Le Carnaval des ombres de R. J. Ellory

Le Carnaval des ombres de R. J. Ellory
(The Carnival of shadows)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Clubber14, le 23 juin 2021 (Paris, Inscrit le 1 janvier 2010, 44 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 807ème position).
Visites : 3 612 

Quand le pouvoir de l'esprit est à son paroxysme

Présentation de l’éditeur :

1958. Un cirque ambulant, avec son lot de freaks, d'attractions et de bizarreries, vient de planter son chapiteau dans la petite ville de Seneca Falls, au Kansas. Sous les regards émerveillés des enfants et des adultes, la troupe déploie un spectacle fait d'enchantements et d'illusions. Mais l'atmosphère magique est troublée par une découverte macabre : sous le carrousel gît le corps d'un inconnu, présentant d'étranges tatouages.
Dépêché sur les lieux, l'agent spécial Michael Travis se heurte à une énigme qui tient en échec ses talents d'enquêteur. Les membres du cirque, dirigés par le mystérieux Edgar Doyle, ne sont guère enclins à livrer leurs secrets. On parle de magie, de conspiration. Mais l'affaire va bientôt prendre un tour tout à fait inattendu.

Avec cette magnifique évocation de l'Amérique rurale de la fin des années 1950, R. J. Ellory nous offre, une fois de plus, un roman qui touche en plein coeur.


Mon avis :

Cela est probablement différent pour chaque lecteur mais pour ma part j’ai une certitude : la certitude qu’en commençant la lecture d’un nouvel Ellory je ne pourrais pas être déçu. Ses nombreux autres livres publiés en français (une douzaine) m’ont toujours scotchés. Quel que soit le thème, quel que soit le contexte, je sais que l’histoire, les personnages et les sentiments que je vais ressentir vont être à la hauteur de mes attentes.

Ce nouvel opus me laisse un sentiment étrange et mitigé, raison pour laquelle j’aimerais dissocier la plume, les sentiments et la morale d’un côté de l’intrigue et de l’histoire de l’autre côté.

Sur la première partie, j’ai retrouvé dans ma lecture tous les ingrédients qui font qu’Ellory est l’un de mes auteurs de polars et romans noirs préférés. L’écriture est fluide, tranchante, les personnages sont profonds, ils ont une véritable histoire, leur caractère et leur sentiments sont le fruit de leur passé et ça, Ellory n’a pas d’égal pour le transmettre, au contraire de nombreux autres auteurs de polars dont les personnages sont assez plats il faut bien le dire. Ainsi, le lecteur peut s’identifier aux personnages, entrer dans leur tête pour comprendre leurs réflexions et leurs actes, il peut rire, pleurer, s’émouvoir en fonction des évènements, discussions et rebondissements qui jonchent le roman. Et c’est là la principale force de l’auteur. Ensuite la morale car oui chaque roman d’Ellory fait ressortir une morale qui va inciter le lecteur à faire une certaine introspection. En l’état dans ce roman les questions que l’on se pose une fois la lecture achevée seraient « à quel point ma vie est le fruit de mon enfance ? », « dois-je être dans un contrôle permanent de mes actes et de mes sentiments ou dois-je lâcher prise de temps en temps et laisser ma vie me guider ? », « dois-je toujours tout pouvoir expliquer ou certaines choses doivent-elles rester secrètes et inexpliquées ? ». Les réponses à ces questions dépendront de chaque lecteur bien sûr et pour ma part elles me permettent de me remettre en cause sur certains aspects de ma vie.

Sur la seconde partie, l’histoire en tant que telle, je serai un peu plus concis. Si l’idée générale de l’histoire est très bonne (un agent spécial du FBI se rend dans un village de campagne au Kansas pour enquêter sur un meurtre, meurtre qui a eu lieu dans un cirque dont les artistiques sont tous plus énigmatiques les uns que les autres) j’y ai vu un côté « too much ». Too much essentiellement sur l’aspect complotiste et anti-gouvernemental et too much sur les super pouvoirs de certains personnages. Si je ne doute pas de la force, parfois secrète, des gouvernements (le gouvernement US en l’occurrence) et de leur capacité à parfois faire taire ou disparaître des gens gênants, l’imbrication de tous les bureaux, agences, franc-maçonnerie, etc… avec les objectifs (exposés ou secrets) de chacun et les rouages entre eux m’a semblé un peu tiré par les cheveux et est venu quelque peu assombrir ma lecture.

En tout état de cause, ce livre est encore un coup de maître d’Ellory, qui reste, selon moi, l’un des meilleurs auteurs de polars de sa génération.

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sous la tente

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 8 juillet 2023

Un choc ! Si vous voulez connaître la terrible réalité se cachant derrière les activités officielles du Federal Bureau of Investigations, la police fédérale des États-Unis, lisez "Le carnaval des ombres", ce brûlot toujours d’actualité. Cette réalité, Michael Travis, une jeune recrue à qui l’on a confié une mission ultraconfidentielle, va la découvrir à son corps défendant. On est à la toute fin des années 1950, à l’époque du Maccarthysme triomphant, sous la houlette du diabolique John Edgar Hoover. Un cadavre non identifié est retrouvé caché sous le manège du "Carnaval Diablo", un petit cirque récemment installé dans une petite ville du Kansas. On demande à notre agent spécial, affublé pour l’occasion du titre ronflant de "senior", d’identifier le mort et déterminer sa provenance afin de savoir s’il peut s’agir d’une enquête fédérale (dépassant les limites de l’état). Les personnages se multiplient à la faveur des investigations patiemment menées par notre détective en herbe, mais le couple qu’il forme avec Edgar Doyle, le directeur du cirque, ressort très nettement. Deux êtres que séparent l’âge et le vécu, un parcours initiatique qui va faire ressurgir un passé que Michael aurait préféré oublier pour se plonger à corps perdu dans un travail qu’il croit fermement être au service de l’humanité. R.J. Ellory tisse sa toile en nous faisant découvrir, par le truchement de son héros, tout un pan caché de ce que l’on a appelé, à tort ou à raison, "l’impérialisme américain", ce besoin d’intervenir partout dans le monde pour sauvegarder, quel qu’en soit le prix, les valeurs du "monde civilisé".

Cas de conscience

8 étoiles

Critique de Martell (, Inscrit le 27 février 2004, 61 ans) - 23 novembre 2021

Entièrement d'accord avec la critique principale. C'est très fort le cheminement des émotions du personnage principal Michael Travis, faut dire qu'une enfance aussi tragique ne peut que laisser des traces. Il a eu au moins le bonheur de goûter très jeune aux plaisirs de l'amour, trop jeune ? Quoi qu'il en soit il devient un agent détective exemplaire et une mission l'attend pour monter les échelons supérieurs du FBI.
Nous sommes à l'époque où planent encore les restes du maccarthysme et ceux qui sont amenés à coopérer avec les autorités peuvent craindre des problèmes.
Dans ce roman ce sont les membres d'un immense cirque ambulant qui deviennent tous suspectés du meurtre d'un type "inconnu" que Michael devra identifier puis découvrir qui a tué cet homme.

Mais l'important pour moi est ailleurs, comme la rencontre entre l'esprit cartésien de l'agent spécial et l'atmosphère délirante et quasi fantastique des gens du cirque. Car au-delà de l'enquête qui deviendra de plus en plus étrange, ce qui m'a interpellé c'est l'obsession cachée de Michael, une puissante crainte intérieure d'être aussi violent que fut son père.

Oui il y a un soupçon de complotisme un peu trop appuyé, mais pas au point de perdre le plaisir de ma lecture.

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