Génération offensée: De la police de la culture à la police de la pensée
de Caroline Fourest

critiqué par Blue Cat, le 26 juillet 2020
( - 60 ans)


La note:  étoiles
Plaidoyer pour un universalisme moribond
Dans cet excellent court essai, la courageuse Caroline Fourest continue de défendre, livre après livre, l'universalisme des Lumières. Et si le cadavre de ce bel idéal bouge encore, il est franchement mal en point.

En effet, la guerre est d'ores et déjà perdue dans les universités américaines, et de plus en plus, européennes. La gauche identitaire racialiste, antisémite et islamophile a déjà gagné. Les faits qu'elle relate font froid dans le dos. Désormais, être Blanc, de culture chrétienne ou Juif, est un crime de lèse majesté dans certains cénacles.

On assiste à un mea culpa sidérant de la part de professeurs d'université américains qui, à chaque rentrée des classes, doivent exprimer devant leurs étudiants à quel point ils sont désolés d'être Blancs et s'excusent à l'avance de toute offense que leur couleur de peau pourrait faire ressentir à un étudiant non Blanc. Un nombre grandissant parmi ces professeurs, libéraux et progressistes, est limogé pour avoir 'offensé' un étudiant non Blanc en employant un mot nullement insultant, mais connoté 'Blanc', donc esclavagiste et oppresseur.

Un grand nombre de spectacles et de conférences sont annulés au dernier moment, le service d'ordre craignant d'être débordé par ces groupuscules hyper revendicatifs et violents. Ariane Mnouchkine a dû annuler sous la pression son spectacle sur les migrants, au prétexte qu'il se jouait au Canada et qu'il ne comptait pas d'acteurs Indiens autochtones dans sa distribution. Elle a répondu fort intelligemment à ces attaques délirantes, mais le mal était fait.

Des œuvres artistiques sont retirées en catastrophe de musées du fait d'attaques très virulentes de l'ultra-gauche identitaire racialiste pour laquelle un artiste Blanc n'a aucun droit de représenter un non Blanc.

Rares sont les directeurs de musées et de salles de spectacles qui tiennent bon, tant les attaques sont violentes et humiliantes. En effet, être traité de raciste tétanise l'insulté, qui fait marche arrière en s'excusant platement d'avoir commis un impair certes inconscient, mais bien révélateur tout de même, si vous le dites… L'inconscient d'un Blanc est coupable, forcément coupable, cela ne saurait être discuté avec ces nouveaux racistes identitaires anti-Blancs.

Le seul moment où ce livre, globalement anxiogène, m'a fait sourire c'est grâce à Madonna.
Il lui a été reproché d'avoir adopté un look traditionnel (genre Oriental) lors d'une de ses prestations télé. La meute racialiste a hurlé à 'l'appropriation culturelle', d'autant plus choquante que Madonna est Blanche et baptisée catholique. La Madone a répondu tranquillement : 'Kiss my ass !'. Autrement dit, en bon français : Allez vous faire foutre ! Voilà une réaction saine réconfortante.

A l'opposé, l'actrice Rosanna Arquette a cru bon de tweeter : 'Je suis désolée d'être née Blanche et privilégiée. Cela me dégoûte. J'ai tellement honte'. La détestation de soi en guise de preuve de bonne foi antiraciste. On a touché le fond, là…

Et en France ? Que dire de la si sympathique Houria Bouteldja des 'Indigènes de la République', qui ne cherche nullement à camoufler sa haine de la France, des Français, de la démocratie, de la culture chrétienne, des Juifs, des valeurs de la République, des non Musulmans en général et de tous les Blancs en particulier. Pour elle, dénoncer un viol commis par un Musulman consiste à 'faire le jeu de l'oppresseur'. Oui, l'oppresseur ne saurait être que Blanc non Musulman, voyez-vous. . Quand le criminel est Musulman, c'est juste un opprimé qui se défoule, parce que franchement, il a les boules et il y a de quoi, hein !

Quant à la journaliste Rokhaya Diallo, en gros, elle propose un retour à la ségrégation (ségrégation inconnue en France, pour rappel). Histoire que la pureté des Noirs ne soit pas souillée par la fréquentation de sales Blancs.

Il faudrait qu'en France se fassent entendre, bien plus largement, des intellectuels, éditorialistes, professeurs et citoyens courageux afin d'essayer d'endiguer cette régression catastrophique que représente l'abandon de l'universalisme, idéal le plus juste et offrant la plus grande liberté à chaque individu.

