Les Survivants
de Alixe

critiqué par Fanou03, le 11 avril 2021
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Après la Guerre
Les fanfictions sont ces textes inspirés directement d’un univers littéraire, écrit par des passionnés. Ces « exercices de style » permettent à la communauté de fan de continuer à faire vivre leurs personnages préférés, y compris des personnages secondaires, indépendamment de ce qu’en a décidé de faire l’auteur d’origine. La saga Harry Potter est souvent considérée comme celle inspirant le plus grand nombre de ces fanfictions. Parmi elles se détachent parfois des projets d’une singulière ambition et d’une qualité supérieure à la moyenne.

C’est le cas avec le projet d’Alixe qui a voulu imaginer ce qui a pu se passer entre la fin des Reliques de la Mort et le prologue de ce même volume (« Dix-neuf ans plus tard »). On peut dire que l’autrice s’est prise au jeu puisqu’elle a rédigé une remarquable fanfiction, nommé « Harry Potter 73/4 » représentant quatre tomes de près de cinq cents pages chacun…Le premier volume de cette tétralogie, Les Survivants , commencent directement après la terrible bataille de Poudlard. L’ambiance n’est pas au beau fixe : les sorciers enterrent leurs morts (Fred Weasley en particulier), les purges commencent pour traquer les partisans de Voldemort. Harry se retrouve de plus quant à lui avec une nouvelle responsabilité, celle d’être le parrain de Teddy, le fils de Remus Lupin et Nymphadora Tonks.

Quel plaisir, pour qui a apprécié la saga de J.K Rowling, de retrouver cet univers dans un récit d’une tel qualité. Alixe s’est efforcé de toute évidence de respecter autant que faire se peut le « canon » de l’univers, comme le prouve ses notes sur ses choix narratifs. Elle a fait pour le mieux pour caler son style sur celui de l’autrice britannique : beaucoup de dialogue, de la gravité (surtout dans ce tome), de l’humour aussi, ce qui fait que l’histoire reste parfaitement lisible pour le public initial auquel est destiné Harry Potter.

Faute d’un véritable « scénario » avec un « grand méchant » jouant le rôle d’un Voldemort, ce volume se construit surtout sur l’exploration des relations entre les personnages, et c’est bien mieux comme cela, car c’est une grande réussite. On y voit par exemple une Ginny en jeune femme indépendante qui essaie de s’affranchir de la célébrité encombrante de Harry, celui-ci ayant toujours des réflexes de protection très masculin (voir le passage où elle lui dit qu’elle va devenir joueuse professionnelle de quidditch) ; on y voit aussi la confrontation de Percy avec ses frères ; le deuil douloureux de Georges…Comme je l’ai dit l’humour n’est pas du tout absent, malgré la gravité du début du roman : je pense à ce passage extraordinaire où la famille Weasley propose avec facétie à Hermione des noms plus vendeur Société d’Aide à la Libération des Elfes de Maisons (la S.A.L.E...) : c’est un festival d’acronymes dont leur signification est plus drôle les unes que les autres (y compris le P.R.O.P.R.E…).

Ce premier volume était un virage délicat à prendre entre la saga officiel et la suite imaginée par Alixe. Je pense qu’elle a évité la plupart des écueils et des pièges, je suis admiratif de son travail. Le récit est certes peut-être plus riche en émotion qu’en action et en intrigue pure : néanmoins Harry ayant intégré le Département des Aurors (les policiers du Monde Sorcier), cela permet de dynamiser l’histoire à travers sa formation et ses premières enquêtes, dans lesquelles la menace des derniers partisans irréductibles de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.