Sigló
de Ragnar Jónasson

critiqué par Vieux Chat, le 19 février 2021
( - 46 ans)


La note:  étoiles
Enquête décevante
Il s’agit d’un roman policier ayant pour cadre les froides contrées d’Islande. Tout comme dans Mörk, le personnage principal est un policier du nom d’Ari Thór. Celui-ci est arrivé dans la petite communauté de Siglufjördur il y a de cela quelques années et il commence peu à peu à s’y acclimater bien qu’il se sente toujours comme un étranger venant de Reykjavík. D’autant que celui qui lui servait jusqu’à alors de mentor, et dont il espérait qu’il revienne un jour travailler avec lui, décide de rester dans la capitale.
C’est déjà la 6eme enquête de cet inspecteur racontée par Ragnar Jónasson, et il y a donc une certaine continuité dans les affaires de cœur.
Mais pourquoi est-ce que je ne parle pas de l’enquête de ce livre-ci ? C’est bien simple, à part la fin qui rehausse un peu le niveau, elle n’a que peu d’intérêt. Et je me suis pris à regarder combien de pages j’avais lues tandis que l’enquête n’avait toujours pas vraiment démarré : plus de la moitié du livre. La résolution finale était pourtant intéressante, mais difficile de s’y accrocher tant les personnes reliées à la mort de la jeune femme n’offrent que peu d’intérêt.
Il s’agit donc d’un suicide. En apparence. Une jeune femme se jette du haut d’un balcon, et la mère de celle-ci ne peut croire à un suicide. Tout allait bien pour elle, c’était une élève modèle, qui n’avait que peu d’amies et qui se concentrait sur ses études. Alors Ari Thór, par acquit de conscience, va quand même suivre les quelques pistes qui s’offrent à lui. D’autant plus que dans un centre pour personnes âgées proche, un vieil homme a inscrit un peu partout sur les murs de sa chambre « Elle a été tuée ».
Ce n’est pas l’écriture qui pèche : celle-ci est toujours aussi intéressante et facile d’accès. L’auteur continue à nous dévoiler légèrement les interrogations qui animent ceux et celles qui vivent dans des endroits si reculés qu’ils semblent plongés dans un autre temps.
D’ailleurs, la quatrième de couverture essaie de nous vendre du suspense en annonçant qu’une tempête approche tandis que l’enquête piétine. Mais cette tempête ne jouera aucun rôle dans l’histoire. Et la pression qu’elle induit sur les personnages n’a rien à voir avec le déroulement de l’enquête ou même les histoires personnelles du personnage principal. Et c’est bien dommage car c’est là que réside pourtant l’intérêt de ce roman : la banalité de l’enquête (pris au sens propre du terme, et sans sa connotation péjorative) met ainsi en exergue – par contraste – la partie privée de la vie d’Ari Thór.
C’est comme si l’auteur hésitait entre deux : roman personnel dans la vie d’un inspecteur ? Ou roman policier mettant en scène un inspecteur dont la vie privée vient empiéter sur ses affaires professionnelles ?
A force de ne pas choisir, le mélange n’a que peu de saveur.