Arsène Lupin: Gentleman Cambrioleur (BD)
de Maurice Leblanc, Vincent Mallié (Dessin)

critiqué par Shelton, le 18 décembre 2021
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
A contempler !
Je l’ai déjà dit et écrit mais la répétition fait bien partie de la pédagogie, on n’est jamais obligé de se contenter des nouveautés quand il s’agit de choisir un livre à lire, relire ou offrir ! C’est ainsi… Quand j’étais beaucoup plus jeune, j’ai beaucoup apprécié la littérature de Maurice Leblanc, Arsène Lupin est devenu une sorte d’ami et j’aime encore relire certains épisodes de ses aventures…

Arsène Lupin est un personnage de fiction que j’avais découvert lorsque j’étais au lycée sans que je sois capable de me souvenir de l’année exacte par contre je me souviens des deux titres lus au départ : L’aiguille creuse et La comtesse de Cagliostro. L’aiguille creuse m’a beaucoup marqué car je trouvais là un beau roman d’énigme – ma passion – mais aussi un texte avec légèreté et humour ce qui me convenait parfaitement à l’époque (et encore maintenant !)…

Le personnage d’Arsène Lupin est né en 1905 et Maurice Leblanc créait là un mythe sans s’en rendre compte. Son personnage était à la fois un être épris de liberté, un peu anarchiste mais pas trop violent, un voleur mais jamais un assassin, un personnage qui va s’adapter à l’histoire du pays pour finir assez patriote au moment de la Grande guerre… C’est un personnage populaire qui est capable de plaire aux femmes, de séduire les intellectuels, de fasciner les jeunes, de tourner en ridicule les forces de l’ordre mais qui parfois les met sur la bonne piste, qui respecte sa nourrice, qui est fidèle en amitié… Bref, il a presque toutes les qualités ! On va même se souvenir que la revue littéraire Europe lui consacrera en 1979 un numéro…

Mais si ses grands romans sont restés très populaires, comme « Le bouchon de cristal » ou « 813 », on a parfois tendance à oublier certaines nouvelles qui, pourtant, sont la base même des feuilletons télévisés consacrés à ce personnage hors-norme, remis au goût du jour récemment par l’incarnation d’Omar Sy dans la version diffusée par Netflix. Certes, il s’agit bien d’une adaptation libre mais l’esprit de la série est bien là…

Dans ce magnifique album grand format que je vous invite à découvrir, nous avons d’une part le texte de Maurice Leblanc, celui d’Arsène Lupin, gentleman cambrioleur. Ces nouvelles sont à l’origine du mythe et cette aventure commence an 1905 dans la presse, Je sais tout. Les nouvelles sortent en recueil en 1907. C’est aussi un texte fondateur car on sent que Maurice Leblanc veut que son personnage se distingue de celui de Sir Arthur Conan Doyle… D’où ce Herlock Sholmès qui arrive trop tard…

Alors, bien sûr, certains regretteront que ces histoires soient cousues de fil blanc, que les aventures d’Arsène Lupin soient tout sauf réalistes, que ces enquêtes ne sont pas aussi cruelles ou sanglantes que ce que l’on peut lire de nos jours… mais même si tout cela est bien vrai, il n’en demeure pas moins que Lupin reste bien Lupin et que j’aime !

Mais cet album est aussi illustré. Ce n’est pas une adaptation graphique ou bédé, juste un livre majestueusement illustré (et ce n’est surtout pas un reproche !). C’est Vincent Mallié qui dessine et il ne s’agit pas d’un simple ensemble de dessins. Nous sommes dans l’immersion graphique, dans le grand plongeon dans un univers, celui de Maurice Leblanc… Dans une époque, le début du vingtième siècle… C’est tout simplement époustouflant, extraordinaire, sublime…

Il y a des dessins pleine page et même sur deux pages que l’on peut admirer sans même lire le texte. C’est magique, ça fonctionne à plein… Il y a aussi des dessins plus petits, beaucoup plus proche de la bande dessinée et cela rappelle que Vincent Mallié est aussi dessinateur de bande dessinée et qu’il vient d’ailleurs de signer un remarquable « Ténébreuse » sur un scénario de Hubert, ce grand scénariste disparu il y a peu…

Je ne sais pas encore si le dessinateur voudra continuer ce travail d’illustration des aventures d’Arsène Lupin mais s’il continue, je n’exclus pas de relire tout Maurice Leblanc au gré des versions de Vincent Mallié. Cela fera de bons moments de lecture, un petit nuage de nostalgie, une promenade dans cet univers du feuilleton, une immersion dans la littérature populaire et un grand voyage artistique qu’aucun lecteur ne pourra regretter !

Ce pourrait être aussi, à ne pas négliger, un très beau cadeau à faire !

Bonne lecture à tous et portez-vous bien !