L'amour, la solitude de André Comte-Sponville, Judith C. Brouste (Autre), Charles Juliet (Autre), Patrick Vighetti (Autre)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par Jules, le 9 mars 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 791ème position).
Visites : 12 876  (depuis Novembre 2007)

Un réflexion utile

Ce livre est une suite de trois entretiens de Comte-Sponville avec Patrick Vighetti, Judith Brouste et Charles Juliet.
Il n'y a pas que l'amour et la solitude qui sont évoqués dans ce petit livre. On y parle aussi beaucoup de la philosophie et surtout de sa finalité. Son objectif premier devrait être de permettre à l’homme de vivre heureux, ou le plus heureux possible. Bien comprise, une fois la sagesse atteinte grâce à elle, il conviendrait de l’abandonner puisqu’elle ne serait plus nécessaire. Il ne faut pas continuer à porter ce qui est devenu inutile. Comme le fait remarquer Comte-Sponville, cela reviendrait, une fois le fleuve franchit à porter le radeau sur son dos. Quelle en serait l'utilité ?. Il ne me semble pas intéressant de vous résumer ce livre. Il est bien plus important de vous dire qu'il est vraiment à lire. Cela d’autant plus qu'il se lit sans aucun problème !
Une citation qui me plaît beaucoup : « Mais la compréhension n’est pas tout, ni le but ultime. Il se pourrait qu’il n'y ait rien à comprendre, au fond, si ce n'est cela même : qu’il n'y a rien à comprendre ! »

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Un peu d'aide, à certains moments.

10 étoiles

Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 22 décembre 2013

N'ayant que peu de goût-parce que sans doute trop peu "intellectuelle", et aussi beaucoup trop paresseuse- pour la lecture des philosophes, j'ai toujours aimé André Comte-Sponville. Est-ce à dire que ce n'est pas un philosophe? Je n'en sais rien et à vrai dire, cela m'importe peu. C'est en tout cas quelqu'un que je comprends, et dont les idées , fort simples, presque naïves quelquefois ( "Naïveté m'est vertu" dit-il d'ailleurs..) me touchent.

Sa définition du " cynisme moral" , dans Une éducation philosophique était d'une clarté qui m'avait réjouie, et j'ai donc continué régulièrement à le suivre. Parce que justement on sentait à quel point, contrairement à beaucoup, ses textes, limpides,étaient faits pour être saisis de lecteurs qui ne soient pas des professionnels de la philosophie, mais seulement des êtres doués de raison et d'une attention un peu soutenue.
Et petit à petit, les idées énoncées ont fait leur chemin , et si je n'en ai pas fait une "philosophie", j'y repense souvent..

Dans L'amour la solitude , on retrouve trois entretiens avec Patrick Vighetti, Judith Brouste et Charles Juliet. Rien de très nouveau par rapport à ce qui a déjà été écrit, si ce n'est des propos plus personnels, sur les livres ,et surtout sur l'importance du moment de la vie où on les lit, la musique, la peinture. Mais toujours la même sérénité lucide, qui me fait toujours du bien!

Le mot que l'on évoque le plus souvent quand on pense à Comte-Sponville est bien sûr le mot" désespoir" qui est en fait l'espoir dépassé, on ne peut atteindre la sérénité que si on renonce à l'espérance du bonheur, qui nous en sépare (" qu'est ce que je serais heureux si..") et nous voue à la déception, à l'amertume, au ressentiment, pour ce qui concerne le passé, comme à l'angoisse pour ce qui concerne l'avenir.

Et pourquoi "désespoir" qui a une connotation très particulière dans la langue française, et véhicule une telle charge de tristesse et pas "inespoir"?
"Parce que ce serait laisser entendre que l'on peut s'installer d'emblée dans cet état serein, que l'on peut faire l'économie de la déception, de la désillusion, de la souffrance... et je n'en crois rien. L'espoir est toujours premier: il faut donc le perdre ( c'est ce qu'indique le mot de désespoir) et c'est toujours douloureux. Le désespoir est un travail, comme le deuil chez Freud, et au fond c'est le même. Que tout le monde préfère le mot "inespoir", je le comprends bien : ce serait tellement mieux si l'on pouvait se passer du travail ,de la souffrance, de la désillusion! L"inespoir" serait comme une sagesse toute faite: ce serait un deuil sans travail. Mais cela, ce n'est pas possible et c'est encore un deuil à faire.. C'est pourquoi j'ai gardé ce mot de désespoir. Il indique au moins la difficulté du chemin. J'observe d'ailleurs que le mot de deuil, chez Freud, manifeste la même ambiguïté, la même hésitation, qui est celle de la vie, la même tension , le même cheminement : que la joie ne redevient possible que de l'autre côté de la souffrance, comme le bonheur ne l'est, me semble -t-il, que de l'autre côté de la désillusion. Nous ne ferons pas l'économie du deuil, nous ne ferons pas l'économie du désespoir."

