La grosse femme d'à côté est enceinte de Michel Tremblay

La grosse femme d'à côté est enceinte de Michel Tremblay

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Jules, le 1 mars 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 122ème position).
Visites : 12 919  (depuis Novembre 2007)

Un livre très humain

Michel Tremblay nous décrit ici la vie d’un quartier pauvre à Montréal.
Nous sommes en 1942 et si les Canadiens ne ressentent pas la guerre dans leur chair, ils la ressentent dans leur vie de tous les jours. L’approvisionnement est plus compliqué, il y a moins de travail pour les hommes, tout est plus difficile.
Elle est vraiment grosse, la grosse femme d'à côté. Grosse à ne plus en pouvoir bouger ! Dans la maison il y a trois générations qui vivent : la grand-mère qui devrait être morte depuis longtemps, les deux fils avec leur femme, Albertine et la grosse femme enceinte, et leurs enfants respectifs. La maison a de la peine à tenir tout ce monde-là et on s’entasse comme on peut. Toute la vie du quartier sera découpée en fines tranches et les personnages nous apparaîtront chacun avec leurs petits travers, leurs qualités humaines.
Chaque maison forme une entité à l’intérieur du tout. Michel Tremblay aime observer les pauvres ou les déshérités et il le fait bien, avec réalisme. Le langage utilisé est également important. Nous sommes dans le petit peuple et Michel Tremblay utilise la langue populaire dès que ses héros s’expriment. Il n’utilise le français que quand il décrit. Cette langue parlée donne un charme au récit, de la vie aussi, de la chaleur.
écoutez ce que cela donne : " Des fois. Des fois quand t'as rien à faire. viens donc me conter tes sorties ! Viens me conter tes nuittes en ville. T'es le seul qui sort, qui voit du monde… J'sais pas comment c’est te dire ça. Chus toute mêlée. Tu comprends, chus pognée icitte, pis toé tu cours la galipotte à l’année longue. Tu sais comment c’que j’aime le monde… "
Un livre très agréable à lire, très humain. Une belle histoire aussi.

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Les éditions

  • La Grosse femme d'à côté est enceinte [Texte imprimé] Michel Tremblay
    de Tremblay, Michel
    Leméac
    ISBN : 9780776130330 ; 3,48 € ; 11/02/1999 ; 328 p. ; Broché
  • La grosse femme d'à côté est enceinte [Texte imprimé], roman Michel Tremblay
    de Tremblay, Michel
    Actes Sud / Babel (Arles).
    ISBN : 9782742706372 ; 8,70 € ; 24/02/2003 ; 288 p. ; Poche
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Les livres liés

  Chroniques du plateau Mont-Royal.

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Brouillon

4 étoiles

Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 11 juillet 2019

Comme il en faut pour tous les goûts, et que chaque opinion peut librement s'exprimer, je me permettrai donc d'apporter ma touche négative pour ce livre, que je n'ai pas du tout aimé.
Beaucoup (trop) de personnages, des anecdotes souvent sans intérêt, un style déplaisant, une écriture argotique qui lasse très vite. J'ai voulu aller au bout, mais j'ai vraiment peiné.
C'est le début d'une saga, et je m'arrêterai à ce premier ouvrage. Mais je ne veux décourager personne. Simplement avertir que les commentaires publiés jusqu'à présent sur le site, s'ils sont évidemment respectables, peuvent ne pas refléter un avis général.

Une formidable saga commence

10 étoiles

Critique de JEANLEBLEU (Orange, Inscrit le 6 mars 2005, 56 ans) - 11 juillet 2015

Après avoir lu l'excellent "Un ange cornu avec des ailes de tôle" en guise d'échauffement au style de Michel Tremblay (et notamment pour me familiariser avec ce joual si coloré), je me suis lancé dans la saga des "Chroniques du plateau Mont Royal" avec ce premier tome dont l'action se condense en une seule journée (le 2 mai 1942) et qui permet à l'auteur de présenter toute sa galerie de personnages (dont deux sont des animaux !) que l'on suivra dans cette suite de 6 romans. En fait, j'ai l'impression que la quasi-totalité de l'oeuvre de Michel Tremblay est un alliage (très réussi) de mémoires familiales romancées.
Les personnages sont tous fouillés et crédibles avec leurs motivations, leurs difficultés (beaucoup s'agissant de personnes de condition modeste), leurs réussites et leurs joies (pas trop fréquentes), leurs bons et leurs mauvais côtés, avec par-dessus tout le joual.
En effet, Michel Tremblay allie une prose classique, élégante et expressive pour la partie "racontée" de son oeuvre (avec des côtés exotiques quand même pour un non québécois) avec le joual (argot québécois) pour la partie "dialogues" (qui représente au moins 50% du texte : n'oublions pas que l'auteur a connu ses premiers succès au théâtre avec ses pièces en joual et qu'il fait partie des dramaturges contemporains importants).
Le tout donne un ensemble très humain, parfois drôle, parfois triste, parfois tragi-comique qui nous porte littéralement.
Au passage j'ai appris plein de choses sur l'histoire canadienne (notamment sur l'impact de la seconde guerre mondiale sur la vie quotidienne au Québec).
En deux livres je suis pris d'une vraie passion pour cet auteur que j'ai découvert récemment lors d'un voyage à Montréal.
Il est intéressant de noter que ce quartier du plateau Mont Royal qui était un quartier ouvrier assez pauvre dans les années quarante est maintenant le quartier bobo de Montréal.

