Le Cimetière des Saints de Richard Paul Russo
(The Rosetta codex)
Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique
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Ennui dans l'espace
Je vais me montrer très critique vis à vis de ce roman qui m'a beaucoup ennuyé, alors que j'accrochais au début (et avais apprécié La Nef des Fous) mais que j'ai fait l'effort de terminer. Attention aux spoil car il y en a.
Le Cimetière des Saints est un roman de science fiction qui m'aura largement laissé sur ma faim. L'auteur ne se donne pas les moyens de ses ambitions: le scénario semble promettre des retournements de situations ainsi que la résolution de nombreux éléments mystérieux, mais il n'en est rien. Comme dans La Nef des Fous, beaucoup de pistes restent lettres mortes et sont simplement prétexte à étoffer le roman, mais sans lui donner de l'épaisseur, car tout est assez décousu au final. L'attaque du vaisseau qui conduit au crash au début du roman, l'agression de Cal et sa marginalisation par la société qui l'adopte, le fait que le monde de Conrad soit scindé en deux par un ravin immense séparant repris de justice ostracisés et monde civilisé, les Resurrectionnistes, le pillage du village près du Barrage, Blackburn, le fait que Cal vienne d'une autre planète, les liens avec sa famille perdue, le rôle des Jaaprana sur les différents mondes évoqués, le pourquoi du comment de l'existence de cette race alien; tout ça, et j'en passe sûrement, reste tout simplement sans suite, survolé, sans profondeur.
L'effet sur le lecteur est simple: on a l'impression de lire une histoire écrite par quelqu'un qui l'invente au fur et à mesure et ne revient pas sur les morceaux d'idées semées au gré des chapitres.
Défaut suivant, d'un point de vue purement littéraire: le style est pauvre et fade. On pourrait dire efficace parfois, et c'est vrai que la première partie, lorsque Cal voyage et explore le continent (pourquoi, d'ailleurs ? ) se lit assez bien. Mais quand le roman s'enlise dans une trame de moins en moins crédible et poussive, et qu'en plus le style ne vient plus compenser en n'apportant rien d'agréable, on décroche.
(Je précise que j'ai lu la traduction, en laissant donc le bénéfice du doute à l'auteur quant au style).
Rejoignant cela, les personnages ont des répliques dans le plus pur style cliché; on se surprend parfois à lever les yeux au ciel (ces personnages diront à l'occasion qu'ils ne savent pas pourquoi ils font ce qu'ils font, mais que ça leur semble la bonne chose à faire. On s'enfonce dans les bons sentiments sauf qu'on ne comprend pas vraiment pourquoi, tant l'intrigue autour des Jaaprana est floue, ainsi le héros se retrouve à ressusciter une race d'aliens de 3m de haut en armure sans se demander si c'est vraiment une bonne idée, il sent que c'est le bonne chose à faire. C'est simple d'avoir des convictions, on se pose moins de questions.)
Les personnages, d'ailleurs, sont fades voire agaçants (passe encore pour Cal, ou Blackburn, prometteur puis finalement pas exploité): Sidonie, la mère de Cal, les deux frères dont l'un a des visions, Cicéron ... On ne s'attache pas du tout.
De manière plus anecdotique, personnellement, je n'ai pas apprécié la violence gratuite qui pointe parfois le bout de son nez. Combat au couteau entre esclaves bien détaillé, village pillé et habitants incendiés, le viol de Sidonie... Je dis gratuite, car je ne comprends pas du tout son utilité. Qu'on écrive la violence pour dénoncer, témoigner, soit, mais ici, on se demande si ce n'est pas juste pour amener un peu d'action, tout simplement.
Dans les précédents paragraphes se dessine en filigrane le défaut principal de ce roman, ce qui le sépare tout simplement de La Nef des Fous, qui souffrait en partie des mêmes défauts mais se trouvait être une lecture très agréable malgré tout:
Il n'y a pas de vrai scénario, ou en tout cas, il est d'une pauvreté affligeante. Si vous vous ennuyez dans ces décors peu détaillés et sans originalité, mais que comme moi, vous poussez jusqu'à la fin en espérant une conclusion qui remette en place toutes les éléments décousus de l'histoire, vous serez déçus. La quête de ce jeune homme perdu et orphelin ne fait aucun sens pour moi. Qu'une race d'aliens se soit cachée dans une autre dimension en s'en remettant à des livres de papier éparpillés dans des villages au milieu de la forêt, afin de se réincarner dans un festival technologique délirant, ne fait aucun sens pour moi non plus. Surtout, l'intérêt même de ces aliens et de leur réincarnation, au vu du contenu du roman, ne présente pas d'enjeu intéressant. De quoi parle t-on ? De la quête d'une vie stable et d'une famille retrouvée pour ce garçon bouleversé ? Ou du retour d'une race surpuissante d'extraterrestres finalement sans lien avec le reste ? On n'en sait rien, et pour Cal, tout ça se mélange, à tel point qu'il n'en sait sûrement pas grand chose non plus, à part qu'il est convaincu qu'il faut le faire.
Je déconseille aux férus de science-fiction, tout en leur conseillant La Nef des Fous du même auteur, afin de lui rendre justice malgré tout. Je dirais cependant qu'en ouvrage jeunesse, pour quelqu'un qui n'a pas trop creusé le genre, Le cimetière des saints peut se lire; dans ce cas, on se montrera peut être moins agacé devant son contenu éculé et sans réelle profondeur.
Les éditions
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Le cimetière des saints [Texte imprimé] Richard Paul Russo traduit de l'américain par Patrick Dusoulier avec la collaboration de Pierre-Paul Durastanti
de Russo, Richard Paul Dusoulier, Patrick (Traducteur)
Pocket / Presses pocket. Science fiction
ISBN : 9782266186636 ; 3,92 € ; 14/04/2011 ; 370 p. ; Poche
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