Le rouge vif de la rhubarbe
de Auður Ava Ólafsdóttir

critiqué par Vinmont, le 2 mars 2021
( - 50 ans)


La note:  étoiles
Le rouge vif de l'Islande
Souvent aux beaux jours, Agustina grimpe sur les hauteurs du village pour s'allonger dans le carré de rhubarbe sauvage, à méditer sur Dieu, la beauté des nombres, le chaos du monde et ses jambes de coton.
C'est là, dit-on, qu'elle fut conçue, avant d'être confiée aux bons soins de la chère Nina, experte en confiture de rhubarbe, boudin de mouton et autres délices.
Singulière, arrogante et tendre, Agustina ignore avec une dignité de chat les contingences de la vie, collectionne les lettres de sa mère partie aux antipodes à la poursuite des oiseaux migrateurs, chante en solo dans un groupe de rock et se découvre ange ou sirène sous le regard amoureux de Salomon. Mais Agustina fomente, elle aussi, un grand voyage : l'ascension de la "montagne", huit centre quarante-quatre mètres dont elle compte bien venir à bout, armée de ses béquilles, pour enfin contempler le monde, vu d'en haut…
Ce livre éclaire à merveille l'œuvre de la grande romancière islandaise. C'est à la vie ordinaire qu'elle s'attache, sur cette île noire aux paysages crépusculaires, celle de personnages hors normes qui affrontent leur destinée avec une singulière drôlerie et une grâce incomparable. Car il y a toujours une embellie dans les nuits polaires de cette auteur.