Frontières de fer : Le cloisonnement du monde
de Stéphane Rosière

critiqué par Colen8, le 13 octobre 2020
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Vers une forme d'apartheid mondial
Un néologisme a fait son apparition issu du grec « teichos » pour désigner de façon générique ce qui a trait aux barrières destinées à empêcher, freiner ou mieux contrôler la mobilité de certaines catégories de personnes(1) dans un territoire. Le Rideau de Fer de l’ère soviétique aujourd’hui détruit n’en est qu’un des exemples. Le recensement de Stéphane Rosière à défaut d’être exhaustif montre la banalité d’une telle pratique : 25 000 km déployés sur des lignes frontalières de 45 Etats sur tous les continents en y incluant leurs bordures maritimes. Une estimation des coûts de construction donne plus d’un million de dollars par km, sans compter les frais du personnel de surveillance et l’entretien.
Le ralentissement des conflits militaires a ouvert un marché de substitution conséquent au complexe militaro-industriel disposant déjà des technologies requises en modes réels depuis les simples barbelés autant que virtuels à l’aide des outils d’imagerie, de détection des mouvements, de big data. C’est un marché de sécurité civile visant l’immigration jugée plus dangereuse à la fois que le terrorisme et que la lutte contre les trafics mafieux. Qu’il existe au détriment des libertés fondamentales à commencer par la libre circulation inscrite dans la déclaration universelle des droits humains n’entre guère en ligne de compte.
Un effet pervers est observé un peu partout qui rend les tentatives de forçage plus mortelles que les guerres modernes pour des milliers de migrants. Un contournement rendu quasi infranchissable des barrières mises en place a incité les réseaux de trafiquants à se reconvertir en passeurs sans scrupules pour opérer un racket peu risqué auprès des candidats clandestins des pays pauvres attirés immanquablement par l’opulence des autres.
(1) Mais pas celle des biens, mondialisation oblige. Il se décline en une variété de suffixes : teichotechnologie, teichopolitique, teichoéconomie etc.