Le Théâtre des merveilles
de Lluis Llach

critiqué par Jfp, le 30 août 2021
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
tout pour la musique
Dès les toutes premières pages le troisième roman de Lluís Llach se place au niveau de ses deux romans précédents, "Les yeux fardés" et "Les femmes de la Principal". Même plaisir de la lecture, même attrait pour des personnages hauts en couleurs, même désir d’en savoir plus sur leur vie mouvementée, leurs passions, leurs tourments. On y retrouve Barcelone, bien sûr, la guerre d’Espagne, avec ses conséquences lointaines au travers du franquisme, l’humanisme indéracinable de l’auteur et, toujours, l’homosexualité, se déclinant parfois en bisexualité. Ici, on suit pas à pas le destin hors du commun de Roger Ventós, le fils d’une anarchiste exilée sur la plage d’Argelès, lorsque les républicains fuyant le franquisme étaient "accueillis" dans des camps de concentration par la France d’un Front Populaire sur le déclin. Porteur d’un don exceptionnel pour la musique, l’enfant va pouvoir retourner dans cette Barcelone où son oncle l’hébergera dans le Théâtre des Merveilles, échappé par miracle à la destruction, un théâtre de revues burlesques qu’avait dirigé un temps sa mère pendant la révolution. Devenu un baryton de renommée internationale, Roger reviendra toujours dans ce lieu où il aura appris les ficelles du métier, mais aussi la puissance de l’amour. Cette trame, apparemment digne d’un roman-photo, dissimule en fait une puissante analyse de la face cachée d’une carrière artistique, ce que l’artiste dissimule derrière le "personnage" qu’il s’est créé pour plaire au public, mais qui anime pourtant son art au plus profond de lui-même.