Guerres invisibles: Nos prochains défis géopolitiques
de Thomas Gomart

critiqué par Colen8, le 1 juillet 2021
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Basculement du monde
Le modèle occidental de liberté, de démocratie, de droits de l’homme, de libre échange est discrédité aux yeux d’un nombre croissant d’Etats dont la plupart a sciemment décrété n’avoir ni besoin ni désir ni intention de s’y plier. Il se produit peu à peu une recomposition de la hiérarchie des puissances, Chine en tête visant ouvertement à terme le premier rang mondial tous domaines confondus. Elle se sait capable de mettre en œuvre quantité de stratégies d’alliances physiques et/ou de domination immatérielle dépassant l’usage de la force militaire. Thomas Gomart insiste ici sur les messages de son précédent opus(1).
Les Etats-Unis indifférents aux inégalités font usage de leurs atouts pour conserver leur place : le dollar encore monnaie de réserve pour longtemps, les méga plates-formes numériques captant la richesse sans redistribution, l’énergie fossile dont ils sont devenus exportateurs, la combinaison de puissance spatio-militaire et de cyber-sécurité comme moyens de surveillance et d’action à distance, les règles juridiques extraterritoriales pour mener la guerre économique, fausser la concurrence, mettre au pas les entreprises et les Etats récalcitrants.
L’Union Européenne toujours arrogante laisse filer ses moyens de peser dans la géopolitique des décennies à venir. Son recul international s’explique par ses divergences entre les pays du nord et ceux de la Méditerranée, entre les anciens de l’ouest et les nouveaux de l’est, par son inconséquence à remettre majoritairement sa défense entre les seules mains de l’OTAN, par sa chute démographique et son vieillissement insuffisamment compensés par l’immigration, par sa trop grande confiance dans les usages commerciaux régis par l’OMC et le respect des normes réglementaires de production.
(1) CL : L’affolement du monde – 10 enjeux géopolitiques – 2020