Par les champs et par les grèves
de Maxime Du Camp, Gustave Flaubert, Jean-Paul Gillyboeuf (Dessin)

critiqué par Vince92, le 7 août 2024
(Zürich - 46 ans)


La note:  étoiles
Ironie mordante
Flaubert nous livre un compte-rendu de son voyage en Bretagne en compagnie de son ami Marcel Du Camp. Ce dernier rédigera également sa partie et les deux textes seront fusionnés dans une édition assez tardive donnée au livre de poche en... 2012. Le texte de G.Flaubert, rédigé en 1847, ne paraîtra qu'en 1881, soit après la mort d'un des meilleurs prosateurs de la littérature française.
Survenu après son accident (les médecins aujourd'hui penchent pour une attaque nerveuse), ce voyage en Bretagne s'offre un peu comme une thérapie pour le futur auteur de Madame Bovary, chaussures aux pieds, bâtons en main, il parcourt le pays breton en visitant ses églises, ses châteaux, considérant ses habitants et jugeant des choses qu'il voit d'un œil ironique presque systématiquement. Seule l'évocation de Châteaubriant est empreinte de respect et de recueillement: Du Camp et Flaubert se rendront à Saint-Malo, sur le petit îlot du Grand Bé et dans la demeure familiale de Combourg.
Justement, cette ironie presque systématique est parfois fatigante même si le lecteur apprécie la plume de l'écrivain en devenir. Le bougre est habile mais se cache derrière cette dextérité une âme troublée qui se révèle avec la critique presque systématique de ses contemporains... sans être méchant, on voit que le jeune homme est un rebelle, il cherche sa place et ne l'a encore pas trouvée: par conséquent il critique ses contemporains et ses prédécesseurs.
Attitude composée dans la mesure ou l'on comprend qu'il a apprécié ce voyage, une sorte d'aventure que bientôt il renouvellera, bien plus loin, en Orient.
Un texte intéressant, sans comparaison avec les romans mais qui tout de même mérite d'être lu.