Le Cauchemar de Hans Fallada

Le Cauchemar de Hans Fallada
(Der Alpdruck)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Veneziano, le 11 mars 2020 (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (42 051ème position).
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Une chaotique fin de guerre

A la fin de la guerre, Herr Doll, écrivain de renom, est nommé maire de sa ville d'Allemagne de l'Est par la nouvelle tutelle russe. Or, son nouveau statut prête à commentaires et procès d'intentions en série, la proximité du passé nazi compliquant fortement les choses, alors que son mariage avec une riche veuve n'arrange pas les choses. Après le combat de la guerre, commence celui de la réhabilitation d'un pays et de réputations personnelles. Le couple fuit cette petite ville pour Berlin, pour une existence au début chaotique, qui s'apaise peu à peu.
Très sombre, assez violent mais très fin sur son analyse de la psychologie des masses en temps de crise, ce livre déconcerte mais fait utilement réfléchir sur les idées de résilience, de pouvoir, de gestion d'une notoriété. Il est intéressant.

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UN VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT BERLINOIS

6 étoiles

Critique de TRIEB (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans) - 24 mai 2020

Hans Fallada appartient à ce que le monde de la critique littéraire allemand a appelé la Trummerliteratur, littéralement la littérature des ruines. Dans Le Cauchemar, il décrit le difficile après-guerre que traverse le Docteur Doll, écrivain de son état, qui est désigné par l’occupant russe comme maire par intérim de son village. Alma, son épouse, et lui-même sont contraints de fuir vers Berlin, ville dévastée, en proie à la désorganisation, au marché noir, livrée à la règle du chacun pour soi. Ce roman, qui fait souvent penser au Voyage au bout de la nuit de Céline, par ses descriptions de la souffrance humaine en milieu hospitalier et par la détresse de ses personnages, en proie à une grande déréliction morale, pose les grandes questions auxquelles l’Allemagne eut à répondre après la guerre. Celle de la culpabilité, évoquée par le philosophe Karl Jaspers dans son ouvrage die Schuldfrage, bien improprement traduit par La culpabilité allemande, tient une place essentielle dans le roman :
« Lui, Doll, était un Allemand, et il savait, du moins en théorie, que depuis la prise du pouvoir par les nazis, que depuis la persécution des Juifs, ce nom d’Allemagne avait de jour en jour perdu de son éclat et de sa réputation ! On ne nous le pardonnera jamais ! Pour cela, nous devrons tous payer un jour ! »
Les séquelles que provoquent les douze années d’un pouvoir totalitaire et barbare sur l’état moral du peuple allemand sont très bien évoquées quant à leur conséquence sur la vie individuelle des citoyens allemands : « Ils allaient devoir rester vides et nus, et avec les mensonges qu’on leur avait serinés une vie durant comme les plus profondes vérités et les plus grandes sagesses, disparaîtrait aussi ce qu’ils possédaient encor d’amour et de haine, de souvenirs et d’estime d’eux-mêmes de dignité ? »
Même s’il apparaît en retrait de Seul dans Berlin, un peu plus marqué par quelque longueur, Le Cauchemar mérite d’être découvert comme un roman important de l’après-guerre, n’ayant pas été disponible depuis plus de soixante ans, selon les indications de l’éditeur.

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