Le pique-nique des orphelins
de Louise Erdrich

critiqué par Jfp, le 21 mars 2020
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
foutus caractères…
Autant j’avais été enthousiaste à la lecture de "La chorale des maîtres bouchers" et "Ce qui a dévoré nos cœurs", autant " Le pique-nique des orphelins" ne m’a pas accroché. Cette saga, qui s’étale sur cinquante ans de la vie de Mary Adare, bouchère dans une petite ville (imaginaire) du Dakota du Nord, embrasse de nombreux personnages, tous de la famille de Mary ou ayant eu des liens avec elle. Ils s’expriment chacun à leur tour, avec leur façon particulière, un procédé littéraire que les critiques ne manqueront pas de taxer de "faulknérien" mais auquel nous nous sommes bien habitués depuis la parution du célèbre "Le bruit et la fureur". L’intérêt du livre ne réside donc pas dans l’hommage rendu bien involontairement à Faulkner mais dans le caractère original de ces êtres ballottés par un destin hors du commun, un destin facétieux qui les a menés bien loin de ce qu’ils espéraient. Hélas, ce qui aurait pu être une analyse au scalpel de cette Amérique profonde, écartelée entre progrès et tradition, que Louise Erdrich excelle à disséquer, devient une sorte de galerie des monstres, tant le fichu caractère des personnages rend impossible de s’y attacher. On pourrait sans peine les taxer de "caractériels" et les vouer aux gémonies tant ils rendent aux autres la vie impossible. De quel poids l’auteure a-t-elle voulu se débarrasser en écrivant ce roman, original certes, mais dépourvu de tout message et surtout, dans l’accumulation de ses excès, de toute relation avec le monde réel ?