La République de l'imagination de Azar Nafisi

La République de l'imagination de Azar Nafisi
(The republic of imagination)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Colen8, le 24 août 2020 (Inscrite le 9 décembre 2014, 83 ans)
La note : 8 étoiles
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Mieux qu’une passerelle culturelle entre l’Iran et l’Amérique

Souvenirs personnels et critiques littéraire d’auteurs majeurs américains se mêlent dans cette publication lucide et humaniste quant aux valeurs défendues, dense en références de livres, foisonnante en digressions et anecdotes. La jeune iranienne Azar Nafisi dont l’imagination s’est éveillée à l’histoire de « Le Petit Prince » lue par son père, férue des romans universellement connus part en Angleterre d’abord et continue sa formation de plusieurs années aux Etats-Unis. Recrutée en 1979 à l’Université de Téhéran pour y enseigner la littérature anglo-saxonne elle vit en direct la révolution islamiste des ayatollahs, et subit comme ses amis et ses proches leurs persécutions, exécutions sommaires et violences permanentes. Ayant décidé d’émigrer (1997), elle obtient la nationalité américaine (2008) et s’établit avec sa famille à Washington.
Seuls trois écrivains sont sélectionnés ici comme la représentation de ce que sont les américains dans la littérature de leur pays :
- Mark Twain avec « Les Aventures de Huckleberry Finn », le bâtard courageux bien que sans éducation, décidé à rejeter toute forme de contrainte et de tradition qui se lie d’amitié avec l’ancien esclave Jim au point de partir en errance avec lui sur une embarcation de fortune le long du Mississipi. Pionnier du réalisme américain, son style et son écriture ont opéré une rupture véritable avec les formes romanesques antérieures à son XIXe siècle.
- Sinclair Lewis prix Nobel de littérature (1930) décrié de son vivant par des contemporains jaloux de cette distinction, avec « Babbitt» le modèle le plus trivial du conformisme, produit d’une culture standardisée, esclave des monopoles de la consommation, utilitariste avant tout, obsédé par le besoin de rejoindre la classe sociale des plus riches et plus puissants, précurseur en quelque sorte de ce qui est advenu après lui.
- Carson McCullers pour « Le cœur est un chasseur solitaire » publié en 1940 dont le succès fut immédiat. Elle y met en scène des marginaux privés de liens sociaux, incapables de communiquer si ce n’est avec un sourd-muet…
- James Baldwin installé à Paris pour l’ensemble de son œuvre.
La République de l’imagination n’est autre qu’une République sans frontières, ni barrières, ni catégories de la création artistique. Elle privilégie la liberté d’expression, celle de penser autrement, elle accepte la révolte contre le poids de la bien-pensance, rejette les normes quand celles-ci deviennent étouffantes, fait payer le prix de l’autonomie de ses partisans par leur mise à l’écart dans un surcroît de la solitude. Néanmoins elle est universelle par sa contribution au patrimoine culturel commun de l’humanité, et ce depuis toujours.
Pour en savoir plus sur les auteurs sélectionnés par Azar Nafisi et présents dans CL:
- Sinclair Lewis : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/16520
- Carson McCullers : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/1029
- James Baldwin : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/35315

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Les éditions

  • La république de l'imagination [Texte imprimé], comment les livres forgent une nation Azar Nafisi traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie-Hélène Dumas
    de Nafisi, Azar Dumas, Marie-Hélène (Traducteur)
    J.-C. Lattès
    ISBN : 9782709649087 ; 22,50 € ; 11/05/2016 ; 414 p. ; Broché
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