Moi et lui de Alberto Moravia
Moi et lui de Alberto Moravia
(Io e lui)
(Io e lui)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
Critiqué par Lesembruns, le 6 août 2004
(TOURS, Inscrite le 4 août 2004, 55 ans)
Critiqué par Lesembruns, le 6 août 2004
(TOURS, Inscrite le 4 août 2004, 55 ans)
La note :
Moyenne des notes : (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : (27 722ème position).
Visites : 7 524 (depuis Novembre 2007)
Moyenne des notes : (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : (27 722ème position).
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Idée intéressante...
Durant près de 500 pages, un homme dialogue et se dispute crûment avec son sexe. L'esprit rappelé à l'ordre par la chair, l'idéalisme brocardé par le bon sens. D'un côté le sexe révolté, de l'autre son propriétaire... et ce grand règlement de compte n'épargne personne.
A lire de toute urgence !
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Les éditions
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Moi et Lui de Alberto Moravia
de Moravia, Alberto
Gallimard / Folio
ISBN : 9782070366262 ; 3,74 € ; 09/12/1974 ; 498 p. ; Poche
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Dialogue vif entre un homme et son sexe
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 11 avril 2020
"Moi et lui" est un roman qui a surpris, dérangé, voire choqué de nombreux lecteurs. Alberto Moravia, nourri par les théories de Freud, a rédigé un roman dans lequel son personnage principal dialogue avec son sexe. Il est certain que le postulat de départ a de quoi surprendre tout le monde. Le roman s'étend sur 500 pages. Ce n'est donc pas une nouvelle qui autorise souvent une grande originalité qui peut s'appuyer sur la brièveté du genre et son caractère étonnant. Ici, l'écrivain a dû réfléchir à une construction et à un contenu afin de pouvoir tenir en haleine son lecteur, ou du moins sa curiosité. En cela déjà, l'écrivain est méritant.
Federico, personnage principal de ce roman, souhaite faire carrière au cinéma et dans la réalisation. Il s'est mis en tête qu'en ne cédant plus aux appels de son sexe, en acceptant l'abstinence, il pourra mieux se concentrer sur son oeuvre en devenir. Ainsi il décide de s'éloigner de Fausta, son épouse, un certain temps afin de ne pas céder à la tentation et que la sexualité ne prenne plus autant de place que sa créativité. Il aura des propos très durs sur elle afin de trouver la force de l'éloigner quelque temps. C'est un pacte tacite qu'il signe. Le prénom de Fausta rappelle évidemment celui de Faust. Il s'éloigne d'elle afin de gagner en génie. C'est un sacrifice momentané. Le roman se divise en plusieurs chapitres qui résument l'état dans lequel se trouve le personnage principal : "Dépossédé !", "Aliéné !", "Castré !", "Dévié !" ...Nous suivons donc ce personnage qui souhaite réussir dans le milieu du cinéma, mais se retrouve confronté à des jeunes gens bourgeois, qui se veulent révolutionnaires et qui ont un avis très négatif sur lui. Son ascension se révèle donc difficile dès le début du roman. Parallèlement à ses questionnements professionnels et sur ses relations avec autrui, le lecteur découvre les discussions mouvementées entre Moi, le narrateur et lui, son sexe. Que de disputes et de rapports de force ! Oui, il est vrai que la sexualité est évoquée dans ce roman ( masturbation, désir ... ), mais il serait réducteur et faux de réduire ce texte uniquement à cela.
Le narrateur s'interroge essentiellement, dans tout le roman, sur le statut des sublimés alors que lui est un "dé-sublimé". Selon Freud, le sublimé définit l'état d'une personne évoluée, qui a atteint un niveau suffisant de maturité pour détourner les instincts sexuels vers des actions valorisantes plus élevées. Ces êtres parviennent à sublimer leurs pulsions et leur désir. De nombreux personnages sont des sublimés dans ce roman, pas le narrateur. Il ne parvient pas à s'affirmer, est souvent rabaissé, voire humilié. Il ne parvient pas à ses fins et entend de trop la voix de son pénis qui le guide, qui lui souffle des ordres, qui relève de ce qui est pulsion et envie violente. La lecture psychanalytique du roman est intéressante et résume assez bien, ce qui peut être moteur d'un individu et combien la sexualité a un impact important sur ce que nous sommes. L'homme n'est pas maître totalement de ses faits et gestes. L'inconscient exerce son rôle aussi dans les pulsions et dans les rêves.
Le personnage principal peut être agaçant. Il semble faible, toujours en échec, maladroit, voire le roi des maladresses. On aurait bien envie de le secouer parfois. En même temps par rapport à la visée de l'oeuvre de Moravia, un tel personnage est bien utile. Le monde du cinéma est présent dans le roman et permet aussi de nombreuses métaphores quand l'écrivain explore les fantasmes, les images qui traversent l'esprit durant la masturbation, le caractère scénaristique d'un rapport sexuel ... Et puis au cinéma, il y a ce qu'on voit et ce qui est fait dans l'ombre ou en coulisse. Cela peut très bien résumer ce qui se passe en chaque être humain.
