Filles de Frederick Busch

Filles de Frederick Busch
( Girls)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 8 mars 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 768ème position).
Visites : 4 738  (depuis Novembre 2007)

Un roman très passionnant

Frederick Busch est professeur de littérature et d’écriture. Il a obtenu de nombreux prix parmi les plus prestigieux aux Etats-Unis, et son œuvre a été saluée par l’Académie américaine des arts et des lettres.
Nous sommes sur un campus universitaire du Nord des Etats-Unis. La neige et le froid sont présents partout et à tous moments pour créer une ambiance très particulière.
Jake est une sorte de vigile en chef sur ce campus, puisqu'il est responsable de la sécurité. Celle du corps enseignant, comme celle des élèves. Il faut dire qu'on viole à tour de bras sur ce campus et que les filles n'ont pas intérêt à trop se balader seules la nuit tombée. Quant aux drogues, il tente d’empêcher les fournisseurs d’entrer sur son domaine, mais sans grand succès : on fume et sniffe tant et plus ! Jake est marié avec Fanny, infirmière dans un hôpital tout proche, et ils ont connu un grand drame dans leur vie : la perte d’un enfant.
Un jour, un professeur de l’université le fait appeler et lui dit que ses voisins viennent d'avoir leur fille qui a disparu. Elle a environ quinze ou seize ans et serait particulièrement mignonne. Les disparitions d’enfants sont relativement fréquentes et ce professeur doute que la police officielle fasse grand-chose. C’est pour cela qu'il s’adresse à Jake. Celui-ci estime que ce n'est pas de son ressort, mais finira par rencontrer les parents, les Tanner. Il finit par accepter de s’occuper de l'affaire.
Rien ne s'arrange pour lui car sa vie à la maison devient un enfer. Il est clair que le couple s’aime toujours, mais il se déchire au moindre mot, à la moindre erreur d’interprétation. Jake dort plus souvent dans le canapé que dans le lit, et encore. quand il ne préfère pas passer ses nuits dans le froid de sa jeep avec son fidèle labrador.
Son enquête sera très longue et pénible et ce qu'il va trouver sera un grand choc pour beaucoup.
Jamais je n'ai lu un livre dans lequel l’impossibilité de communiquer était rendue à ce point. Or, Jake et Fanny n'arrangeront jamais rien en refusant de parler de leur drame ! Ce n'est qu’à la fin que l'on comprend à quel point le malentendu était grand, à quel point ils avaient, chacun, vécu une histoire différente !…
A ce drame de la compréhension, s'ajoute aussi un suspense policier très bien mené. Et tout cela dans une ambiance de campus où le froid et la neige sont obsédants.

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Les éditions

  • Filles [Texte imprimé], roman Frederick Busch trad. de l'anglais, États-Unis, par Nadia Akrouf
    de Busch, Frederick Akrouf, Nadia (Traducteur)
    Gallimard / Du monde entier (Paris).
    ISBN : 9782070751990 ; 23,30 € ; 11/02/2000 ; 339 p. ; Broché
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Les livres liés

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roublard

6 étoiles

Critique de Phineus (Bordeaux, Inscrit le 16 février 2009, 87 ans) - 12 octobre 2011

C'est bien fait, remarquablement bien fait, avec tous les ingrédients du roman noir et une belle virtuosité stylistique, mais accrocheur en diable, séducteur ; Busch sait ce qu'il faut écrire pour que les lecteurs s'identifient au narrateur (les amis des chiens entre autres ). C'est un bon écrivain qui connait bien toutes les ficelles et c'est un livre par là-même intéressant .

Les mots pour le dire

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 4 mai 2011

Si ce roman donne effectivement l'impression de lire un roman policier au début, on est très vite pris par la douleur de cet homme et cette femme qui n'arrivent pas à se parler ou à s'entendre.
La vérité sur la mort de leur bébé sera très lentement révélée jusqu'à la raison qui permettra de comprendre l'incapacité de Jack à aider son épouse.

Parallèlement, on suivra Jack dans sa recherche de Janice Tanner, adolescente disparue; on le suivra dans son cheminement et son enchaînement de pensées qui permettront de démasquer le coupable.
D'autres personnages troubles traverseront cet épisode de la vie de Jack.

Ayant heureusement commencé le livre sans en avoir lu la quatrième de couverture et sans en avoir lu la critique de Darius, je n'arrivais pas à identifier le genre de ce roman; j'étais intriguée et dubitative mais curieuse de savoir où Frederick Busch allait nous emmener.
Et je me suis laissée toucher par cette histoire et la souffrance de ses héros.
Gênée au début par le style, les phrases courtes , pas finies, les dialogues « de sourds », j'ai finalement admiré la maîtrise de l'auteur dans le choix de son écriture.
Un ouvrage déroutant mais d'une grande sensibilité.

