Les secrets des Bijoux de Princesses
de Sybile

critiqué par Fanou03, le 24 septembre 2020
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Le choix d'Héloïse
La princesse Héloïse doit bientôt se marier. Chacun de ses prétendants a présenté à la princesse un bijou appartenant à leur famille, en guise de présent et pour tenter de la séduire. Tous sont plus beaux les uns que les autres, cela laisse la jeune fille dans l’embarras ! La fée qui veille sur la princesse va lui conter l’histoire de ces bijoux et des princesses à qui ils ont appartenu : cela inspirera-t-il Héloïse ?

Soyons franc, soyons net : le monde des princesses que l’on vend encore aujourd’hui aux petites filles est quelque chose qui ne me branche pas du tout, parce qu’il transporte avec lui souvent maints poncifs éculés. C’est un peu le cas avec cet album, qui respecte sans sourcilier les codes du genre. En ça le prétexte narratif (voir le résumé) particulièrement rose-bonbon en est bien représentatif : le livre fait le portrait de dix princesses « jeunes et jolies » cherchant leur Prince Charmant, dans des récits où un bijou sert d’objet transitionnel... quoi de plus girly ?

Mais paradoxalement c’est un album que j’aime quand même beaucoup, malgré toutes mes réticences. D’abord parce que les illustrations accompagnant les histoires (courtes mais bien écrites et efficaces) de ces dix princesses les représentent avec beaucoup d’élégance et de charme. En outre, Sybille, l’illustratrice, a fait l'effort de piocher des personnages issues des civilisations historiques assez diversifiées de l’Égypte antique en passant par le Japon médiéval ou même, plus original, l’Empire Byzantin, ce que j'ai beaucoup apprécié. Et puis (même si bien sûr on est loin de Histoires du soir pour filles rebelles) une grande partie des qualités des princesses mises en avant est assez éloignée quand même des clichés : il y a par exemple « Vanja la déterminée » qui devient la Reine des Vikings à la mort de son père, « Mathilde l’intrépide » qui combat dans un tournoi de chevalerie à la place de son frère blessé et est dessinée épée au fourreau, ou encore « Aélia l’ingénieuse » qui connait les techniques de la forge. La morale du livre quant à elle est qu’Héloïse, inspirée par ses dix devancières, qui ont su faire montre d'indépendance, décidera de choisir un mari ne se trouvant pas parmi ses prétendants et ainsi va rompre - d'une certaine façon - la tradition familiale.

L’ouvrage est donc intéressant pour ça, il oscille entre un schéma très classique ("ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants...") et une féminité non réduite à la seule douceur ou à la générosité. Le livre est vendu avec un coffret contenant les bijoux des princesses évoqués dans les récits, ce qui séduira à n’en pas douter les petites filles qui sont la cible de ce produit, tout en faisant un beau pont entre l'imaginaire et la réalité. Il faut noter enfin également l’absence singulière des figures maternelles, les princesses se construisant essentiellement par rapport à l’autorité paternelle.