Pour un féminisme universel de Martine Storti

Pour un féminisme universel de Martine Storti

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par CHALOT, le 10 octobre 2020 (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Visites : 2 248 

une étude rigoureuse

« Pour un féminisme universel »
Livre de Martine Storti
La République des droits
Editions du Seuil
avril 2020
livre sorti le 1er octobre 2020
104 pages

C'est un petit livre en nombre de pages mais un grand livre par son sujet, son contenu et la puissance de l'argumentation de son auteure.
Alors que les « révolutionnaires » occidentaux défendaient inconditionnellement la « révolution iranienne », quitte à s'allier au fossoyeur des libertés que fut Khomeini, des milliers de femmes iraniennes manifestaient en mars 1979 contre l'obligation du port du voile.
Les « féministes » racialistes d'aujourd'hui nient ou oublient facilement que dans de nombreux pays des femmes refusent ce marquage d'une double soumission, à dieu et aux hommes.
L'auteure fixe ainsi avec force la problématique du débat en cours entre celles et ceux qui comme elle défendent un féminisme universel, et les adeptes de l'intersectionnalité.
Ces derniers et dernières s'appuyant sur l'existence de plusieurs discriminations reprochent au féminisme universel « d'être aveugle à l'oppression de classe, et surtout de race. »
« Au nom d'une radicalité anticapitaliste, d'une dénonciation des ravages du néolibéralisme, injonction est faite aux féministes de s'intéresser aux inégalités sociales qu'elles auraient abandonnées. »
C'est avec ce type d'argument que ces « féministes » de la différenciation culturelle minimisent ou taisent le système patriarcal qui est une prison pour des femmes, dans le pays des droits de l'homme ( c'est à dire de l'humain).
L'oppression des femmes est diverse, elle se vit différemment selon sa position sociale, le pays dans lequel vivent les femmes mais cela reste une oppression qu'il faut combattre.
L'auteure, intellectuelle, certes, mais aussi une militante, rappelle avec force que dans un pays où l'avortement est interdit, les pauvres qui ne peuvent pas aller à l'étranger pour avorter souffrent davantage que les autres mais « toutes les femmes savent ce qu'est une grossesse non désirée ou son éventualité. »
L'émancipation n'a pas de frontière et la lutte contre l’oppression des femmes est universelle.....
Ce qui est vrai en Algérie, au Soudan, en Iran et ailleurs l'est aussi ici en France et la condition sociale n'excuse pas l'exploitation que subissent certaines femmes.
« Les assignées à résidence raciale ou religieuse ( ou les deux à la fois) disposent d'une marge de manœuvre très étroite »
Ne pas combattre leurs « bourreaux » c'est laisser ces femmes, seules, démunies, subissant un double asservissement : l'un venant pour la plupart des difficultés sociales rencontrées ( ghettoïsation, chômage), l'autre de leur condition liée à leur enfermement dans les coutumes.
L'égalité des droits est pour tout le monde.

Jean-François Chalot

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