le portrait d'un homme

9 étoiles

Critique de Vda (, Inscrite le 11 janvier 2006, 49 ans) - 17 janvier 2006

on est avec ce livre bien loin des ficelles du polar américain. c'est par petites touches d'émotion que l'auteur nous peint les traits de son personnage central. il n'y a pas ici utilisation du procédé littéraire du suspense de fin de chapitre, mais un formidable travail de la structure narrative, l'évocation évanescente d'une vérité humaine douloureuse, insaisissable, incompréhensible à l'esprit.
le personnage vit dans un hiver permanent, à l'image de la saison de l'histoire, une saison qui s'étale dans la durée et qui est physiquement marquée par l'omniprésence de la neige et de températures extrêmes. Le personnage est dans un état mental de révolte, mais d'une révolte qu'il sait ne pas pouvoir extérioriser, ne pas pouvoir exprimer. La douleur de la perte d'un enfant longtemps attendu et dont les circonstances de la mort sont entre lui et sa femme l'objet de rejet de de non-dit. la frustration sociale d'être maintenu dans une classe social dont il est à la fois victime et prisonnier. pour lui, les enfants, qu'ils soient petits ou étudiants sur son campus, sont en danger et doivent être protégés.
" nous avons eu une série de journées où la température était plus proche de moins cinq que de moins dix. Les étudiants se promenaient sans gants, dans ce qui était, bien sûr, un froid féroce, le manteau ouvert, sans bonnet ni écharpe, les bottes délacées. Je savais qu'ils ne croyaient pas le monde dangereux."

Un policier ?...

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 16 juillet 2003

Tout d'abord merci à Darius d'avoir apprécié ce livre que j'ai aussi beaucoup aimé. Un policier, oui, si l'on veut. Bien sûr il y a disparition et Jake fera tout pour trouver la solution. Il ira jusqu'à s'opposer au FBI pour cela. Pourquoi ? Parce que lui aussi a perdu une fille et qu'il comprend ce que les parents doivent ressentir. Pour le reste, je dirais que c'est un policier à la "Michael Collins". C'est à dire qu'il y a une histoire à élucider, mais celle-ci sert surtout de support à l'analyse d'un problème de société. Comme chez Simenon l'histoire se passe dans un milieu donné, avec ses motivations, réflexes, privilèges et règles. Celles du campus universitaire que l'auteur connait bien. Mais il y a tout le reste: la douleur de Jake et de sa femme, sa position sociale inférieure aux professeurs, les autres tâches dont il doit s'occuper etc. Mais, surtout, le déchirement de ce couple que forme Kake et sa femme. Mais il a beau se taper une superbe maîtresse, c'est sa femme qui lui reste en tête, c'est avec elle qu'il a vécu le drame qui les lie à jamais. Je ne connais pas d'autres livres de cet auteur et je le regrette. Mais pour ceux qui aimeraient ce genre je ne peux que vivement conseiller Michael Collins, autre jeune écrivain américain et surtout les deux derniers que j'ai critiqué, même si j'ai aussi aimé "La filière émeraude"

la violence à l'encontre des enfants

8 étoiles

Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 11 juillet 2003

Avant-propos de l'auteur "Mon intention n'est pas de décrire l’une des trop nombreuses familles qui recherchent leurs enfants. En écrivant ce livre, j’espérais tant oeuvrer pour elles. Mais ceci, bien sûr, est un roman, et, en fin de compte, il ne peut parler que de personnages de mon invention." Le livre aussitôt refermé, cette petite phrase de l'auteur, Frederic Busch, professeur de littérature et d’écriture, continue à me trotter dans la tête et me laisse une impression de malaise.. Comment l’interpréter ? Qu'a-t-il voulu dire ?
S’est-il senti obligé d’atténuer la vérité du bouquin qui implique un professeur d'université dans la disparition d’une adolescente ? Essaie-t-il d’endormir des soupçons qui pourraient vous guetter face à des professeurs pervers lorsque des adolescentes sont honteusement assassinées ? L’éditeur lui a-t-il demandé de tempérer son propos en y ajoutant cette petite mise en garde pour éviter que son histoire n’apparaisse comme une généralité ?
Une chose me turlupine cependant. Puisque l'auteur est lui-même professeur, pourquoi avoir choisi explicitement de stigmatiser l’un de ses pairs ? On ne parle bien que de ce qu’on connaît bien dit-on. Vous pourriez croire en lisant mon propos qu'il s’agit d'une histoire policière. Mais ce n'est pas que cela bien que la trame soit constituée par l’enquête de Jack, un ancien flic, devenu vigile dans un campus universitaire.
Le livre comporte plusieurs niveaux de lecture et d’autres lecteurs, y trouveront autre chose en fonction de leur sensibilité à tel ou tel problème, notamment la description des hantises de l’Amérique.
Etant personnellement extrêmement émotionnée par la violence perpétrée contre les enfants, je n'ai pu qu’être profondément choquée par ce que je considère comme les deux faits les plus marquants du livre : l'assassinat d’une jeune fille par un professeur et la mort d'un nourrisson secoué par l’un de ses deux parents et camouflé par ce que l’hôpital déclarera sous le nom de "syndrome de mort subite du nourrisson" au lieu de "syndrome de l'enfant secoué."

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