L'art de bien mourir

Ars Moriendi ou l'art de bien mourir, c'est à dire de vivre intensément au point de renaître chaque fois à soi-même est l'art que nous enseigne Monia Aljalis à travers son recueil. Très fortement marqués par l'expérience de l'amour, les premiers textes disent l'urgence de se laisser saisir par l'Eros primordial pour vivre pleinement l'expérience de l'extase. Sorte de Rimbaud au féminin, Monia Aljalis déploie des visions qui confinent à la sphère du divin dans le partage, toujours, de l'ombre et de la lumière. On y sent en effet l'influence d'une théologie au négatif qui aurait davantage à voir avec Lilith qu'avec le dieu révélé, quoiqu'il ne soit jamais absent. Les textes plus récents, même s'ils conservent ce souci de l'image juste et du choc des contraires, me semblent être d'avantage portés par ce vent de révolte désabusée mais féconde dont les Américains sont les maîtres. Je suppose que Bukowski ou T.S Eliot figurent parmi les références de choix dont Monia Aljalis s'est nourrit alors. L'arrière-plan métaphysique semble en effet s'estomper au profit d'une poésie plus organique où la langue incandescente est aux prises avec des rythmes incertains. L'art de bien lire y est aussi un art de bien vivre, c'est à dire de vivre comme des êtres finis épris de désirs et d'idéaux qui mourront avec nous. Mais il subsiste la joie et la soif d'aimer et de vivre qui rappellent que chaque instant a valeur d'éternité.

Julien

• 

  Ars moriendi [Texte imprimé] Monia Aljalis

  de Aljalis, Monia
  Hugues Facorat Edition
  ISBN : 9791093198217 ; 10 EUR ; 01/01/2015 ; 1 vol. (39 p.) p.