Une remarquable analyse sociologique

10 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 6 avril 2013

Avant toute chose, je tiens à souligner la belle couverture du livre (édition Babel). Il s’agit d’une toile du grand peintre québécois Alfred Pellan intitulée « Jeune fille au collier vert » peinte en 1941. Ce livre constitue le premier tome de la série « Chroniques du Plateau Mont-Royal » chef-d’œuvre de Michel Tremblay. L’auteur nous plonge au cœur de la vie d’un quartier ouvrier francophone du Montréal des années 1942, date à laquelle s’ouvre cette histoire. Plus qu’un roman, cette œuvre foisonnante de vie et de personnages truculents constitue une remarquable analyse sociologique et politique de ces années de guerre et des terribles conditions de vie auxquelles les Québécois francophones peu instruits et confinés dans des emplois subalternes étaient assujettis. Les hommes jeunes et célibataires sont partis tandis que les pères de famille triment dur toute la semaine pour, durant la fin de semaine, se saouler à mort afin d’oublier leurs chagrins et leur misère. Les femmes enceintes foisonnent car mettre sa femme enceinte constitue une garantie contre le départ à la guerre. Les familles doivent partager leur logement car leur salaire est insuffisant pour leur permettre d’habiter chacun chez soi. La promiscuité est difficile à supporter mais comporte de bons moments particulièrement aux repas qui se passent la plupart du temps dans la joie et la bonne humeur. Car, afin de pouvoir supporter leur misère, les gens ont développé un remarquable sens de l’entraide et de l’économie. Les enfants pullulent et leur éducation laisse à désirer. L’éveil des sens se fait dans la plus parfaite ignorance et les expériences sexuelles se passent souvent très mal et sont décevantes. Le mariage n’apporte que bien rarement le bonheur espéré : les femmes se retrouvent prisonnières de leur logement bien souvent en compagnie d’un mari paresseux, porté sur la boisson.

Il y aurait tant à dire sur ce roman. Le génie de Michel Tremblay s’y déploie en toute liberté et comme toujours avec lui, les sentiments dominent malgré le fait qu’à cette époque, le clergé condamnait toute manifestation de tendresse en public. Mais ce qui est remarquable de la part de cet écrivain québécois dont le talent ne cesse de m’éblouir, c’est d’avoir su intégrer à son récit un côté surnaturel. Il a aussi intégré à ses personnages un chat et nous connaissons toutes les pensées et les réflexions du félin. C’est savoureux !

Un chef d’œuvre absolu, un roman remarquable, un cri d’amour d’un écrivain aimant ses personnages à la folie et décrivant leur milieu de vie avec une justesse poignante qui laisse le cœur en miettes.

« « Des fois, tu penses avoir oublié tes malheurs, pis la chienne de vie vient toujours te les rappeler en les multipliant par cent huit. » « Vous parlez tu-seule, à c’t’heure ? » Rose se tenait dans la porte, la bouilloire à la main. « J’ai toujours parlé tu-seule parce que j’ai jamais rencontré parsonne d’assez intéressant pour y parler vraiment. » »

« Et maintenant, cette porte close entre sa solitude qu’elle n’avait jamais réussi à combler, mal mariée qu’elle était, mal baisée, vite écoeurée d’un mari malhabile et égoïste, et le bonheur de son frère qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de trouver grotesque, cette porte close sur des rires enfantins et des soupirs complices l’insultait comme une injure cuisante. »

Wow

10 étoiles

Critique de The Nim (, Inscrit le 26 juin 2010, 49 ans) - 5 février 2011

Très difficile pour moi au début à cause des nombreux personnages mais après c'est tellement bon que je ne me souvenais plus de la difficulté du départ
Bravo !!

c'est tout bon !

10 étoiles

Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 12 juin 2004

Premier volet des chroniques du plateau Mont Royal.
Une journée à Montréal, en 1942, ni extraordinaire ni vide, plein de personnages tous très bien présentés, une touche de fantastique, d'humour, d'amour, mais surtout, surtout :
Une palette extrêmement bien rendue des variétés de la nature humaine.
C'est savoureux ! Comment ne pas comprendre ces différents héros et héroïnes, empêtrés dans leur caractère, brûlant tous du désir de se faire comprendre, s'aimant, se détestant...
Il y a bien sûr un chat, ne cédant pas sa place dans l'histoire, on rencontre même Laura Cadieux encore jeune ! La pauvre se voit gonfler de jour en jour, ayant la malchance (!) d'avoir épousé un maître-saucier qui exerce ses talents sur elle....
J'aime tout dans ce livre. Et par dessus tout la grande sensibilité de Michel Tremblay qui transfigure l'ordinaire...
Chapeau.

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