Le Dieu des hommes
de Sophie Chalandre

critiqué par Phil SMT, le 19 septembre 2020
( - 64 ans)


La note:  étoiles
Le dieu des hommes
LE DIEU DES HOMMES est une nouvelle aussi truculente que réjouissante frisant le subversif avec humour et dérision, comme écrite un jour de caprice dans un abribus de banlieue un jour de grève : avec Sophie CHALANDRE, rien n'est vraiment sérieux.
Sertie dans un style diablement efficace, cette nouvelle déjantée invite à la même table un Christ en procession à l'identité sexuelle inattendue, un fleuriste à la retraite à la fois biblique et obsédé par les seins des donzelles et une jeune décédée aux attributs encore tièdes, le tout écrit comme une longue et torride prière, ponctuée d'érotisme magico-réaliste. C'est divinement irrespectueux et logiquement récompensé à l'occasion du Prix de la nouvelle d'Ozoir 2019.

"Je m’approche, Seigneur, car ton crucifié fait de chair m’intrigue. Je m'approche encore, vérifiant d'un rapide regard la matutinale solitude de ma rue. Qu'est-ce donc que cette paire de protubérances en guise de pectoraux que j'entrevois ? Je dégage la chevelure, plus soyeuse qu'une rose Chemin-de-Compostelle, et je découvre des appas bien gonflés pour un Messie. Plus près que je détaille, car je juge l'arbre à ses fruits : ce sont bien des mamelles. Oui, deux grosses pommes d'amour bien gonflées et très fermes, hautes et fières, aux tétons tendus et vermeilles, d'une perfection à faire blêmir le sachet de myrrhe du Cantiques des Cantiques, et je les admire si près que ma barbe hirsute de prophète en frétille de les effleurer. "