Les fossoyeurs: Révélations sur le système qui maltraite nos aînés
de Victor Castanet

critiqué par Bernard2, le 31 janvier 2022
(DAX - 75 ans)


La note:  étoiles
Les Ehpad de la honte
On sait que les Ehpad à capitaux privés ont un objectif de rentabilité qui amène certains d’entre eux à faire passer au second plan leur mission essentielle : assurer le maximum de bien-être à nos aînés dépendants. Le phénomène n’est pas nouveau, il a été de nombreuses fois dénoncé sans que les acteurs décisionnaires n’aient réagi autrement que par des promesses non tenues.
Mais aurait-on pu imaginer que l’on aille aussi loin dans l’ignominie… L’auteur dénonce, éléments probants à l’appui, les pratiques scandaleuses en vigueur chez Orpéa. Les résidents ne sont ici que pour alimenter la « pompe à fric » ; les salariés, jusqu’aux responsables des établissements, sont soumis à une pression permanente, véritable harcèlement, sans moyens d’action, tout étant verrouillé au sommet de la pyramide. On gratte le moindre centime, rationnant les couches et en baissant leur qualité jusqu’à les rendre inefficaces, on limite le personnel, on licencie à la moindre remarque sur les dysfonctionnements pourtant évidents, on use et abuse des postes de CDD, avec un sous-effectif quasi permanent dont bien sûr les résidents sont les premières victimes. On triche sur les dépenses financées par les organismes publics. Certains fournisseurs, imposés par la direction générale, sont complices du système : Hartmann (protections), Bastide (matériel médical), qui n’ont pas répondu aux demandes de l’auteur, comme les principaux dirigeants d'Orpéa. Un ancien responsable d’établissement déclare à l’auteur que le fondateur lui a défini sa mission comme étant du « parcage de vieux ».
La lecture de ce livre donne la nausée. Korian, deuxième groupe privé du secteur, est également cité. Un directeur régional déclarera : « Mais Orpéa, c’est mon modèle ! ». Est-il nécessaire d’en dire plus…
Le livre servira-t-il à faire enfin changer ces pratiques et rendre à nos parents dépendants la dignité qui leur est due ? Ou est-ce que ce sera comme on a toujours fait, des belles paroles, des promesses, bien vite oubliées. Mais si l’objectif unique d’Orpéa, au mépris de toute éthique, était de dorloter les actionnaires, la sanction est sévère, le titre ayant dévissé en Bourse. Et l’un de ses dirigeants vient de subir le sort qu’il faisait subir au personnel. Tout ce battage médiatique autour du livre n’aura peut-être pas été inutile.