La Sirène du Vieux-Port
de David Morgon

critiqué par Fanou03, le 8 octobre 2020
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Un lyonnais à Marseille
Bon, j’avoue ne pas être insensible, pour ne pas dire plus, aux très longues et jolies jambes bottées qui servent d’ornement à la couverture de ce volume « Spécial Police » des années 1970 de chez Fleuve-Noir, longues et jolies jambes dessinées par Michel Gourdon, fidèle illustrateur de la série en temps-là, et amateur de pépées à la plastique avantageuse. C’est à peine du coup si on remarque l’arrière-plan de la couverture, un laboratoire de chimie, avec moult accessoires. Car La sirène du Vieux-Port, en dépit de sa couverture aguicheuse et de son titre suggestif, aborde le sujet sérieux du trafic de drogue, et de sa production au mitan des années mille-neuf-cent-soixante-dix, en un mot de la French Connexion.

Sylvia Mondragon demande au privé lyonnais David Morgon de retrouver son père, marin-pêcheur marseillais. Il n’a plus donné signe de vie du jour au lendemain, et tout en vivant chichement avait pu s’offrir une villa cossue à Bandol... Dans la cité phocéenne, les pas du détective vont rapidement l’emmener dans un bouge pour prostituées, La sirène du Vieux-Port et vers la piste des trafiquants de drogue du milieu marseillais, au risque de mettre sa vie en péril.

Voilà une revisitation fort plaisante de la figure du privé. David Morgon évoque aussi bien Nestor Burma que Philippe Marlow. Le paysage urbain n’est pas Paris ou New-York mais Lyon et surtout Marseille bien sûr, le Marseille interlope surtout, avec ses quartiers arabes, ses bouges, et sa gastronomie. N’oublions pas le personnage de la femme fatale au passé douloureux (elle s’appelle ici Suzanne) et la collaboration difficile avec la police... Le récit, il faut le noter, est très sage, avec juste une discrète sensualité (contrairement à ce que pourrait faire croire la couverture). Le cœur du roman reste bien l’enquête, rondement menée, bien construite, par Christian Mandon l’auteur (David Morgon étant un pseudonyme). L’écriture est agréable, les dialogues sont nerveux, tantôt virils, tantôt badins, et le tragique malgré tout n’est jamais loin, ce qui donne au final une certaine gravité. A mon goût c’est donc un bon policier, sans surprise mais qui remplit fort honnêtement son contrat d’offrir au lecteur un divertissement de qualité.