L'artiste
de Antonin Varenne

critiqué par Tistou, le 23 novembre 2020
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Réécriture par l’auteur d’une œuvre précédente
L’Artiste est une version rééditée et entièrement revue et corrigée par l’auteur du titre « Le fruit de vos entrailles » paru en 2006 aux éditions « Toute Latitude ».
Voilà ce qui est précisé dans les premières pages. Ce «Fruit de vos entrailles ne semble pas exagérément connu et rien n’explique pourquoi Antonin Varenne a éprouvé le besoin de le réécrire et le corriger. Difficile donc d’apprécier l’ampleur du travail. Aisé par contre d’apprécier la qualité du roman L’Artiste (puisqu’il l’a même rebaptisé). C’est en effet un polar de grande qualité, plus axé sur la psychologie des personnages que sur l’enquête proprement dite, allant même jusqu’à donner l’impression qu’en fait il ne s’agit pas d’un polar.
Alors polar ? Oui, non ? Disons un polar d’Antonin Varenne, un auteur singulier et de grande qualité.

»De l’autre côté du boulevard de Ménilmontant, là où finit Belleville et où commence Paris, un vieux coupé Mercedes noir se gara. Un homme blond, costume clair et tête haute, en descendit et traversa la chaussée. Virgile Heckmann fendit la foule en brandissant sa carte tricolore, un agent du cordon s’écarta pour laisser le lieutenant entrer dans le cercle. La confusion y régnait. Heckmann fit signe à un jeune agent, qui se faufila entre les meubles valdingués et se présenta au rapport, les doigts sur ses coutures de pantalon. Le bleu connaissait le lieutenant de réputation ; protégé du ministère, appelé à une grande carrière. Heckmann, flic sans humour. »

« Heckmann, flic sans humour ». Eh bien, c’est donc bien d’un polar qu’il s’agit ?!
Oui. Et non. Les trajectoires de Heckmann et de quelques comparses du roman vont s’avérer au bilan plus intéressants que l’histoire elle-même ; une histoire de serial-killer dans Paris, 2001. Un serial-killer qui s’en prend aux artistes, et particulièrement créatif et barbare !
Et les comparses de Heckmann vont être des personnages typiquement « Varenniens ». Je veux dire hors-normes, vaguement marginaux (marginaux dans le sens à la marge). Max, un ex-détective privé escaladeur émérite, sa femme Hélène, Roland Parques, un marginal au plein sens du terme, ex-résistant, ex-médecin avorteur … Des personnages « Varenniens ».
C’est bien leur histoire qui intéresse le plus Antonin Varenne, et pour la raconter il l’a greffée sur une affaire de serial-killer. Pas l’inverse.