Les espions du Vatican: De la Seconde Guerre mondiale à nos jours
de Yvonnick Denoël

critiqué par Colen8, le 11 juin 2021
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Sans foi ni loi
La révolution bolchevique ressentie comme un séisme sans pareil par la hiérarchie catholique du Saint-Siège a vite été considérée comme une menace à éliminer derrière une neutralité politique de façade. A cet égard l’autre totalitarisme, fasciste, qui a gagné une partie de l’Europe dans l’entre-deux guerre jusqu’à la défaite du nazisme hitlérien n’a pas suscité à Rome une mobilisation équivalente malgré les atrocités génocidaires connues dès 1942. La lutte anti-communiste devenue une priorité des services secrets américains de la CIA a dès lors été coordonnée avec les démocraties occidentales très affaiblies qu’il fallait protéger à tout prix d’une bascule analogue à celle de l’Europe de l’Est. En retour des taupes du camp progressiste ont réussi à infiltrer le personnel du Vatican considéré comme une menace mais pas toujours à l’abri de scandales.
Les sept pontificats successifs de la fin de celui de Pie XI à François sont ainsi analysés et commentés à la lumière d’ouvrages multiples et d’archives : dépêches diplomatiques, mémoires de témoins dignes de foi, procès engagés contre des criminels de guerre allemands et croates exfiltrés en masse vers l’Amérique latine, dossiers des polices secrètes d’ex-URSS et républiques sœurs. Les initiatives missionnaires des jésuites, les filières de monastères pour cacher des Juifs pendant les hostilités, pour prendre en charge les nazis vite recyclés en agents de la CIA et du M16 britannique une fois la paix revenue n’auraient pas pu avoir lieu sans un accord tacite du Vatican ni un financement généreux des Etats-Unis immédiatement engagés dans la guerre froide. Des ordres et des mouvements laïcs agissant de façon pas toujours très catholique s’en sont mêlés.
La fin de l’URSS est à mettre à l’actif de Jean-Paul II, son soutien irréductible au syndicat polonais Solidarnosc ayant été décisif dès son élection. Les actions clandestines de prêtres et d’évêques, nombre d’entre eux étant devenus martyrs de la foi, y ont largement contribué. Malheureusement il y a eu des débordements financiers, des valises d’argent liquide circulant sans limite alimentées par les services secrets avec l’appui de la hiérarchie catholique américaine jusqu’à faire de la banque vaticane un paradis fiscal et un centre opaque de blanchiment d’argent sale. L’image de l’Eglise déjà écornée l’a été encore plus avec les révélations sur la vie privée du clergé proche de la papauté puis les plaintes pour pédophilie devant la justice. Les derniers papes n’ont pas su ou pas réussi à faire accepter les réformes de la curie attendues par la communauté des croyants restés fidèles.