Inévitablement, le roman affronte le désir et puisque le sexe a la parole il appelle un chat un chat. Certains lecteurs y voient de la grossièreté, d'autres des images crues. Je dirais surtout qu'il en parle simplement et franchement. Ce n'est absolument pas un roman pornographique. L'enjeu est autre. Derrière ce sexe obsédant et autoritaire, c'est l'homme qui est dépeint, ce sont ses choix professionnels et humains qui découlent de "lui". Le roman offre une réflexion intéressante sur les rapports de force : le sexe qui contrôle notre être, la jeunesse qui méprise cet homme, les rapports hommes-femmes, l'incapacité du bourgeois à échapper à sa condition sociale. Il n'empêche que certaines scènes sont en lien avec la sexualité sans basculer dans des scènes émoustillantes. La scène avec la vieille comédienne Mafalda fera sans doute sourire et a quelque chose de burlesque. Les scènes où le personnage est sujet au désir et ne contrôle plus son sexe a un côté amusant aussi. Et puis ce pénis, dont on ne cesse de nous rappeler qu'il est énorme, renvoie à la vanité, tout est vanité.
J'ai trouvé ce roman intéressant et original. Il soulève des questions contemporaines sur la nature humaine et sur les théories freudiennes. L'homme ne semble pas totalement libre puisqu'une part cachée de lui semble donner des directives et même façonner son rapport aux autres. Dans la forme nous sommes loin des oeuvres de Sartre, pourtant les romans de Moravia peuvent avoir la profondeur de certains questionnements existentialistes.
Federico, personnage principal de ce roman, souhaite faire carrière au cinéma et dans la réalisation. Il s'est mis en tête qu'en ne cédant plus aux appels de son sexe, en acceptant l'abstinence, il pourra mieux se concentrer sur son oeuvre en devenir. Ainsi il décide de s'éloigner de Fausta, son épouse, un certain temps afin de ne pas céder à la tentation et que la sexualité ne prenne plus autant de place que sa créativité. Il aura des propos très durs sur elle afin de trouver la force de l'éloigner quelque temps. C'est un pacte tacite qu'il signe. Le prénom de Fausta rappelle évidemment celui de Faust. Il s'éloigne d'elle afin de gagner en génie. C'est un sacrifice momentané. Le roman se divise en plusieurs chapitres qui résument l'état dans lequel se trouve le personnage principal : "Dépossédé !", "Aliéné !", "Castré !", "Dévié !" ...Nous suivons donc ce personnage qui souhaite réussir dans le milieu du cinéma, mais se retrouve confronté à des jeunes gens bourgeois, qui se veulent révolutionnaires et qui ont un avis très négatif sur lui. Son ascension se révèle donc difficile dès le début du roman. Parallèlement à ses questionnements professionnels et sur ses relations avec autrui, le lecteur découvre les discussions mouvementées entre Moi, le narrateur et lui, son sexe. Que de disputes et de rapports de force ! Oui, il est vrai que la sexualité est évoquée dans ce roman ( masturbation, désir ... ), mais il serait réducteur et faux de réduire ce texte uniquement à cela.
Le narrateur s'interroge essentiellement, dans tout le roman, sur le statut des sublimés alors que lui est un "dé-sublimé". Selon Freud, le sublimé définit l'état d'une personne évoluée, qui a atteint un niveau suffisant de maturité pour détourner les instincts sexuels vers des actions valorisantes plus élevées. Ces êtres parviennent à sublimer leurs pulsions et leur désir. De nombreux personnages sont des sublimés dans ce roman, pas le narrateur. Il ne parvient pas à s'affirmer, est souvent rabaissé, voire humilié. Il ne parvient pas à ses fins et entend de trop la voix de son pénis qui le guide, qui lui souffle des ordres, qui relève de ce qui est pulsion et envie violente. La lecture psychanalytique du roman est intéressante et résume assez bien, ce qui peut être moteur d'un individu et combien la sexualité a un impact important sur ce que nous sommes. L'homme n'est pas maître totalement de ses faits et gestes. L'inconscient exerce son rôle aussi dans les pulsions et dans les rêves.
Le personnage principal peut être agaçant. Il semble faible, toujours en échec, maladroit, voire le roi des maladresses. On aurait bien envie de le secouer parfois. En même temps par rapport à la visée de l'oeuvre de Moravia, un tel personnage est bien utile. Le monde du cinéma est présent dans le roman et permet aussi de nombreuses métaphores quand l'écrivain explore les fantasmes, les images qui traversent l'esprit durant la masturbation, le caractère scénaristique d'un rapport sexuel ... Et puis au cinéma, il y a ce qu'on voit et ce qui est fait dans l'ombre ou en coulisse. Cela peut très bien résumer ce qui se passe en chaque être humain.
