Les conquérants de l'inutile
de Lionel Terray

critiqué par Manu_C, le 15 septembre 2004
( - 55 ans)


La note:  étoiles
Pour passionnés
Autobiographie partielle (ses quarante premières années) de Lionel Terray, grand alpiniste français au palmarès impressionnant.

« Le secret pour récolter les expériences les plus fécondes et les jouissances les plus grandes de la vie, c’est de vivre dangereusement »

« Le guide est encore un seigneur. Sur la montagne, à la tête de sa caravane, il est le seul maître après Dieu. Sans doute est-il pauvre et laborieux, mais il tient entre ses mains la vie de ceux qui se sont confiés à lui. Disposer de la vie et de la mort, c’est le pouvoir des rois et des chefs ! Bien peu de puissants de ce monde possèdent un tel privilège. N’est-ce pas cette responsabilité majeure qui fait la gloire des capitaines et des pilotes ? »

Voilà, le ton est donné. Pendant 450 pages, Terray nous livre sa perception de la montagne, de la glace, de la muraille et surtout de la performance, de son idéal de vie et de sa façon de l’assouvir.

En effet, comment repousser toujours plus loin les limites humaines faces aux lois de la physique ; comment vivre matériellement et se consacrer sans limite à sa passion ?

C’est ce que Terray explique à travers la transcription sur le papier d’innombrables courses, dont certaines peuvent être qualifiées de véritables exploits (l’Annapurna, l’Eiger, le Fitz Roy, le Malaku, etc…), et par la description de son métier de guide de haute montagne. Cependant, c’est là où le bat blesse, car lorsque l’on vit l’alpinisme comme Terray, on ne peut pas s’affranchir d’une certaine forme de condescendance vis-à-vis de ses « clients » et cela est extrêmement perceptible dans ce livre ; peut-être était-ce voulu par l’auteur ou n’a-t-il pas pu s’en empêcher.

Le style est simple, les propos parfois exaspérants (cette facilité avec laquelle il peut se qualifier de quasi surhomme…) mais tout cela s’efface derrière la cohérence du personnage et de son œuvre : il a grimpé ce qu’il y avait de plus difficile techniquement en Europe, en Asie et en Amérique du sud, avec pour but ultime la beauté du geste… et conscient de l’inutilité de la chose.

"Si vraiment aucune pierre, aucun sérac, aucune crevasse ne m'attend quelque part dans le monde pour arrêter ma course, un jour viendra où, vieux et las, je saurai trouver la paix parmi les animaux et les fleurs. Le cercle sera fermé, enfin je serais le simple pâtre qu'enfant je rêvais de devenir..."
Magnifique témoignage ! 10 étoiles

Mon avis :

Comme pour beaucoup, "Les Conquérants de l'inutile" de Lionel Terray fait partie des livres qui ont donné envie de "faire de la montagne". C'est le livre d'une vie et l'histoire d'un homme qui a tout donné pour sa passion. Terray était un surdoué, une sorte de machine à avaler les sommets, une brute physique, mais il était aussi et avant tout un amoureux de la montagne et de la vie. C'était un grand Monsieur.

"Les Conquérants de l'inutile" est un livre qui ne vieillit pas et qui se lit et se relit sans jamais s'en lasser.

Au passage, je précise que cette très belle édition proposée par Guérin est très richement illustrée et permet de découvrir Terray en action, mais également dans sa vie extra-montagnarde.

Gnome - Paris - 53 ans - 5 décembre 2010


livre de chevet pour amoureux de la montagne 10 étoiles

J’ai lu les conquérants de l'inutile des dizaines de fois - la première fois adolescent à une époque où l'alpinisme, les sommets alpins et himalayens étaient auréolés de mystères. Les alpinistes comme Rebuffat, Bonati, Lachenal et bien sûr l’auteur du récit Lionel Terray étaient dans le milieu que je fréquentais d’authentiques Rock Star. Quelques semaines avant sa mort (chute lors d’une escalade) j’ai rencontré Lionel Terray au cours d’une soirée dans un refuge du massif des écrins. Je garde de cette soirée un souvenir extraordinaire. L’homme que j’ai rencontré était bien aussi riche, aussi sincère, aussi pur que celui qui s’exprime dans les pages de ses conquérants de l’inutile. A lire (ou à relire pour les mordus) pour comprendre ce qui pousse les hommes à risquer leur vie sur les sommets.

Richard - - 78 ans - 16 février 2006