Le certificat
de Isaac Bashevis Singer

critiqué par Pucksimberg, le 26 septembre 2020
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Un jeune homme, tiraillé entre la littérature et les femmes
David, le personnage principal de ce roman, est de retour à Varsovie. Seulement âgé de 19 ans, il va de rencontre en rencontre, retrouve des personnes que son père rabbin côtoyait dans sa jeunesse. Nous sommes en 1922, période où l’antisémitisme se fait sentir. Il n’est donc pas facile pour notre héros, plutôt antihéros même, de trouver un emploi. Peu expérimenté dans le domaine sentimental, assez maladroit, il fait son apprentissage à sa façon, un peu ballotté par des décisions qu’il ne contrôle pas. Il est aussi question d’un certificat qui lui permettrait de partir s’installer en Palestine, mais pour cela il faudrait contracter un mariage blanc. Dans cette période de grands bouleversements, David, personnage considéré comme un double de l’écrivain, se voit quelque peu dépassé par les événements. Il aspire tout de même à devenir écrivain. La chose n'est pas aisée ...

Isaac Bashevis Singer possède une écriture très agréable à lire et vive. Les chapitres sont courts et permettent d’enchaîner les épisodes avec une certaine vivacité. L’écrivain ne bascule pas dans le pathétique même si certaines scènes soulignent les difficultés du quotidien des juifs à cette époque et la misère qui les touche. L’écrivain nous fait même sourire par certaines situations dans lesquelles se trouve précipité David. Sa relation avec les femmes est amusante aussi. Le roman se lit avec facilité. Le lecteur se plaît à découvrir cet univers avec un personnage principal original, présenté comme juif, mais peu croyant … Le lecteur a parfois envie de le secouer, mais il reste sympathique.

Quand on sait le sort que connaîtront les juifs en Pologne durant la seconde guerre mondiale, il est précieux de se dire qu’il existe l’œuvre de cet écrivain récompensé par le prix Nobel de littérature qui a immortalisé, figé à jamais la vie de ces hommes avant la catastrophe que nous savons. Il a permis d’immortaliser des figures symboliques, leurs coutumes, leur quotidien … Ce roman donne à voir une époque qui n’est plus, un monde qui a été éradiqué.

Ce roman permet de voyager dans le temps sans pathos, mais avec une vitalité qui fait du bien. Tous les protagonistes pourraient être des personnages typés d’une pièce de théâtre. Le roman a été publié après la mort de l’écrivain et mérite vraiment de trouver son lectorat. Il y a un côté touchant dans ce roman et le lecteur se plaît à passer quelques heures avec tous ces personnages.