Inévitablement, le roman affronte le désir et puisque le sexe a la parole il appelle un chat un chat. Certains lecteurs y voient de la grossièreté, d'autres des images crues. Je dirais surtout qu'il en parle simplement et franchement. Ce n'est absolument pas un roman pornographique. L'enjeu est autre. Derrière ce sexe obsédant et autoritaire, c'est l'homme qui est dépeint, ce sont ses choix professionnels et humains qui découlent de "lui". Le roman offre une réflexion intéressante sur les rapports de force : le sexe qui contrôle notre être, la jeunesse qui méprise cet homme, les rapports hommes-femmes, l'incapacité du bourgeois à échapper à sa condition sociale. Il n'empêche que certaines scènes sont en lien avec la sexualité sans basculer dans des scènes émoustillantes. La scène avec la vieille comédienne Mafalda fera sans doute sourire et a quelque chose de burlesque. Les scènes où le personnage est sujet au désir et ne contrôle plus son sexe a un côté amusant aussi. Et puis ce pénis, dont on ne cesse de nous rappeler qu'il est énorme, renvoie à la vanité, tout est vanité.
J'ai trouvé ce roman intéressant et original. Il soulève des questions contemporaines sur la nature humaine et sur les théories freudiennes. L'homme ne semble pas totalement libre puisqu'une part cachée de lui semble donner des directives et même façonner son rapport aux autres. Dans la forme nous sommes loin des oeuvres de Sartre, pourtant les romans de Moravia peuvent avoir la profondeur de certains questionnements existentialistes.
Un homme mené par ses désirs
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 4 août 2015
Le protagoniste est guidé par les caprices... de son sexe, de dimensions imposantes et à l'appétit non moins insatiable. Sa relation avec son ex-femme en pâtit, ce qui ne veut pas dire que leurs relations intimes s'arrêtent. Tout devient quiproquo, jusqu'à que le personnage tente de se stabiliser, après des déboires professionnels et personnels.
Cela donne fatalement des scènes assez drôles, voire truculentes, mais l'ensemble est bien délayé, et finit par virer au long monologue potache. Ce livre s'avère assez pénible à lire du début à la fin.
La concision lui eût mieux valu.
Cela donne fatalement des scènes assez drôles, voire truculentes, mais l'ensemble est bien délayé, et finit par virer au long monologue potache. Ce livre s'avère assez pénible à lire du début à la fin.
La concision lui eût mieux valu.
Le sexe arbitre de nos destins
Critique de Hadrien (, Inscrit le 14 février 2005, 47 ans) - 9 mai 2005
Attiré par la critique précédente, j’ai saisi l’occasion de lire Moi et Lui d’Alberto Moravia dont le thème (un homme discute avec son sexe) m’intriguait vraiment.
Si de prime abord, le thème semble être léger, il s’avère vite que le livre dépasse la banalité, la vulgarité et trouve une véritable profondeur.
Le véritable sujet du livre s’avère en définitive ne pas être le sexe mais l’opposition entre ceux que Moravia appelle les sublimés et les dé-sublimés. Les premiers peuvent être définis par ceux qui ont le pouvoir (sur les autres et sur eux-mêmes), les autres ceux qui le subissent. Le sexe joue dans cette division un rôle de premier plan, du moins en ce qui concerne Rico, dé-sublimé en puissance qui attribue la cause de ses échecs à son obsession sexuelle.
Moravia explore le rôle que tient le sexe pour l’être humain, sans jamais tomber dans le mauvais goût. Le sujet, universel et intemporel, est habilement maîtrisé par Moravia, qui dépeint un personnage intrigant de par ses tourments et sa perspicacité.
Si de prime abord, le thème semble être léger, il s’avère vite que le livre dépasse la banalité, la vulgarité et trouve une véritable profondeur.
Le véritable sujet du livre s’avère en définitive ne pas être le sexe mais l’opposition entre ceux que Moravia appelle les sublimés et les dé-sublimés. Les premiers peuvent être définis par ceux qui ont le pouvoir (sur les autres et sur eux-mêmes), les autres ceux qui le subissent. Le sexe joue dans cette division un rôle de premier plan, du moins en ce qui concerne Rico, dé-sublimé en puissance qui attribue la cause de ses échecs à son obsession sexuelle.
Moravia explore le rôle que tient le sexe pour l’être humain, sans jamais tomber dans le mauvais goût. Le sujet, universel et intemporel, est habilement maîtrisé par Moravia, qui dépeint un personnage intrigant de par ses tourments et sa perspicacité.
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