Nous ne sommes pas des bonobos
de Alain Bentolila

critiqué par Colen8, le 31 janvier 2022
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Les bonobos ne sauront jamais lire
Le langage commence par désigner, nommer des choses et des personnes présentes. Il prend de la hauteur en généralisant vers l’abstraction, permet d’exprimer des pensées, de les partager avec d’autres. La tradition orale, premier véhicule de la transmission entre les générations a été suivie par des formes d’écriture et donc de lecture rendues plus concises grâce à l’alphabet. C’est ainsi que l’interrogation sur le monde a servi à faire grandir, en quelque sorte à élever l’esprit vers la connaissance d’une part, la spiritualité de l’autre.
En commençant à parler l’enfant devient le créateur de son langage. Accompagné au début par l’entourage familial, soutenu durant son parcours scolaire, avant même l’intégration des règles de la sémantique et de la grammaire il a un besoin impératif d’apprendre à lire dès l’âge de 6 ou 7 ans. Il lui faut surtout accumuler suffisamment de vocabulaire pour se sentir à l’aise afin d’exprimer des pensées comprises aussi des autres. L’intelligence linguistique résultant de ce long apprentissage lui donne de quoi nourrir son imaginaire à l’infini.
Par-delà un plaisir toujours renouvelé lire donne des clés pour déchiffrer l’histoire, comprendre le présent, anticiper l’avenir. L’impact positif de la lecture sur le développement cérébral et sur la plasticité du cerveau est visible à l’IRM fonctionnelle. A contrario l’illettrisme des jeunes découragés de la lecture papier les entraîne à la crédulité, aux slogans réducteurs des réseaux sociaux. C’est en exploitant cette fragilité que les concepteurs des plates-formes numériques entretiennent pour partie leur addiction aux écrans.