Nul ne doit être assigné à une identité de naissance, de couleur, de religion, d'orientation sexuelle. Chacun est libre de devenir ce qu'il veut devenir dans le respect d'autrui.

C'est cela l'universalisme  : La liberté d'être soi, unique, irréductible. Mais aussi, le respect de celui qui est différent, tant qu'il vous laisse être ce que vous avez choisi d'être.


Laissons le mot de la fin à Caroline Fourest, très régulièrement molestée et insultée, traitée d'islamophobe, quand elle n'est pas attaquée physiquement par ces identitaires d'extrême gauche :

'Les identitaires ne sont pas les nouveaux antiracistes, mais bien les nouveaux racistes'.
Très bon texte d'actualité ! 9 étoiles

Au départ, je ne suis pas un inconditionnel du siècle des Lumières et de la philosophie politique développée de Voltaire à Rousseau… même si j’ai bien quelques sympathies pour l’ami Jean-Jacques Rousseau dont j’ai toute l’œuvre à la maison, édition de la fin du XVIII° siècle, et pour Montesquieu qui me semble bien souvent lumineux… Seulement, voilà, l’universalisme de cette époque semble très mal en point et attaqué de toute part par les droite et gauche identitaires… Quelle tristesse, quel danger, quel horreur !

Caroline Fourest, journaliste, essayiste, réalisatrice, tente dans un essai de qualité, court et accessible à tous, non pas de sauver définitivement ces Lumières mais de déposer, à leurs pieds, une pierre qui se voudrait un élément de défense, sinon inconditionnelle, du moins courageuse et étayée !

Cause perdue diront certains en contemplant le cadavre des Lumières déjà refroidi, huile sur le feu cracheront certainement les défenseurs de la gauche identitaire, incompréhension totale, enfin et malheureusement, pour tous ceux qui ne raisonnent plus qu’à la lumière des réseaux sociaux…

Guerre perdue au premier abord, du moins sur le continent nord américain avec une gauche identitaire qui ne consacre plus qu’à la défense de « micro-causes » et qui oublie que tous les êtres humains sont égaux en droits, en devoir, une égalité qui devait être notre combat majeur depuis 1789… Une gauche que certains diront racialiste, antisémite, sexiste, islamophile, raciste même… Caroline Fourest décrit cela avec moult exemples et c’est assez sidérant…

Je ne reprendrai pas tous les exemples, je ne passerai pas en revue avec vous tous les problèmes à l’Université (USA et Canada), je ne citerai pas les conférences déprogrammées, les enseignants humiliés y compris en France. La liste est terrible et, en plus, vous connaissez tous quelques exemples complémentaires… Cela touche aussi les modes vestimentaires, les spectacles, les œuvres d’art, les menus sur les campus… On se souvient aussi, puisque c’est beaucoup plus récent, les discussions autour de la traduction des poèmes d’Amanda Gorman, poétesse mise à l’honneur par Joe Biden…

Comme le montre Caroline Fourest, la France est à son tour touchée par le mouvement… Houria Bouteldja des 'Indigènes de la République' ne cherche nullement à camoufler son désamour (sa haine même) de la France, des Français, de la démocratie, de la culture chrétienne, des Juifs, des valeurs de la République, des non Musulmans en général et de tous les Blancs en particulier. Exagéré ? Pas certain surtout si dénoncer un viol commis par un musulman est avant tout « faire le jeu des oppresseurs » ! Rokhaya Diallo est peut-être moins violente mais l’indifférence, la non-mixité ou la ségrégation ne sont pas de bonnes solutions d’autant plus qu’elles permettent l’essor et l’épanouissement de la droite identitaire qui n’en demandait pas tant !

Personne ne devrait être contraint à une identité à cause de sa naissance, de sa couleur de peau, de sa religion, de ses orientations sexuelles, de sa nationalité, de son milieu social… La gauche doit revenir à ses fondamentaux si elle veut survivre et, surtout, proposer aux femmes et aux hommes un avenir plus heureux à construire ensemble ! C'est cela l'universalisme dont se revendique Caroline Fourest ! La liberté d'être soi, unique, irréductible. Le respect de l’autre, tant qu'il vous laisse être ce que vous avez choisi d'être... A ce titre, le métissage humain et culturel n’est pas un gros mot, juste une espérance…

« Les identitaires ne sont pas les nouveaux antiracistes, mais bien les nouveaux racistes. » nous dit Caroline Fourest mais elle ne jettera pas l’éponge et le combat continue !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 5 mai 2021