Ipso facto
de Iegor Gran

critiqué par CCRIDER, le 14 septembre 2004
(OTHIS - 76 ans)


La note:  étoiles
Vos papiers !
L'auteur , heureux fonctionnaire à l'Institut , vient d'obtenir une promotion quand une acariâtre secrétaire aux Relations Humaines lui réclame original ou copie de son baccalauréat . Malheureusement , il l'a perdu . S'ensuit une longue descente aux enfers pour notre héros . Il perd sa place , se retrouve couvert de dettes , sa femme le quitte . Il ne trouve plus aucun intérêt à la vie . Son aventure fait la une des journaux et finit par le rendre célèbre . Et voilà que son diplôme réapparait dans une vente aux enchères où sa côte atteint des sommets et suscite même l'apparition de faux . Du coup l'auteur s'improvise expert es- baccalauréat et commence à remonter la pente . Cette intrigue est assez simplette , convenue tout en étant parfaitement invraisemblable . Il faut donc prendre ce livre comme une fable qui monte crescendo dans l'absurde jusqu'au retournement final qu'il ne faut surtout pas dévoiler , mais qui illustre parfaitement le dérisoire de toute l'entreprise .
Importance démesurée du diplôme , de la "peau d'âne" , jugement de la valeur des êtres sur ce qu'ils ont et non sur ce qu'ils sont , cruauté du monde moderne pour qui l'individu n'est pas grand chose , importance exagérée de l'Ecrit ... les sujets de réflexion induits par ce livre sont multiples et variés .
Dommage que le style ( du registré parlé) soit assez approximatif et plutôt lourd .
On n'arrive pas à s'attacher aux personnages qui ne sont que des esquisses ou des caricatures placées dans des situations convenues . De plus tout sert à l'auteur pour étaler son obsession sexuelle , même les situations les plus scabreuses : sa mère , la fille de sa compagne et même les personnes agées , tout le monde y passe . Désolé de ne pas avoir apprécié ce genre d'humour (?) . En fait , une fois le livre refermé , il ne reste pas grand chose , à part une sorte de déception sur ce qu'aurait pu faire un grand auteur avec un tel sujet .
On peut donc aisément faire un détour ...
Livre exceptionnel 10 étoiles

Je ne suis pas du tout d'accord avec les critiques postées au sujet de ce livre. On a rarement lu un roman qui ait autant de panache, de délire, d'humour froid. Je comprends cependant qu'il ait des ennemis : il n'est pas du tout dans la tradition française, dopée au réalisme pur et dur, d'accepter des textes qui sont des ovnis littéraires. Pourtant c'est bien de cela dont il s'agit. (S'il avait été écrit par un anglo-saxon, les mêmes critiques auraient crié au génie. Mais un français ! Soyons sérieux ! rationnels !)

Impossible à résumer ce livre foisonnant, dérangeant, où tout circule à 100 km/h et ne fait de cadeau à personne, surtout pas au lecteur. Disons simplement que c'est une sorte de Flann O'Brian sous testostérone ; un Joseph Heller mâtiné de Kafka. La cruauté le dispute au brio. Le tout servi par une langue très travaillée (et pas du tout d'jeun's comme l'affirme une critique un peu myope).

On ne fait pas de la littérature sans casser des oeufs.

Exigent - - 62 ans - 8 septembre 2008


Déviances malsaines... 3 étoiles

Le sujet est plutôt original, même si la caricature ne sert pas vraiment le livre. En revanche, le style est lourd, ça manque de subtilité, de poésie, de finesse... On pourrait sourire de cette histoire loufoque si l'auteur avait évité de faire assouvir les besoins sexuels de son héro avec tout ce qui passe, y compris sa propre mère et la fille de son ex-femme. Là, on tombre dans le glauque malsain, qui en plus n'apporte rien à l'histoire. S'il a essayé de "bukovskiver" son oeuvre, c'est franchement raté... Globalement très décevant donc.

Araknyl - Fontenay sous Bois - 54 ans - 18 septembre 2007


Ipso Fiasco ! 1 étoiles

Une petite idée qui aurait pu germer en un bon récit semble y avoir pourri en terre. Rien ne décolle, on est dans le ressassement stérile autour de la perte d’un document (le Baccalauréat) que l’auteur use tout son humour à survaloriser (j’ai ri, au début, mais de ma seule naïveté qui s’est, une fois de plus, laissé prendre à la 4ème de couverture). Ce sont les cogitations à 2 balles d’un quadra mal rangé (mais si, mais si, il y a un arrière-plan philosophico-social sur le rangement comme essence de la vie moderne).
« Perdre son Baccalauréat » lisais-je. J’échaffaudais des hypothèses : une sorte de Bac à points (comme le permis) que le héro aurait perdu à la suite de bévues, ça me semblait intéressant, la situation avait un potentiel narratif et… kafkaïen. Et au rythme de cet effeuillement, la femme, la pernicieuse compagne, lentement aurait dévidé son « je t’aime, beaucoup, un peu, pas du tout.. ». De l’absurde fabuleux pouvait poindre. Mais non, il a fallu se contenter d’un petit récit terre-à-terre, dont la langue est grossière et sans nuances, dont on se demande comment il a pu tenir un éditeur en intérêt jusqu’au bout ; il a fallu se contenter d’une banale et très bête petite histoire de rangement défectueux, de perte physique d’un papier, avec, pour compenser la platitude, la misère et l’invraisemblance du récit, des scènes bien salées de sexe spontané, tout aussi invraisemblables. Et là, l’auteur ne se prive pas, il sait ce qui marche. Alors, bien-sûr, il y a de l’inceste, du scatologique, de la pédophilie, et tout. Ça nous rappelle qu’on n’est pas dans un livre de la défunte Bibliothèque Rose, des fois que si on le croirait ! Le tout servi avec une naïveté bon enfant. On sent le souhait de provocation et de scandale : gageons que notre auteur visait un procès bien retentissant. Il a dû être déçu.
Mais (et c’est là que ça a dû faire mouche) c’est écrit dans un langage « jeune », c’est pour que les d’jeunes, ils veulent bien lire un peu, comme eux ça parle, aussi riche que c’est le discours, tu’ois, aussi fin… c’est plein de phrases préfabriquées, sans originalité, qu’on entend à longueur de temps, tu’ois ce que j’veux dire. L’écriture ne descend que rarement au niveau du mot. Tout ça fleure bon sa banalité, et depuis le temps qu’on écrit parlé ça ne doit plus déranger grand monde. Et ça n’apporte rien, absolument rien. Mais que dis-je ? D’aucuns, qui ont voix au chapitre, ont trouvé ce texte « virevolté et survoltant », « formidable », « un régal »…
Il faut sans doute ne pas être exigeant pour apprécier.
Mais arrêtons de rire un peu, il n’y a là qu’un petit texte de rien comme il s’en écrit des dizaines de milliers sur des coins de table par des nullographes, et qui finissent par se dessécher, comme des chiures de mouche, sur les tables des libraires.


Dominiq - - 60 ans - 16 août 2005