La Forêt sombre
de Ci xin Liu

critiqué par Romur, le 10 juillet 2021
(Viroflay - 51 ans)


La note:  étoiles
Science, sociologie et stratégie
J’avais été littéralement happé par Le problème à trois corps, premier tome de la série et découverte pour moi de la SF chinoise.
L’humanité a établi pour la première fois le contact avec une civilisation extraterrestre, et une poignée d’idéalistes collaborateurs leur a donné les clés pour venir s’installer sur Terre. Au premier tome, l’humanité a remporté une première bataille en neutralisant l’essentiel de ce groupe, mais il est trop tard et l’invasion est en route. Dans ce deuxième tome, les générations suivantes préparent la défense.
Le roman est basé sur une idée originale : pour échapper aux systèmes d’écoute et d’observation des trisolariens, le Conseil de défense désigne quatre hommes, quatre stratèges, qui doivent mener une réflexion solitaire pour organiser un plan. D’immenses moyens sont mis à leur disposition, à eux de les utiliser tout en brouillant les pistes pour que l’idée de manœuvre ne puisse être devinée. On sent que l’Art de la guerre de Sun Tzu n’est pas loin !
L’univers imaginé ici est plus technologique, plus futuriste que dans le tome 1 puisque se situant dans l’avenir. Je l’ai trouvé à ce titre moins prenant et convaincant que le premier tome. A la fois un récit de hard sf qui aurait oublié de consolider ses bases scientifiques (la fameuse gouttelette notamment que rien n’explique). Et d’autre part pas d’originalité dans les technos mises en œuvre. Il faut dire que les trisolariens ayant parasité notre recherche scientifique, Liu Cixin n’est incitée à aller chercher très loin.
Autre faiblesse, le côté deus ex machina qui permet à un stratège génial et dilettante de renverser la situation à la fin sur un coup de théâtre : un peu trop facile.
On peut regretter aussi la faiblesse psychologique et le manque d’épaisseur des personnages (on sent le conformisme discipliné de la société communiste). Heureusement, Shi Qiang hante encore un peu les pages et apporte, avec moins de conviction qu’au tome 1, son approche non conventionnelle.
Néanmoins, le lecteur est tenu en haleine par les rebondissements, des prises de recul et des mises en perspectives.
Parmi les questions intéressantes « Que peut bien valoir le monde dans quatre siècles par comparaison à ma vie d'aujourd'hui? » Et donc quelle incitation à investir massivement au détriment du confort des populations présentes ? Comment combattre le défaitisme ? Peut-on tolérer ceux qui préparent des plans d’évasion pour s’enfuir plutôt que rester pour combattre ?
Je ne regrette pas de l’avoir lu, mais ça ne me donne pas forcément envie d’acheter le 3ème opus de la trilogie.