Jean + Paul = Jean-Paul

Troisième roman de Michel Tournier, "Les Météores" est sorti en 1975. Tournier, entre ce roman et son précédent ("Le Roi Des Aulnes"), a connu une vraie consécration : Prix Goncourt à l'unanimité en 1970 pour "Le Roi Des Aulnes" et intronisation, deux ans plus tard, au sein de l'Académie Goncourt.
Ce roman devait, j'imagine, être assez attendu : le successeur de son roman goncourtisé, c'est pas rien.
Avec 625 pages (en poche), "Les Météores" est, il me semble, et de loin, le roman le plus épais de Tournier. C'est d'ailleurs la principale chose à lui reprocher, le livre est trop long (et il se perd un peu trop dans le métaphysique, notamment dans sa dernière partie).
Malgré tout, c'est un très bon roman, qui raconte en gros (car le livre est assez dense et pullule de personnages, et il ne faudrait pas le réduire à son postulat de départ) l'histoire de deux jumeaux, Jean et Paul, nés au début des années 30, tellement fusionnels et semblables qu'on les appelle Jean-Paul, qu'ils se considèrent comme une seule et même personne dans deux corps humains. Ils ont des jeux qui n'appartiennent qu'à eux, ont leur propre langage codé (l'éolien), limite ne savent plus trop qui est qui entre eux, tellement ils sont pareils, et ne voient la vie qu'en tant que jumeaux (ils appellent "sans-pareil" ceux qui, nombreux, n'ont pas de frères ou de soeurs jumeaux/jumelles). A l'âge adulte, Jean va vouloir se marier. Paul ne l'accepte pas, fait capoter la liaison. Jean, en colère, part, seul, pour Venise, lieu du voyage de noces avorté. Et il va traverser le monde, avec Paul qui, avec un temps de retard, le file à la trace, tentant de le retrouver, ne pouvant vivre convenablement sans lui...
Parallèlement, on suit aussi les aventures de leur oncle (frère de leur père), Alexandre, qui dirige une société de destruction des déchets et assume pleinement une homosexualité débridée, en vrai dandy...

Le roman est super bien écrit (Tournier), l'auteur en profite pour faire une ou deux allusions à ses précédents romans : le chien d'Alexandre s'appelle Sam parce qu'il l'a trouvé un samedi (allusion à Robinson et Vendredi), et le "héros" du "Roi Des Aulnes", Abel Tiffauges, garagiste parisien de son état, apparaît, sans être nommé (mais une note en bas de page est explicite, c'est bien lui), dans une scène située vers le début du livre.
Parfois un peu confus, et presque chiant dans sa dernière partie, un peu trop dilué surtout (625 pages...), ce roman est à lire si on aime Tournier. Mais ce n'est pas recommandé de le lire pour découvrir cet auteur, en revanche.

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  Les Météores

  de Tournier, Michel
  Gallimard / Folio
  ISBN : 9782070369058 ; 10,30 € ; 07/12/1977 ; 628 p. ; Poche

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