de suite le gaz, ou encore une chance. Entre-temps, la file bouge sans cesse, avance, et tout le monde avance pas à pas, à petits ou à grands pas, selon les exigences de la rapidité de l'opération."

Le récit d'une année d'adolescence. Une année entre l'arrestation et le retour à Budapest. Une année à avancer pas à pas d'un convoi à l'autre, d'un camps de concentration à l'autre. Avancer pas à pas permet de ne pas se rendre compte immédiatement de la réalité. Avancer pas à pas permet de survivre en ne prenant conscience de l'horreur qu'après coup. Avancer pas à pas permet de s'habituer à l'horreur pour pouvoir apprivoiser l'horreur suivante.

Et pourtant un récit écrit avec naïveté et candeur. Un récit qui ne semble qu'effleurer la réalité des camps, sans jamais verser dans le voyeurisme morbide.

Mieke Maaike - Bruxelles - 51 ans - 5 octobre 2005


Candide et les camps 6 étoiles

Après avoir lu beaucoup de livres sur les camps nazis et russes, la vision d'un adolescent de quinze ans sur l'antisémitisme, les conditions de vie dans ces camps et la force du destin m'a particulièrement touché.
La facilité avec laquelle les être humains se laissent arrêter,déporter, séparer de leurs proches nous semble aujourd'hui ahurissante! Seuls quelques "éveillés" ont le réflexe de s'échapper à la première occasion.Il y a de quoi trembler pour l'avenir, maintenant que le formatage des cerveaux fonctionne à plein rendement
Beau livre à offrir à tous les adolescents.

Donatien - vilvorde - 81 ans - 26 août 2004


Lucidité étonnante 9 étoiles

A quinze ans, Imre Kertész est enfermé dans un camp de concentration. Quinze ans et pourtant, des années plus tard, malgré le recul, sans doute une volonté d'oubli, quelques traces éventuelles de pardon, beaucoup de réflexion... tout est là, prenant, vivant, retracé dans les moindres détails. En arrivant à Auschwitz, il ignorait tout de ce qui l'attendait, les horreurs qu'il allait découvrir, ses illusions se sont progressivement envolées, que ce soit à Auschwitz, à Birkenau ou à Zeitz. La mort, les brimades, la faim, le froid, la torture, le silence, les regards vides... autant de souffrances décrites avec une étonnante lucidité par l'auteur, à travers un langage d'adolescent confronté au pire. C'est peut-être cette douceur et cette candeur de langage qui aident le lecteur à apprivoiser l'horreur qu'il découvre, à suivre Imre Kertész dans ses désillusions de plus en plus cruelles. Quand on a lu cela, la vision des camps prend un autre visage.

Sahkti - Genève - 50 ans - 22 juillet 2004