Il est vrai que Maudit Manège n’est pas un roman des plus haletants, cependant jusqu’à présent tous les romans de P. Djian que j’ai lus étaient dans ce ton là. Nous baignons dans une sorte de faux rythme, à l’image du quotidien vécu par le narrateur. Clairement Djian nous fait mijoter dans une sauce douce amère, à l’image du narrateur qui émerge lentement d’une tragédie personnelle, la perte de la femme qu’il aimait, Betty.
Et là constitue l’élément clef pour la compréhension du roman : Maudit Manège est la suite de 37°2 le matin, tout simplement.
Nous retrouvons donc Zorg, cinq années après la fin tragique du précédent roman et j’ai pris un réel plaisir à retrouver ce qui m’avait plu chez cet auteur : la description des sentiments, du ressenti, le ton un peu désinvolte et des personnages secondaires forts : son ami Henri notamment, poète adulé par le narrateur, son ex-femme, Marlène, et leur fille.
Le style Djian fait toujours mouche même si je conçois facilement qu’il ne puisse plaire à tout le monde tant parfois les mots et les situations peuvent être crus. Néanmoins il serait dommage de s’arrêter à cela tant cette lecture paisible se retrouve jalonnée de passages intéressants comme cet extrait :
« Tu vois à quoi ça ressemble un entonnoir ? il a demandé.
Comme je ne répondais pas, il en a dessiné un dans les airs.
- Quand tu auras mon âge, tu seras arrivé dans le petit bout, il a enchaîné. Tu verras qu'il ne te reste plus beaucoup de possibilités. »
Une suite intéressante, un moment de lecture agréable.
Sundernono - Nice - 41 ans - 11 octobre 2016 |