Des araignées et des hommes

« Dans la toile du temps », en anglais « Children of time », est un roman de science-fiction, où sont racontées en parallèle, par des chapitres alternés, deux lignes linéaires et antagonistes d’une même histoire, qui convergent à certains moments et qui fusionnent à la toute fin.

Le thème : dans un futur éloigné, l’humanité est à son apogée technologique, colonisant les lunes du système solaire, voyageant vers les étoiles et capable de terraformer des planètes d’autres systèmes lointains pour les rendre viables. Mais une guerre avec des armes d’une terrifiante capacité de destruction provoque la chute de cette civilisation humaine avancée. Les survivants sont partis dans des vaisseaux, véritables arches de Noé humaines, pour essayer de rejoindre les planètes terraformées pour les habiter et pouvoir perpétuer ainsi l’espèce humaine, qui sinon serait en voie d’extinction. L’une de ces arches atteint une planète verte, gardée par un satellite qui interdit tout accès à cette planète, car une expérience d’ensemencement et de développement de la vie est en cours et rien ne doit entraver ou perturber cette expérience vitale. Cette expérience consiste à faire évoluer de manière accélérée des singes en quelques dizaines ou centaines d’années du niveau primate primitif au niveau conscient. Mais cela ne s’est pas déroulé comme prévu. Une civilisation arachnide a émergé au lieu d’une civilisation humaine ou anthropoïde. Mais les voyageurs de l’arche ont désespérément besoin de la planète pour y faire refleurir à nouveau l’humanité. Toute l’histoire est donc le récit de la lutte menée par l’arche humaine pour parvenir à atterrir et occuper la planète verte. C’est aussi parallèlement le récit du développement de cette civilisation arachnéenne, tant cognitivement que technologiquement.

Un mot sur l’auteur. Adrian Tchaikovsky n’a aucun lien de parenté avec le célèbre compositeur. Voici ce que dit Wikipédia : Adrian Tchaikovsky, né Adrian Czajkowski le 14 juin 1972 à Woodhall Spa en Angleterre, est un romancier britannique de fantasy, d'horreur et de science-fiction. Son roman Dans la toile du temps a obtenu le prix Arthur-C.-Clarke 2016 tandis que The Tiger and the Wolf a obtenu le prix British Fantasy 2017.

Mon avis pour finir : J’ai acheté ce livre sur la foi de bonnes critiques sur des sites spécialisés en SF. Alors de fait, j’ai bien aimé, je n’ai quasiment que des remarques positives à apporter à ce livre. De plus, il a été primé « prix Arthur C. Clarke », ce dont je pense que c’est mérité. C’était un risque car on sait bien qu’un bandeau apposé sur un livre genre « a obtenu le prix XXX » pour mieux pousser à la vente ne garantit en rien de sa qualité littéraire réelle. Bon, alors là, mon sentiment est qu’il est justifié que ce livre ait obtenu un prix, car il est bon. Il est même estomaquant sur toute la partie « évolution arachnéenne », c’est vraiment pour ce versant de l’histoire que ce livre mérite d’être lu. Il est extrêmement intéressant et passionnant de suivre l’évolution d’une espèce d’araignée du stade de simple arthropode instinctif au stade conscient et évolué. Là, oui, je donne un vrai coup de chapeau à l’auteur pour être parvenu à raconter cela sur la moitié du livre sans que ça verse dans l’ennui, dans le jargon scientifique ou le n’importe quoi. Tout reste cohérent et donc acceptable, même si l’auteur en surestime la plausibilité scientifique (mais c’est normal, c’est un roman !). Et de plus, on s’instruit sur les araignées, ces petites bestioles trop souvent perçues avec répugnance !

Quant au versant arche des humains, il est aussi intéressant à suivre mais ça reste du classique, rien qui soit totalement original comme les araignées. Vaisseau qui transporte une humanité perdue et qui cherche un lieu où se régénérer, voyage sur des milliers d’années et caisson d’hibernation cryogénique. Luttes politiques et révolutions. Immortalité et générations se succédant. Thèmes classiques, traités classiquement. Mais ça tient la route (galactique) et on suit sans faiblir les péripéties survivalistes de ces humains confinés dans cette arche artificielle durant des milliers d’années, seul îlot d’humanité dans le froid et vide infini de l’espace, grâce au fil directeur millénaire du personnage principal, Mason Holsten, linguiste et historien.

Une œuvre globalement réussie, prenante, intéressante et originale. Surtout qu’il évite l’écueil du manichéisme entre les araignées et les humains. Il n’y a ni bon ni mauvais, seulement des nécessités de survie qui guide les volontés des uns contre les autres qui ont eux aussi les propres nécessités de survie contraires. C’est ce qui est aussi intéressant à constater, et on se demande comment l’auteur va bien pouvoir résoudre ce dilemme. La solution qu’il donne est inattendue.

Un seul bémol, le style, pas franchement virevoltant, qui gagnerait à être plus dynamique, même dans les scènes d’action. Mais bon, ça se lit bien, et facilement et on ne s’ennuie pas malgré quelques longueurs. C’est surtout un style plus scientifique que littéraire et qui est parfaitement adapté pour décrire l’évolution de la société des araignées. Et puis, certaines phrases ne sont pas correctement compréhensibles. Ratés de la traduction en français, certainement.

Il reste à lire la suite, « Children of ruins », pas encore traduit en français à ce jour, semble-t-il.

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  Dans la toile du temps [Texte imprimé] Adrian Tchaikovsky traduit de l'anglais par Henry-Luc Planchat

  de Tchaikovsky, Adrian Planchat, Henry-Luc (Traducteur)
  Gallimard / Folio. Science-fiction
  ISBN : 9782072853296 ; 9,70 € ; 03/10/2019 ; 704 p. ; Poche

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