Le bleu du ciel
de Georges Bataille

critiqué par Lézard, le 6 août 2004
(Genval - 40 ans)


La note:  étoiles
Huis clos sur l'avant-guerre
Henry revient de Londres, temps qu'il a passé avec Dirty -diminutif de Dorothea-. Passant par Paris vers Barcelone, il se dirige vers les troubles, la guerre civile, la révolution communiste et déjà, les Nazis. Mais si le trouble est la toile de fond, il est avant tout dans l'esprit d'Henry qui se noie en alcool et en chagrin. Les créatures qui croiseront son chemin seront toutes à son image : sales, perdues, presque maléfiques. Henry passera par la maladie et frôlera une mort pour laquelle Xénie bégaye entre l'envie d'y succomber et la refuser tout en bloc pour son amant Henry.

Le voyage se passe cependant dans les têtes et bien que l'intérêt de ce court roman réside en l'anticipation de la guerre '40, le texte est parsemé de phrases d'une pure merveille à l'image de l'oeuvre de Georges Bataille. Par celles-ci, il exprime avec une grande virtuosité les méandres de destinées cahotiques.

"A un tournant du chemin, un vide s'ouvrait au-dessous de nous. Etrangement, ce vide n'était pas moins illimité, à nos pieds, qu'un ciel étoilé sur nos têtes. Une multitude de petites lumières, agitées par le vent, menaient dans la nuit une fête silencieuse, inintelligible. Ces étoiles, ces bougies, étaient par centaines en flammes sur le sol : le sol où s'alignaient la foule des tombes illuminées."

Bien dans l'esprit des années '30 et à l'instar d'un Bukowski (bien que l'écriture ne soit pas comparable), Georges Bataille délivre ici, sur la demande de ses amis qui avaient lu le manuscrit, un ouvrage émouvant, intéressant et d'une grande lucidité poétique. Ne crions pas au chef d'oeuvre, il est néanmoins bon de l'avoir lu...
Le commentaire de Patryck Froissart 9 étoiles

Titre : Le Bleu du Ciel
Auteur : Georges Bataille
Editeur : Flammarion – 2004 – Paris
Collection : 10/18
185 pages
ISBN : 226400097X

La guerre civile espagnole est proche. La deuxième guerre mondiale est dans l’air.
Dans cette lourde atmosphère d’attente, le narrateur se déplace de Paris à Barcelone et finit en Allemagne un voyage au bout de sa vie. Lazare, femme étrange vêtue de noir, l’accompagne ou, absente, l’obsède.
Les personnages tentent de se noyer l’être dans l’alcool.
La débauche est continue, triste et nauséeuse. On vomit et on se vomit.
L’itinéraire est morbide.
Le « héros » craint de sombrer (et cherche à tomber) dans la folie.
Et le bleu du ciel est d’une totale hypocrisie…

Etrange récit, écrit en 1935, à une époque politiquement et littérairement surréaliste (on pense à Bunuel... mais aussi à Sade et à Pierre Louÿs), que Bataille n’a publié qu’en 1957, à la demande, dit-il dans l’avant-propos, d’amis « qu’avait émus la lecture du manuscrit ».


Patryck Froissart, Plateau Caillou, le 13/03/2009

FROISSART - St Paul - 77 ans - 13 mars 2009