Le milieu des philosophes regarde Comte-Sponville avec condescendance.. peut-être parce qu'il est simple à lire...?
Je pense que L'amour, la solitude suffit pour se faire une bonne idée de ce qu'il a à dire... c'est à dire que la question n'est pas de savoir si la vie est belle ou tragique ( elle est l'un et l'autre, évidemment), mais si nous sommes capables de l'aimer telle qu'elle est, c'est à dire de l'aimer..

Mais, en fait, et pour être honnête,même si j'ai été contente de retrouver Comte Sponville, qui parle de lui d'une façon plus personnelle dans L'amour La solitude, je l'avais lu il y a plus longtemps dans un but un peu plus précis. Parce qu'il avait parlé je ne sais plus où ( peut être dans Une éducation philosophique, mais j'ai l'impression que c'est plus tard) du suicide de sa mère. Que m'intéressaient les parcours de ceux qui avaient réussi à survivre à, dépasser, voire à sublimer ce genre de choc affectif , et vers quoi ils avaient été conduits. De même que Cyrulnik m'a beaucoup plus intéressée dès lors qu'il a raconté son histoire personnelle. Ce sont des gens qui ont vécu ce dont ils parlent, et dont le processus de pensée ne repose pas que sur de l'abstrait, contrairement à certains .

J'ai plus appris sur la complexité de l'être humain en regardant tout simplement autour de moi et dans la littérature , bien sûr , qu'en lisant Comte Sponville. Mais aimant les choses simples, certaines choses qu'il a écrites dans l'explication de son parcours dans Une éducation philosophique surtout , m'ont semblé assez lumineuses. J'aime assez sa façon de se définir comme athée fidèle, et ce bonheur à rechercher dans l'instant, et au delà de tout espoir en quoi que ce soit.
Je comprends que cela puisse prêter à la moquerie, mais si je demandais quelque chose à la "philosophie" ( d'ailleurs, je ne le qualifierais pas vraiment de philosophe) , c'est de m'aider à vivre. Ses idées, énoncées simplement, m'ont aidée à vivre à certains moments, et c'est déjà pas mal.

J'ai lu tout ce qu'il a écrit, je l'ai mis à distance et y reviens de temps en temps.
Par exemple à ces belles phrases sur la musique , et notamment Schubert, dans Impromptus :

Mozart est un miracle. Et Schubert, quoi? Une souffrance, une misère, un déchirement.. Mozart est un miracle, Beethoven est un combat; et Schubert, quoi? Franz, le pauvre Franz.. Schubert est Schubert, et rien d'autre. Sa musique lui ressemble: elle est lui-même, fait musique! On dira que c'est toujours vrai, mais non. La musique de Bach ne ressembla qu'à Dieu; celle de Beethoven , qu'à l'humanité. Et qui prétendrait -fût-ce Mozart lui-même- qui oserait prétendre que la musique de Mozart lui ressemble?.... La musique de Schubert ressemble à Schubert, et à nous tous. Comme l'enfance. Comme la solitude. Comme la mort. On dirait une confession, ou mieux ( puisqu'elle ne s'adresse qu'à nous, sans prêtres, sans sacrements ni remords) une confidence, une longue confidence pour rien, pour la seule émotion de dire et d'écouter, comme un trop plein de l'âme, un sanglot ou un sourire, et ce déchirement d'être ou d'aimer, juste avant de mourir, cette lenteur, cette langueur, cette solitude infinie..

l'amour la solitude... la vie!

9 étoiles

Critique de FéeClo (Brabant wallon, Inscrite le 12 février 2004, 48 ans) - 21 mars 2005

Je confirme les propos de Jules: ce livre se lit facilement. Je l'ai trouvé bien plus lisible que d'autres écrits de Comte-Sponville.

Le contenu est très intéressant car il permet d'ouvrir certaines portes de notre réflexion sur la Vie.

Après celui-là je vous conseille de lire "De l'autre côté du désespoir: introduction à la pensée de Svâmi Prajnânpad".
Comte-sponville a été amené à découvrir la pensée de Prajnânpad parce que plusieurs personnes lui ont parlé de ce sage suite à ses écrits sur le désespoir. Prajnanpad va encore plus loin que Comte-sponville dans l'invitation à "espérer moins". Parce que c'est plus qu'une philosophie qu'il propose, c'est vraiment un art de vivre, une sagesse.

Intéressant !

9 étoiles

Critique de MOPP (, Inscrit le 20 mars 2005, 88 ans) - 21 mars 2005

Oui, l'auteur nous invite à nous libérer de nos illusions et c'est un bien.

Ce qui me semble important dans ce livre, c'est qu'il faut se libérer de tous les dogmatismes.

Cf. référence à MONTAIGNE : "La philosophie n'est qu'une poésie sophistiquée"

cesser d'espérer et aimer...le secret du bonheur?

9 étoiles

Critique de Ninon (Namur, Inscrite le 11 avril 2004, 71 ans) - 18 avril 2004

Comte Sponville nous invite à aimer plus et espérer moins. Ce livre est d'un accès très facile (un bon début avant d'aborder d'autres ouvrages), à poser sur la table de nuit, à lire, à méditer et surtout à expérimenter... Ne plus espérer ou espérer moins, quelle libération !

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