Lumière d'été, puis vient la nuit
de Jón Kalman Stefánsson

critiqué par Alma, le 17 avril 2021
( - - ans)


La note:  étoiles
Dans le coeur des hommes
Si LUMIERE D'ETE PUIS VIENT LA NUIT est le dernier roman de Jon Kalman Stefansson traduit et publié en France, il a cependant été publié en Islande en 1996 il y a 16 ans.

Un village, celui-ci n'a pas de nom, et c'est au travers de huit de ses habitants que le narrateur va lui donner vie. Il se sent proche d'eux, il les comprend, il interprète leurs regards, leurs gestes. Si, au lieu du JE traditionnel du narrateur, il utilise le NOUS, c'est qu'il se sent membre de cette communauté villageoise que pourtant aucun événement important ne vient bouleverser.

De quoi alors est fait ce roman ?
De l'analyse du cœur de ces hommes , c'est là la matière de tous les romans de Stefansson .
J'ai retrouvé ici ce que j'ai toujours apprécié dans chacun de ses 6 ouvrages déjà traduits en France. L'habile dosage narration/réflexion dans la chronique de ce village.
Une écriture qui mêle étroitement le narratif et le questionnement sur le progrès, sur le sens de la vie, sur la condition humaine .
Une galerie de personnages attachants, touchants par leurs failles ou leurs faiblesses, présentés avec une tendresse qui n'exclut pas l'humour.
Un récit ponctué d'adresses au lecteur, pris à témoin, comme englobé dans la réflexion de l'auteur, par l'utilisation d'un NOUS à valeur universelle.
Enfin, la douceur d'une écriture à dimension poétique dont les échos subsistent une fois la lecture terminée . Un exemple parmi bien d'autres «  Il en va souvent ainsi, le Monde déborde de rêves qui jamais n 'adviennent, ils s'évaporent et vont se poser telles des gouttes de rosée sur la voûte céleste et la nuit les change en étoiles. »

Ce roman m'est apparu comme portant en germe tout ce qui s'épanouira dans les romans ultérieurs.de Jon Kalman Stefansson . Puisse Eric Boury, son traducteur attitré nous offrir prochainement le plaisir de découvrir ses tout premiers romans parus entre 1996 et 2005 .
Partagé 8 étoiles

Au moment où j’ai refermé définitivement ce petit livre, j’étais littéralement partagé.
Partagé entre un enthousiasme et une admiration pour cette œuvre à certains moments terriblement attachante, drôle et originale et une certaine frustration lors des passages du livre où l’auteur passe d’un personnage à l’autre sans crier gare ou effectue des ruptures de ton ou de style parfois à l’intérieur même d’un paragraphe. Et cela m’a parfois mis dans un réel « inconfort ».

Le livre se passe donc en Islande dans un petit village de 400 âmes et montre le côté vain, inutile de l’existence. Donc, Stefánsson ne cherche pas à montrer qu’il y a tout de même un sens à notre condition humaine, à la vie de ses personnages mais montre et remontre sa vacuité. D’ailleurs, les moments clés que vivent les nombreux personnages sont à tous les coups baignés dans l’alcool et sont généralement tournés vers leur vie sexuelle ou sa recherche.
Cela donne pourtant des pages truculentes, immensément amusantes à côté d’autres lignes superbes de poésie mais aussi d’un pessimisme définitivement.
A lire néanmoins.

Ardeo - Flémalle - 77 ans - 20 décembre 2024