La laveuse de mort
de Sara Omar

critiqué par CHALOT, le 1 novembre 2020
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
émouvant, violent mais vrai
«  La laveuse de mort »
roman de Sara Omar
éditions Acte Sud
373 pages
octobre 2020
Editions Acte sud


Ma fille m'avait dit : « C'est dur, très dur mais c'est, aussi , inoubliable. »
J'étais loin de penser que j'en arriverais à rester rivé au livre avec deux sentiments: l'épouvante devant les monstruosités faites aux femmes et l'admiration devant l'attitude de deux héros positifs.

L'histoire se déroule à Zamua dans le Kurdistan, sous domination irakienne.
Les kurdes subissent dans la fin des années 80 l'assaut et les exactions irakiennes....

Les bombes tombent sur les villages et le gaz fait de nombreuses victimes.
La guerre est la toile de fond de ce livre qui raconte l'histoire d'un village, d'une famille prise en étau entre une répression irakienne et l'obscurantisme islamique, féodal.

Quand Frmesk nait, elle n'est pas bien accueillie, son père n'en veut pas....
Elle est maudite car c'est une fille !

Sa grand-mère, laveuse de mort, n'accepte pas que ce petit être soit voué à souffrir.
Des petites filles ont été enterrées vivantes...

La grand-mère, musulmane pieuse, et son mari, « mécréant » car n'appartenant pas à la religion dominante, vont essayer de protéger ce bébé .
Ils vont l'élever après avoir obtenu l'accord du père.

Elle et son mari vivent dans deux mondes de pensée différentes. « Mais il lui avait bâti in îlot de paix au milieu d'un monde brutal, ce dont elle lui était reconnaissante, car elle savait mieux que quiconque qu'il était rare de trouver la sécurité auprès d'un homme. »
Il vit dans les livres et la culture, alors qu'elle est une réelle humaniste qui ne comprend ni n'accepte la violence faite aux femmes : la lapidation, le viol....
Gawhar, cette grand-mère maternelle, respecte les coutumes ancestrales comme le mariage arrangé, voire forcé, mais ne supporte plus de laver tant de femmes tuées par leur mari ou leurs familles....
Personne ne veut enterrer ces femmes, « maudites » et assassinées ...Gawhar est là pour rendre une dignité à ces femmes abandonnées y compris par leurs propres familles.

Son mari, colonel à la retraite, la soutient avec toute sa force et ensemble, malgré leurs différends sur l'islam, ils apportent du réconfort et veillent, tant qu'ils le peuvent.

Ce roman est violent comme l'est la vie de ces hommes et de ces femmes pris entre la guerre, le génocide et des coutumes rétrogrades.

Jean-François Chalot
un recueil de violences faites aux femmes 7 étoiles

Frmesk naît à Zamua, Kurdistan en 1986, dans une société musulmane où les femmes non seulement ne valent rien, mais servent uniquement de faire valoir à l’honneur des mâles ou de « champs à labourer » à volonté. Son père, qui voulait un garçon, veut la tuer. Alors, ses grands-parents maternels la prennent chez eux pour l’élever comme leur propre fille et la protéger. Hélas, même au sein de leur foyer bienveillant, toutes les mesures de précaution ne suffiront pas...
Sa grand-mère Gawhar est « laveuse de mort », c’est-à-dire qu’elle lave les femmes dont on ne veut plus et qu’on a assassinées parce qu’elles étaient considérées comme impures, souillées, soit qu’elles n’aient pas saigné lors de leur nuit de noces, soit qu’elles soient l’objet de rumeurs d’adultère (peu importe que ces rumeurs soient justifiées ou non), soit qu’elles ne plaisent tout simplement plus à leur mari ou leur belle-famille. Son grand-père, quant à lui, est zoroastrien et tâche de tempérer les abus des islamistes.
Le lecteur retrouve Frmesk dès le début du livre à l’hôpital au Danemark à l’âge de trente ans. L’auteure ne dit pas ce qui lui est arrivé et le lecteur attend la fin pour le découvrir. Hélas, cela n’est jamais révélé !!! Quelle déception ! On apprend juste quelques bribes d'informations. Elle est soignée notamment par une infirmière qui est elle-même traquée dans ses moindres gestes par son père, espionnée constamment.
Toute l’histoire se déroule sur fond de guerre, de bombes lâchées par épisodes, sans prévenir. La violence et la haine règnent partout, tant à l’intérieur de cette société que venant de l’extérieur. Ce roman est vraiment très dur à lire et à digérer, pas une lecture agréable. Un tel monde ne peut qu’écœurer, d’autant plus quand on sait qu’il existe toujours !
Le lecteur ne saura pas non plus ce que devient Frmesk à la fin… Très frustrant !

Pascale Ew. - - 57 ans - 23 avril 2021