Ces orages-là de Sandrine Collette
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Une femme sous emprise
Clémence a vécu 3 ans sous l'emprise de Thomas, un homme pervers, un sinistre prédateur qui a fait d'elle la victime de jeux malsains. 3 ans avec lui « à vivre dans une cage qu'il a refermée insidieusement» brisant peu à peu les liens qui l'unissaient au monde, faisant d'elle «une serpillière» En alternant douceur et violence, il jouait
au « prince charmant sauveur d'une princesse» mais il n'était qu'un chasseur jouissant de traquer son gibier.
Clémence a réussi à lui échapper et se terre à présent dans une maison à son image «toute pourrie», au milieu d'un jardin envahi de broussailles . C'est pour elle «un nid, un cocon ».
Même après leur rupture, Thomas est toujours présent dans son esprit , d'une «présence volatile, insaisissable , permanente» . C'est pourquoi, elle n'a cesse de courir ou de pédaler pour se cacher dans son «terrier» en rentrant de son travail. Timide, mal dans sa peau, repliée dans son mal-être, ayant perdu contact avec sa mère, Clémence tente lentement de se reconstruire , notamment grâce à la présence bienveillante d'un voisin. Mais en espérant la sauver, celui-ci n'aurait-il pas «enfanté un monstre» ?
Sandrine Collette, contrairement à plusieurs autres de ses romans, n'a pas placé son intrigue dans un univers lointain, dépaysant. Plus de grands espaces, plus de situations extrêmes. Elle aborde ici le problème d'une jeune femme d'aujourd'hui: d'une femme sous influence, victime de jeux malsains. Aurait-elle sacrifié à l'air du temps, celui des romans traitant des relations à l'intérieur du couple, de la question de la résilience ?
Quoi qu'il en soit, CES ORAGES LA se présente avant tout comme un thriller psychologique qui interroge la part d'animalité dans l'homme et les rapports dominant/dominé, maître/esclave. Il possède tous les ressorts de ce genre : atmosphère de malaise et de peur sourde, terreur, tension constante, dénouement inattendu .
La lecture de ce roman glaçant m'a fait l'effet d'un véritable uppercut, je l'ai lu, comme essoufflée, le cœur battant à la vitesse de celui de l'héroïne. L'écriture syncopée de Sandrine Collette, avec ses torrents de mots, ses reprises , ses constructions hasardeuses, traduit parfaitement l'angoisse perpétuelle à laquelle est soumise son personnage .
Un roman que j'ai lu en apnée.
Une fois de plus, Sandrine Collette m'a prise au piège, et ce, dès les premières pages particulièrement haletantes
Les éditions
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Ces orages-là
de Collette, Sandrine
J.-C. Lattès
ISBN : 9782709668521 ; 20,00 € ; 06/01/2021 ; 300 p. ; Broché
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Réapprendre à vivre après une relation toxique
Critique de Malic (, Inscrit le 9 décembre 2005, 83 ans) - 4 février 2022
Clémence, trente ans, a vécu avec Thomas une relation qui s’est révélée cauchemardesque. Thomas est un pervers narcissique, un manipulateur qui prend plaisir à rabaisser sa femme, à la persuader qu’il lui est supérieur en tout, que sans lui elle n’est rien. Il a fait d’elle une esclave à qui il impose des jeux cruels et terrifiants. Il l’a coupée de sa mère, dont elle était très proche, ainsi que de ses relations. D’ailleurs vu de l’extérieur Thomas est le mari idéal, beau, riche, charmant, comment oserait-elle se plaindre ? Elle n’est restée en contact qu’avec son amie Manon, à qui elle a continué à téléphoner en cachette.
A deux reprises déjà, Clémence a tenté de fuir mais Thomas a réussi à la convaincre de revenir. La troisième fois semble la bonne ; avec ses maigres moyens financiers elle a acheté une maison « petite et laide » flanquée d’un jardin à l’abandon. Libérée de Thomas, Clémence reste pourtant infiniment fragile. Le retour à une vie normale est difficile. Elle a trouvé un travail dans une boulangerie, mais elle communique très peu avec ses collègues. Elle est hantée par la peur que Thomas la retrouve ou qu’elle-même revienne, tant il l’a conditionnée à ne plus exister en dehors de lui, générant un sentiment proche du syndrome de Stockholm.
Clémence est partagée entre la peur et le désir de réapprivoiser la vie et pour commencer, le jardin, le petit chat qui y rôde, et le voisin, ce vieil homme qu’elle aperçoit de l’autre côté de la clôture. Les scènes d’exploration du jardin sont très belles et très étranges.
La grande force de ce roman, outre de démonter la mécanique d’une relation toxique, c’est sa tension constante, l’intensité de la menace qui continue à peser dont on se demande si la jeune femme parviendra à échapper pour de bon. L’histoire est presque entièrement racontée de son point de vue, le style est haché, haletant, avec des phrases qui parfois restent en suspens, des entorses à la syntaxe et à la ponctuation, reflet la peur et l’état de confusion.
C’est le premier roman Sandrine Collette de que je lis. J’ai beaucoup aimé et nul doute que je reviendrai à cet auteur à la première occasion.
La terreur
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 5 novembre 2021
Petite, elle se sentait déjà différente ; bonne élève, elle n’avait pas d’amis. Puis, c’est sa maigreur qui l’écartait des autres filles ; elle est devenue transparente.
Thomas tellement gentil, beau et riche. Qui pourrait la croire ?
Transparente dans les magasins dans la rue, et même de son voisin qu’elle voit chaque jour arroser son jardin à travers la haie.
C’est le récit d’une manipulation terrifiante, de la difficulté de survivre à une destruction aussi totale.
"Une rupture , a murmuré Clémence. D’accord, pense Gabriel. Mais pas n’importe quelle rupture. Quelque chose d’énorme. Une relation toxique, terrible, féroce ? d’accord encore. Pas seulement l’emprise. Pas seulement la crainte et l’humiliation. Quelque chose de plus grand…la terreur."
Avec toujours autant de puissance Sandrine Collette livre un récit oppressant, maintenant jusqu’aux dernières pages une pression constante.
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