Anne Marie de Lucien Bodard
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La mère absente
Lucien Bodard était un journaliste et écrivain français, surtout connu pour son travail de journaliste (il a notamment couvert la guerre d'Indochine) et pour son faciès de baroudeur à la Blaise Cendrars.
Né en Chine au début du XXème siècle, son père était Consul de France dans ce pays. A l'âge de 10 ans, Lucien et sa mère Anne Marie débarquent en France, elle pense que la Chine a une trop mauvaise influence sur l'éducation de son fils et veut le confier à une école privée très réputée, en Normandie. Elle veut, aussi et surtout, s'émanciper de son mari (qu'elle méprise et dont elle parle comme d'un raté à son fils) et devenir une femme du monde, de la bonne société parisienne. Son fils la gêne pour ça, d'où l'internat, d'ailleurs.
"Lulu le Chinois" est, à son âge, raide dingue amoureux transi et platonique (oedipien) de sa mère, et ce départ pour l'internat des Sources (des Roches, dans la réalité ; de même que dans le livre, c'est Bonnard et pas Bodard) est vécu par lui comme une trahison, une humiliation, un abandon, surtout qu'elle ne viendra pas le voir une seule fois jusqu'aux vacances, et qu'aux vacances, elle sera uniquement occupée de conserver la bonne position sociale qu'elle a réussi à obtenir grâce à des relations politiques de son mari : un couple dont la femme est raide jalouse et méprisante envers Anne Marie, et un homme secrètement amoureux d'Anne Marie, apparemment (et en tout cas, c'est surtout l'inverse qui est vrai).
C'est le sujet de ce roman autobiographique sorti en 1981, qui a obtenu le Prix Goncourt la même année, et qui est le troisième volet d'un cycle autobiographique sur l'enfance de Bodard (les deux précédents opus sont "Monsieur le Consul" et "Le Fils du Consul"). N'ayant pas lu ces deux précédents opus, je me demandais, au moment de commencer la lecture de cet "Anne Marie" que je n'ai lu que parce qu'il a été goncourtisé et qu'en ce moment, c'est mon défi, je découvre le plus de Goncourts possible, je me demandais si c'était une bonne idée de le lire d'un coup au lieu d'essayer de lire, avant, les tomes 1 et 2. Notons au passage que rien, sur le livre, la page de garde, la tranche, rien nulle part ne précise que c'est le tome 3 des "mémoires" de Bodard (je parle de l'édition originale). Résultat des courses après lecture des 418 pages du livre : on peut, je pense, parfaitement apprécier ce roman si on n'a pas lu les précédents (même si j'imagine que c'est quand même mieux de les avoir lus), car ce n'est pas compliqué à suivre, il n'y a d'ailleurs pas de renvois de bas de page aux précédents tomes, genre "voir "Le Fils du Consul", aux mêmes éditions".
L'écriture n'est pas immense, elle est très correcte mais parfois un peu logorrhéique, et il est au final difficile de pleinement se passionner pour cet histoire d'enfant presque gâté (une enfance de rêve en Chine ; un peu comme, dans "Empire du Soleil", l'enfance de Jim, au début du livre et du film) qui découvre la dure vie à la française, dans un internat, et qui voit sa mère qu'il idolâtre s'éloigner de lui, reconnaissons qu'elle est, quand même, souvent, assez froide, indélicate, presque cruelle et assez égoïste. Mais autre temps, autres moeurs, ce roman se passe vers 1925... Lucien Bodard tisse un portrait de femme sublime, une femme qu'il ne peut s'empêcher d'admirer et d'adorer malgré tout ce qu'elle lui a fait.
C'est parfois un peu lent, mais dans l'ensemble, c'est pas mal du tout. Je ne sais pas si je le relirai, et je sais que je ne lirai pas les autres, mais ce n'est pas à fuir.
Les éditions
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Anne Marie
de Bodard, Lucien
B. Grasset
ISBN : 9782246242413 ; 0,75 € ; 20/05/1981 ; 420 p. ; Broché
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