Le Haut-Fer de José Giovanni
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Voyages et aventures
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Tensions en scierie
"Le Haut-Fer", c'est un roman publié en 1962 par José Giovanni, et qui sera adapté au cinéma, par Robert Enrico, en 1965, sous le titre plus vendeur de "Les Grandes Gueules", avec Lino Ventura, Bourvil et, dans des rôles secondaires, Michel Constantin, Jess Hahn, Pierre Frag, Jean-Claude Rolland et Marie Dubois.
Autant le dire tout de suite et en frustrer, peut-être, quelques uns : n'ayant pas été réédité depuis des éons, ce livre, par la suite publié sous le titre du film, est aujourd'hui franchement difficile à se procurer à bas prix.
C'est d'autant plus dommage qu'il s'agit d'un très grand roman, qui tient, comme le film qui en a été tiré (et qui, avec son scénario signé Enrico et Giovanni, adapte plutôt très bien le roman, malgré des différences, notamment vers la fin), à la fois de la chronique sociale, du drame, du film d'aventures et du polar psychologique.
Hector Valentin revient du Canada où il a bossé notamment comme orpailleur, et ce, afin de revenir sur ses terres natales, dans les Vosges, afin d'hériter de la scierie traditionnelle de son père. Il est à peine revenu dans la scierie abandonnée qu'il reçoit, de la part d'un plus gros exploitant forestier local une proposition de rachat, qu'il refuse : il compte bien relancer le haut-fer (lame de coupe) paternel et reprendre le flambeau, quitte à se faire un ennemi de ce rival. Ne trouvant personne de fiable pour venir bosser chez lui (le mot a été passé...), il engage Laurent et Mick, deux inconnus, venus quémander du boulot chez lui suite à la recommandation de l'aubergiste du coin, qui a toujours beaucoup aimé Hector. Les deux inséparables, assez différents (Laurent est un taiseux, Mick un volubile qui n'arrête pas de jouer et de tricher aux dés), sortent de prison, ils le lui disent, mais il les engage quand même.
Peu de temps après, ils lui proposent d'engager une dizaine de prisonniers en conditionnelle, afin de les aider à se réinsérer, et afin qu'ils l'aident à ce que la scierie retrouve un standing convenable. Ces taulards plutôt sympathiques mais parfois ingérables vont certes lui causer des soucis de temps en temps, mais grâce à ces ''grandes gueules'', il va en effet devenir un concurrent sérieux pour Casimir, son rival/ennemi...
L'écriture est sèche et directe. Comme un autre chroniqueur l'a dit sur le site au sujet d'un autre roman de Giovanni ("Le Gitan", je crois), c'est du basique, sujet-verbe-complément. Giovanni est un conteur plutôt qu'un écrivain de métier, on ne reviendra pas sur le début de sa vie, rocambolesque, et qui est connu de tous. S'il a si bien su parler des loubards, des malfrats, des taulards, c'est parce qu'il en a été un. Il a aussi et surtout été un très bon réalisateur, un excellent scénariste et écrivain, qui allait droit au but et construisait des histoires simples avec des personnages simples. Pas de recherche psychologique intense, pas de longues descriptions du personnage. Quand la femme de Mick déboule à la scierie, Giovanni nous dit, direct, sans même la présenter, qu'elle s'appelle Christiane. Une ligne avant de lire son prénom, le personnage n'est pas encore apparu dans le livre. Et hormis la couleur de ses cheveux, le prénom est tout ce que l'on saura d'elle, du moins au début, le reste est en sous-entendu, en fonction de ses dialogues.
Même chose pour le reste des personnages, y compris Hector, dont on sait qu'il revient du Canada par quelques phrases, mais combien de temps est-il resté là-bas, mystère, et si je dis plus haut qu'il a été orpailleur, il a peut-être, aussi, fait autre chose, mais on l'ignore.
Giovanni n'était pas Victor Hugo ou Stendhal, il ne s'intéresse qu'à ce qu'il compte nous raconter, et c'est vrai que son style terriblement simple et direct pourra en frustrer quelques-uns. C'est pour ça que je ne donne pas la note maximale, même si, dans mon coeur, elle y est. J'ai toujours adoré le film, et je voulais absolument lire le livre. Après une lecture, je savais tout de suite qu'il y en aurait d'autres.
C'est simple (sa sécheresse, sa simplicité, me fait un peu penser à "L'Or" de Cendrars), mais parfois, on n'a pas besoin d'autre chose.
Les éditions
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Les Grandes gueules
de Giovanni, José
Gallimard
ISBN : 9782070364633 ; 32,00 € ; 17/10/1973 ; 256 p. ; Poche
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